L’Histoire se répète mais avec des nuances

11 July, 2019 - 01:02

Les Mauritaniens viennent de voter. Ils ne savent pas pour qui, ni dans quelles perspectives. « Une alternance pacifique au pouvoir … d’un président élu à un autre élu », c’est ce qui a été commenté, conjugué, répété mais internet coupé pendant plusieurs jours, trois ou quatre jours(1), l’arrestation d’un journaliste(2), une ambiance telle qu’interviennent les O.N.G. nationales et internationales, en défense des droits de l’homme(3): tous les signes de l’anomalie demeurent, le régime des militaires mauritaniens perdure, sans joie populaire.

Pourquoi ?

La période fondatrice de la Mauritanie a connu plusieurs Constitutions et révisions. Toutes préparaient l’avenir : la loi métropolitaine(4) instituant un régime parlementaire autant que l’auto-gestion du Territoire encore colonial, puis un régime présidentiel et la constitutionnalisation d’un système inédit mais aujourd’hui perdu, la participation de tous au débat et à l’exercice du pouvoir grâce au parti unique de l’État. Un Etat serviteur et outil. Les multiples congrès nationaux depuis celui d’Aleg en Mai 1958 jusqu’aux décisifs séminaires régionaux en 1969 et 1970 l’ont attesté. Une seule réplique dans l’ère putschiste : les journées de concertations d’Octobre 2005, de la même veine fondatrice.

L’oeuvre constitutionnelle des militaires depuis la Constitution du 1991 a, au contraire, empêché l’avenir systématiquement. L’esprit-même de la dévolution du pouvoir l’a imposé. Le recel de la souveraineté populaire, énoncé dès leur premier coup d’État (5) justifie chaque prise ou reprise du pouvoir(6), quel que soit celui qui l’exerce, civil ou militaire, élu ou putschiste. L’interdiction de principe d’un parti dirigé par le chef de l’État s’expliquait par la totale mésestime des militaires(7) pour la pensée et la pratique du fondateur : le président Moktar Ould Daddah, de si sainte mémoire. La période fondatrice énonçait ce qu’était son régime politique si différent des démocraties dites occidentales et qui avaient été colonialistes : un seul parti mais ouvert à tous et dont l’organe dirigeant sans cesse s’élargissait aux nouvelles générations. Les régimes putschistes ont choisi les apparences pour couvrir leur réalité autoritaire et accaparante : un parti dominant, propre à l’homme fort du moment (8) et gagnant les élections comme systématiquement. L’État, outil d’un accaparement par très peu de richesses nationales dont une vraie gestion ferait de la Mauritanie un pays réellement émergent, et des Mauritaniens des Africains beaucoup moins pauvres que la plupart des pays environnants.

Pire qu’intentionnelle, elle a été du sans-gêne et l’aveu d’un scenario artificiel : contrairement à chacun de ses concurrents qui acceptèrent volontiers l’entretien proposé par R.F.I., le ministre de la Défense et ancien chef d’état-major national et ancien – aussi, sinon surtout – porteur de la valise aux euros en billets pour Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, l’été de 2008, désigna un porte-parole -Sidi Ould Domane- auquel tous les échappatoires ont été donc permis. Les Mauritaniens en bénéficient, paradoxalement, car c’est instructif 12.

 

Eviter la longévité

Deux révisions de la Constitution du 20 Juillet 1991 ont déterminé l’empêchement démocratique, confirmé par le scrutin du 22 Juin. D’abord, la limite d’âge (l’article 26 modifié par le referendum du 25 Juin 2006) qui vient d’éliminer « l’opposant historique » qu’est Ahmed Ould Daddah, autant son nom qu’une incomparable expérience de la finance, de la monnaie, de l’international, de la relation avec les partenaires décisifs, la France et l’Union européenne sans ambition stratégique (ce qui n’est plus le cas de la Chine populaire sous Xi Jinping).

Ensuite, l’interdiction d’un troisième mandat tendait à éviter la longévité qui fut celle du fondateur (mais Moktar Ould Daddah s’était auto-limité, décidé à ne pas se représenter en 1981 si, alors, la guerre du Sahara était terminée) et aussi celle d’un des putschistes de la première heure : le colonel Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya. Vingt-et-un ans et quelques mois pour le premier, vingt-et-un ans moins quelques mois pour le second. Alors que c’est la qualité d’exercice du pouvoir et non sa durée qui doivent faire juger de ce qui est apporté au pays. Le fondateur fut renversé quand il affirma aux civils autant qu’aux militaires, son refus absolu de la corruption, des enrichissements sans cause et l’affairisme – sa mise en garde reste, aujourd’hui, le programme d’un vrai redressement national(9): Moktar Ould Daddah finança par un prêt bancaire sa maison personnelle qu’il mettait d’ailleurs à la disposition des hôtes de l’Etat et il empruntait à l’un de ses collaborateurs de l’assistance technique française de quoi partir en vacances familiales. Les fortunes privées mauritaniennes se sont développées sous l’autorité des militaires, sans que leur premier président se soit – dit-on – enrichi pour son compte, mais leur second : Mohamed Ould Abdel Aziz (2008-2019) a au contraire édifié une fortune telle que les Etats-Unis ont mis ses avoirs personnels au moins sous examen et qu’il a dû aller à Koweit, sous prétexte de renégocier la dette mauritanienne envers ce puissant partenaire, revoir ses propres affaires et sécurités. Le président de la transition démocratique, le colonel Ely Ould Mohamed Vall (2005-2007), longtemps directeur de la Sûreté avait pu lui aussi s’enrichir, mais... gênant  pour le gagnant qu’a été Mohamed Ould Aziz comme l’avait été l’adjoint de celui-ci au BASEP, opportunément tué pendant la tentative de putsch des « cavaliers du changement » (Juin 2003)… , l’ancien chef du Conseil militaire pour la justice et la démocratie est mort dans des conditions tellement avantageuses pour le président désormais régnant.

Le scrutin du 22 Juin, et probablement tout le mandat d’El Gazouani le sera aussi, a été marqué depuis près de deux ans par la question du troisième mandat. L’impétrant l’a souvent soulevée (10) et l’a maintenant modifiée : se présenter à l’issue du mandat de son actuel successeur. Sans doute, selon la révision du 25 Juin 2006, un article 28 nouveau dispose que « Le Président de la République est rééligible une seule fois. » Or, précisément, en Juin 2024, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, ne sera plus président de la République, il sera seulement émérite, « ancien »… Le successeur a d’abord fait preuve d’habileté en donnant toutes les apparences d’une initiative personnelle à sa candidature que le président régnant a eu quelque mal à approuver, mais son auto-proclamation avant la clôture du scrutin (11) a été catastrophique et pour beaucoup dans les émeutes et les répliques du pouvoir en place qui l’a couvert.

Opposition bon enfant

Pourtant, l’opposition est bon enfant. Exactement comme en Juin-Juillet 2009, elle était persuadée d’un second tour(13), pour lequel l’unité serait automatique, sans qu’il y ait eu à discuter et rivaliser au préalable pendant des mois. Une candidature unique avait été discutée, le traditionnel boycott aussi. Les protestations et les accusations de fraude sont celles de toutes les élections depuis le retour de la Mauritanie à une vie constitutionnelle. Elles sont inopérantes, et la C.E.N.I. n’est même plus composée par consensus.

L’opposition est constructive. Dans ses formes précédentes, depuis Janvier 1992, elle lançait l’anathème contre l’élu. Elle est aujourd’hui plus précise et s’en prend au Conseil constitutionnel parce que celui-ci valide une C.E.N.I.  tolérant la fraude(14), mais pour l’Histoire et pour le pays, elle l’a été davantage en posant, à cinq et sans concertation, le diagnostic de la Mauritanie au bout de quarante ans d’autorité militaire.

Biram Dah Oud Abeid : «  mes priorités seront d’abord des assises nationales pour poser les fondements du règlement des grandes questions comme le génocide qui a endeuillé les Noirs de Mauritanie, mais aussi l’esclavage qui continue à broyer 20 % des populations mauritaniennes et de la communauté haratine. La deuxième priorité, c’est l’audit de l’État. Un État qui a été volé, pillé depuis plusieurs décennies et dont la gouvernance est une gouvernance qui a tendance à instituer le vol systématique, la corruption, le détournement de deniers publics et le bradage des richesses nationales. Il faut un remède de cheval, il faut prendre des mesures pour la moralisation de la gestion de l’État. Il faut prendre des mesures coercitives, de répression... Aziz a fait un pacte avec les idéologues du terrorisme à l’intérieur du pays. Ils ont terrorisé et ils continuent à terroriser les Mauritaniens. Ce sont maintenant les lois des terroristes qui sont appliquées dans notre Constitution contre la liberté de conscience, la liberté de parole, la liberté de culte. ---- Sidi Mohamed Ould Boubacar : « Nos jeunes, aujourd’hui, se sentent victimes d’une exclusion multiforme et notre jeunesse est confrontée à des difficultés qui conduisent au désespoir. Beaucoup trop de jeunes empruntent des chemins dangereux qui mènent à l’immigration, et qui peut-être, parfois, peuvent conduire à l’extrémisme violent. Donc tout cela est le produit d’une exclusion de la jeunesse des politiques publiques… créer un fonds de 6 milliards d’ouguiyas  par an, financé en partie grâce aux revenus des industries extractives pour soutenir l’entrepreneuriat des jeunes. Ce fonds permettra de fédérer les efforts du secteur privé et public, en faveur de l’appui des initiatives d’auto-emplois portées par des jeunes et de renforcer leur employabilité…. La sécurité dans notre région est une priorité. Nous pensons qu’il ne peut pas y avoir de solution strictement nationale pour lutter contre l’insécurité. Mais cela, également, nécessite le développement des capacités opérationnelles et de projection de notre armée dans le domaine aérien, dans la mission de surveillance et d’appui au sol. Je pense que des efforts doivent être faits dans ce domaine. » ---- Mohamed Lemine El-Mourteji El-Wavi est du même avis que l’ancien Premier ministre : l’éducation nationale. « L’urgence pour la Mauritanie, c’est un redressement pour notre système éducatif. C’est un système qui fonctionne mal, donc on doit faire une réforme en la matière de manière à renforcer l’unité nationale parce que notre système éducatif fonctionne mal. Nous avons des écoles pour des pauvres, d’autres pour les riches. L’école publique est destinée pour les pauvres seulement et pour une seule ethnie presque. Et ça, c’est un grand risque pour l’unité nationale elle-même… Il n’y a pas de risque pour le terrorisme. Il n’y a pas de risque à l’intérieur de la Mauritanie, il y a des risques qui viennent de l’extérieur.  » — Mohamed Ould Mouloud : «  veiller à la préservation de l’unité des composantes nationales, de notre peuple. C’est aussi de sauver l’État, de sauver le peuple qui vit dans des conditions extrêmement difficiles. Et donc de prendre des mesures d’urgence pour porter assistance à nos populations, notamment sur le plan alimentaire, en réduisant le prix des denrées de première nécessité, également en augmentant les salaires des fonctionnaires et des agents de l’État. Et c’est aussi de prendre des mesures pour véritablement donner confiance à notre jeunesse par un programme d’urgence pour réduire le chômage… Le développement de l’insécurité en Mauritanie a atteint des proportions absolument alarmantes. D’autre part évidemment, la dimension internationale par rapport au terrorisme, par rapport au jihadisme, etc. ça c’est une question qu’il faut revoir. L’approche actuellement qui est faite, l’approche sécuritaire, c’est une approche qui a échoué. Le phénomène ne fait que s’étendre. La seule façon d’y faire face, c’est d’abord de mobiliser nos peuples… nous avons une situation qui exige qu’il y ait un débat national, qu’il y ait une vie démocratique, qu’il y ait un dialogue social, de telle sorte que ces phénomènes soient compris par le large public. Mais il faut un espace démocratique, il faut une confiance dans le gouvernement en place, il faut que les acteurs politiques et sociaux soient impliqués. Et je crois que c’est ce qui manque dans cette chape de plomb que nous avons sur notre peuple qui est le régime militaro-affairiste. » ---- Kane Hamidou Baba : «  Pratiquement, 70 à 75% de la population est concentrée sur 5% du territoire national. Cela pose d’énormes problèmes en termes d’aménagement du territoire. Mais au-delà de cela, nous avons des questions liées à l’éducation, car l’éducation a été un échec lamentable… La sécurité commence d’abord par le retour des militaires dans leur caserne. La sécurité commence par la dépolitisation de l’armée. Elle commence sur le fait que l’armée ne soit pas non plus régionalisée ni tribalisée et que ce soit une armée nationale avant tout. Ensuite, il faut mettre l’armée dans de bonnes conditions. Il faut tenir compte du mérite au sein de l’armée. Maintenant, j’entends bien qu’il y a de nouvelles menaces, il faut que l’armée puisse faire face à ces nouvelles menaces. Mais une telle armée ne pourrait le faire qu’à partir du moment où elle se concentre à ses missions, à ses missions fondamentales de défense du territoire et de lutte justement contre le terrorisme. Et j’entends bien mettre l’armée dans de bonnes conditions pour qu’elle puisse exécuter ses missions. Jeunesse, armée, Etat, pauvreté. La comparaison avec les dires du représentant d’El Ghazouani est éloquente : ce ne sont que des pétitions de compétence.

 

Réécrire la Constitution

Au total, cependant, aucun diagnostic est posé sur le dysfonctionnement des institutions : la révision constitutionnelle du 20 Mars 2012 et les suppressions et  créations d’instances nationales et régionales par le referendum du 5 Août 2017 n’ont ni simplifié ni clarifié la vie politique, parce que l’esprit n’y est pas. La démocratie  ne peut se développer dans la vie politique quotidienne, nationale et locale tant que la dévolution du pouvoir sera réglée par les militaires, selon leur propre conception de la souveraineté nationale(15). Cette pétition doit être constitutionnellement condamnée. Une réécriture de la Constitution devrait spécifier l’inéligibilité de tout officier supérieur ou général dans un délai d’au moins cinq ans à compter de sa démission ou de sa mise à la retraite. La Commission électorale nationale indépendante devrait voir sa composition et le mode de celle-ci, inscrite – elle aussi – dans la Constitution. Il faut revenir sur les limites d’âges, très jeune ou très vieux, personne ne doit être empêché à ce titre et la Nation ne peut être privée d’évidentes valeurs : depuis vingt-cinq ans, l’honneur a été maintenu par ceux qu’on a écarté ou par ceux que la fraude continue d’éliminer. Enfin, l’enseignement civique et de l’histoire nationale contemporaine devrait analyser et condamner l’usurpation militaire : ce qui suppose des programmes et des manuels sérieux. En revanche, la sécurité du pays et sa participation à la sécurité de tout le Sahel impose que les forces armées soient honorées et gratifiées à ce titre. L’armée est une des élites de la Mauritanie, de même que le corps de ses oulémas, que celui de ses diplomates et hauts administrateurs, que la communauté innommée des lettrés musulmans et aussi de chacune des familles linguistiques du pays. La conscience mauritanienne doit se perpétrer dans la fierté des modes de vie et de dialogues ancestraux, mais aussi dans l’évidence d’un apport national à la culture universelle, celle du développement des esprits, des mentalités, de la démocratie. Le pays et chacune de ses générations en sont capables – je le sais pour avoir suivi la vie nationale mauritanienne depuis le printemps de 1965, soit l’an IV de l’Indépendance et de la Souveraineté internationale. La hiérarchie sociale doit faire partie de l’Etat de droit, les pratiques résiduelles de l’esclavage, la discrimination qui demeure au détriment des haratines seront bannies pas seulement par la loi – comme à des risques et périls avérés l’année suivante, l’a fait établir le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi – mais par la Constitution. De nombreux textes ont été pris au sein de l’Union africaine que la Mauritanie a ratifiés, leur codification et leur enseignement dès les cycles primaires autant que dans les examens d’entrée et de sortie à l’Ecole nationale d’administration. Le vainqueur de fait du scrutin du 22 Juin pourrait faire passer dans les textes et dans les  mœurs l’ensemble de ces remises en ordre et de ces réorientations nationales. Cela fait, acquis, désormais contrôlé, il anticiperait sa succession pour – lui-même – garantir qu’elle reviendra aux civils et que la République Islamique de Mauritanie ait toutes chances que s’invente, se pratique et dure enfin la démocratie pour laquelle elle est faite et à laquelle tous ses enfants de toutes mémoires, de toutes extractions aspirent. Alors et naturellement, les plaies qui demeurent depuis les « années de braise », depuis les drames du printemps de 1989, se cautériseront et l’esclavage disparaîtra.

Que les hommes relayent le souhait de Dieu et celui de l’Histoire, et d’abord le nouveau président de cette République aimée.

 Bertrand Fessard de Foucault

8 Juillet 2019

 

 

 

  1. - (Radio France Internationale  7 Juillet 2019)
  2. Ahmedou Wediaa  journaliste et chroniqueur politique de la chaîne de télévision privée El Mourabitoune et membre du parti islamiste Tawassoul : il a été arrêté mercredi 3 juillet par des éléments de la police de la sûreté d’État. Wediaa, qui est aussi vice-président de l’ONG SOS-esclaves, est privé de tout contact avec les siens y compris ses avocats qui ont dénoncé une arrestation arbitraire et exigé sa libération sans condition

 

(3)   - (360Afrique . 6 Juillet 2019) le Forum National des Organisations de Droits Humains (Fonadh), un collectif d’une vingtaine d’ONG, appelle les autorités mauritaniennes «à mettre fin aux arrestations arbitraires» notées depuis la fin de l’élection présidentielle du 22 juin 2019, dans une déclaration rendue publique vendredi 5 juillet. Ces arrestations ont eu pour théâtre à la fois "Nouakchott et les régions", signale le Fonadh. "Elles ont touché des militants de droits humains, des journalistes, des hommes politiques et des immigrés venus des pays de la sous-région, notamment le Sénégal, le Mali, la Côte d’Ivoire, la Gambie et la Guinée Conakry, tous arrêtés à leurs domiciles"

(4)   - la Loi-Cadre du 23 Juin 1956 et ses décrets d’application du 4 Avril 1957

 

(5)   - 10 Juillet 1978 : « les forces armées, dépositaires en dernier recours de la légitimité nationale, conscientes de leurs responsabilités ont pris le pouvoir, ou plutôt ont repris le pouvoir à ceux qui l’ont lâchement spolié pour sauver le pays et la nation de la ruine et du démembrement, pour sauvegarder l’unité nationale et défendre l’existence de l’Etat »

 

(6)   - Pas moins de sept « chartes constitutionnelles » ont affirmé que « conscientes de leurs responsabilités devant le peuple, les Forces armées ont pris le pouvoir, le 10 Juillet 1978, pour sauver le pays et la nation de la ruine et du démembrement, et pour sauvegarder l’unité nationale et l’existence de l’Etat » (20 Juillet 1978  modifiée le 19 Mars 1979 - 6 Avril 1979 - 4 Janvier 1980 - 12 Décembre 1980 - 25 Avril 1981 - 12 Décembre 1981 - 9 Février 1985 …). La charte du 6 Août 2005  a un préambule tout différent : « les Forces armées et de sécurité ont pris devant le Peuple mauritanien, le 3 Août 2005, l’engagement de créer les conditions favorables à un jeu démocratique ouvert et transparent et de mettre en place de véritables institutions démocratiques, à l’issue d’une période transitoire n’excédant pas deux (2) ans. » . Adoptée le 11 Août 2008, l’ « ordonnance constitutionnelle régissant les pouvoirs du Haut Conseil d’Etat » ne s’intitule plus charte : elle proclame que « Les forces armées et de sécurité, par l'intermédiaire du Haut Conseil d'Etat, ont mis fin au pouvoir du président de la République investi le 19 avril 2007, et ont décidé de prendre les dispositions qui s'imposent, en vue de garantir la continuité de l'Etat et de superviser, en concertation avec les institutions, les forces politiques et la société civile, la tenue d'élections présidentielles permettant de relancer le processus démocratique dans le pays et de le refonder sur des bases pérennes. Elles s'engagent devant le peuple mauritanien à organiser, dans une période qui sera la plus courte possible, des élections libres et transparentes qui permettront, pour l'avenir, un fonctionnement continu et harmonieux de l'ensemble des pouvoirs constitutionnels.».

 

(7)   - (entretien accordé par le chef de l’Etat mauritanien à François Soudan dans la nuit du 11 au 12 Juillet derniers à Nouakchott, publié dans Jeune Afrique . n° 2376 du 23 au 29 Juillet 2006) - le colonel Ely Ould Mohamed Vall, président du CM.J.D. amalgame la période fondatrice avec le « règne » de durée comparable de l’ancien officier d’ordonnance du président Moktar Ould Dadda : le colonel Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya – cet amalgame sera fait également au lendemain du putsch du 6août 2008

        1°   pas un leader politique dans ce pays, y compris dans l’ex-opposition, qui n’ait à aucun moment servi le système autocratique…2° … le système autocratique en vigueur depuis l’indépendance. 3°    le changement du 3 Août n’a pas mis fin à un régime en particulier, mais à tout un système de pouvoir vieux de quarante-cinq ans et usé jusqu’à la corde. 4°   pas d’enquêtes en cours ou en vue, donc sur l’origine de la fortune ou de la propriété de telle ou telle personnalité ? – Si nous mettions le doigt dans cet engrenage, il nous faudrait pousser nos investigations sur quatre décennies en arrière.

 

(8)   - le P.R.D.S.  et le colonel Maaoyia Ould Sid’Ahmed Taya – (Jeune Afrique  19 Novembre 1991) création du parti soutenant Ould Taya : Parti républicain démocratique et social , dirigé par l’ancien ministre Cheikh Sid’Ahmed Ould Baba présidant, avec le titre de « coordinateur » une commission de 16 membres – revendique 3 à 500.000 adhérents – « parti du pouvoir, des grosses fortunes, de l’administration mais aussi de la Mauritanie profonde, le PRDS rassemble une impressionnantes collection d’atouts. Il est le seul à disposer directement d’un journal Al Joumhouriya … » 

               l’U.P.R.  Union pour la République, fondée par Mohamed Ould Abdel Aziz en Avril 2009 dès qu’il a démissionné de l’armée pour se porter candidat à l’élection présidentielle. Le 2 Août suivant, il résigne l charge de secrétaire général de son parti puisqu’il vint d’être élu président de la République

 

(9)   - déclaration de Moktar Ould Daddah, publiée par CHAAB le jeudi 8 Juin 1978

            Dans la conjoncture que nous traversons, conjoncture caractérisée par le triple défi que nous connaissons, il nous revient parallèlement aux mesures de redressement économico-financières en cours, de nous pencher avec sérieux sur le problème de la moralité publique, ou mieux, sur la qualité des rapports entre le responsable à quelque niveau qu’il soit, et l’État. — L’Etat sera fort si ses lois sont respectées. Les agents de l’Etat sont censés les respecter les premiers et mieux que les autres. —  Or malgré mes directives maintes fois répétées verbalement ou par écrit, je constate qu’en dépit de la conjoncture les comportements de certains responsables, loin de s’améliorer, sont de plus en plus critiquables. — Les sanctions qui viennent d’être prises à l’encontre de certains responsables, répondent à deux objectifs : 1° Faire en sorte que les multiples sacrifices demandés à notre peuple soient équitablement partagés par tous. Ainsi la paix sociale fondée sur la justice sociale n’en sera que mieux assurée. 2° Conserver l’image de dignité et de sérieux que notre pays s’est acquise à l’extérieur. En effet, la grande crédibilité dont jouit notre pays ne peut être entâchée par des vices intolérables.

            La règlementation des rapports du citoyen et particulièrement de celui qui détient une parcelle de pouvoir, avec l’Etat, ne date pas, pour nous musulmans, d’aujourd’hui. En effet, le Coran a consacré de nombreux versets aux obligations fondamentales du citoyen vis-à-vis des institutions étatiques. – L’Etat mauritanien, fondé sur les principes de l’Islam, s’est donné une Constitution et des lois qui ne font que traduire fidèlement les principes moraux contenus dans notre religion.

            Face à ces objectifs, à la lumière de ces principes, que constatons-nous ? 1° que certains responsables confondent les biens de l’Etat c’est-à-dire les biens de la communauté, avec leurs biens propres. On peut à cet égard détourner les biens publics de plusieurs manières ; aussi bien en s’appropriant les deniers publics qu’en utilisant à des fins personnelles les biens de l’Etat. 2° que de nombreux responsables ne considèrent pas l’obligation de payer l’impôt comme une obligation fondamentale. C’est ainsi qu’il a été constaté que certains d’entre eux ont des arriérés impayés depuis 1974. 3° que plusieurs responsables qui, refusant de choisir entre le secteur public et le secteur privé, comme la loi les y oblige, acceptent les fonctions et les salaires de l’Etat tout en consacrant une partie de leur temps à la gestion de leurs propres affaires, notamment lorsqu’ils sont actionnaires de sociétés privées. 4° qu’enfin, il y a ceux qui malgré le sous-développement de notre peuple et la conjoncture difficile que nous traversons, n’hésitent pas, sans aucune pudeur, à s’enrichir en accumulant villas somptueuses et autres biens, qui ne correspondent nullement à leurs revenus de salariés de l’Etat

            Tels sont certains des comportement que je suis décidé à ne plus tolérer. Il y va, je le dis, de la justice à l’intérieur et de la crédibilité à l’extérieur. Désormais que l’on sache que les violations de nos textes, les spéculations et trafics de tous genres seront combattus et sanctionnés selon les textes en vigueur. Je ne ferai en cela qu’appliquer l’un des grands principes du 4ème congrès de notre Parti : la réhabilitation de la récompense et de la sanction, pilier fondamental de notre démocratie. Cela dit, deux remarques s’imposent : 1° Il y a de bons fonctionnaires et il y a même des hommes et des femmes admirables, souvent discrets qui, sans contrepartie autre que la satisfaction du devoir accompli, servent leur peuple, savent respecter les lois de l’Etat. Ceux-ci seront dorénavant mieux récompensés qu’auparavant tout comme les malhonnêtes seront punis plus souvent et plus sévèrement qu’auparavant. 2° Qu’on ne me dise pas :  « Seules des mesures économiques et financières permettront de relever les défis auxquels nous devons faire face », car je répondrai : «  Sans le redressement moral, que je viens d’esquisser, il ne peut y avoir de valable redressement économique et financier. »

            Le redressement est un tout. C’est tous ensemble, chacun à sa manière et à sa place que nous relèverons les défis qui sont autant d’épreuves dont nous devons sortir vainqueurs : le défi de la nature, le défi de la crise économique mondiale, le défi de l’agression algérienne, en bref le défi de notre existence dans l’indépendance, la justice, la dignité et la prospérité. Qu’Allah le Tout-Puissant guide nos pas dans cette voie.

 

(10)        - trois jours avant le scrutin, le président sortant affirme la constitutionnalité de sa candidature à l’issue du mandat de son successeur quel qu’il soit (RFI) – à la suite des élections partielles de Septembre 2018, remportées par l’U.P.R., Mohamed Ould Abdel Aziz avait déclaré : « Aucune disposition de la Constitution n'est figée (sur le mandat du président) et les articles qui "verrouillent" ce texte peuvent être enlevés, a-t-il déclaré à plusieurs à reprises au cours d'une conférence de presse, suite aux dernières élections, largement remportées par le parti au pouvoir.  . . . Sur cette question de troisième mandat devenue récurrente, car Je ne changerai pas la constitution, mais je ne laisserai pas le champ libre devant ceux qui ont toujours dilapidé les biens de mon pays", a-t-il souligné.

        "Si la majorité voudra apporter des changements à la constitution, cela va se faire par la voie du parlement, où elle dispose d'une majorité absolue", a-t-il conclu. (Quotidien du Peuple . Chine . 22 Septembre 2018)

 

(11)        - Le candidat du pouvoir à l'élection présidentielle en Mauritanie, Mohamed Cheikh El-Ghazouani, s'est proclamé vainqueur au premier tour, dans une déclaration dimanche en présence du président sortant Mohamed Ould Abdel Aziz, selon des journalistes présents. M. Ghazouani a fait cette déclaration avant l'aube devant une foule de ses partisans au terme d'une veillée électorale dans la nuit de samedi à dimanche, sur la base de 80 % des bulletins dépouillés, a-t-il indiqué. "Il ne reste plus que 20 % mais cela ne changera pas le résultat final", a-t-il affirmé, selon les mêmes sources. M. Ghazouani recueillait 50,56 % des suffrages sur 80 % des bulletins dépouillés.

                (La Croix citant l’A.F.P. le 23/06/2019 à 07:54)

 

(12)        - (Radio France International . 19 Juin 2019) - « Ce n’est pas un dauphin, il n’est pas officiellement désigné. Ghazouani est un Mauritanien qui jouit de ses droits civiques et qui s’est présenté avec un projet précis, ambitieux et réaliste…. Il part d’un constat très important. D’abord une très bonne connaissance de la réalité du pays, une très bonne connaissance des capacités et des ressources du pays, avec un projet qui vise le bonheur des citoyens. En fait, il veut offrir une vie décente à tous les citoyens mauritaniens….Pour lui, la diversité culturelle et ethnique est plutôt une source de richesse, alors il veut créer un État de droit, un État de citoyenneté, un État fort de sa diversité, un État riche de sa diversité au fort de son unité, un État de droit où tout le monde trouve son compte conformément au droit…. Mohamed ould Abdel Aziz est un président mauritanien d’abord qui, pour nous, à la majorité, a réalisé beaucoup de choses. Ceci dit, il se retrouve citoyen mauritanien, ancien président et il a le droit de faire tout ce qu’il veut. Il peut faire de la politique. Certainement, il continuera toujours à s’intéresser aux problèmes de la nation… Tout ce que je peux assurer, c’est qu’Aziz ne peut pas revenir parce que la Constitution est très claire. Elle ne dit pas deux mandats successifs, mais elle dit deux mandats, point à la ligne. Deuxième précision : il n’est l’ombre de personne. C’est vrai qu’il appartient à la majorité qui gouverne. Le président gouverne encore. Il a respecté la Constitution et il va surveiller, superviser une transition, une alternance pacifique au pouvoir. »

 

(13)        - (Radio France International) tandis que le porte-parole d’El Ghazouani affirme : « De notre point de vue, et cela n’engage que nous, il n’y aura pas de second tour. D’abord, notre candidat a commencé sa campagne avec la  majorité qui gouverne et avec plusieurs partis de l’opposition, même l’opposition radicale. Tous les meetings que le candidat a tenus dans les capitales régionales étaient une espèce de référendum. L’affluence populaire était tout simplement imposante, inédite. Alors ça nous rassure aussi dans notre analyse. » --- Sidi Mohamed Ould Boubacar assure : « Je me suis rendu compte de façon concrète que des milliers de Mauritaniens que j’ai rencontrés aspirent au changement et l’ont dit clairement. Donc, je pense que les résultats de ces élections vont être une surprise. Je pense que les Mauritaniens vont exprimer leur désapprobation de la manière dont la politique en Mauritanie est conduite et dont le pays est conduit jusqu’à présent…. Je pense que le camp de l’opposition est aujourd’hui plus fort que jamais. En l’absence de fraude, avec les représentations de tous les candidats, partout, dans tous les bureaux de vote et en ratissant large, les candidats de l’opposition viendront à bout du candidat du régime. Je pense qu’il n’est pas exclu qu’un candidat de l’opposition passe au premier tour. Si un candidat de l’opposition ne passe pas au premier tour, il est bien évident qu’un deuxième tour est absolument inévitable. » —  Biram Dah Ould Abeid : «  Je ne dis pas que les jeux sont déjà faits parce que le peuple n’a pas encore dit son mot. Ghazouani et Aziz ont pris tous les dispositifs avec la Céni, avec l’Intérieur, avec les services informatiques pour faire ce coup d’État électoral, mais je dis que le peuple n’a pas dit son mot parce que le peuple mauritanien est très mobilisé. S’ils volent les élections, ils ne pourront pas gouverner sereinement si je ne suis pas mort ou en prison » ----  Mohamed Lemine El-Mourteji El-Wavi, sans passé politique mais se disant à un point de départ et en train e fonder un parti Notre choix: «  Oui, je crois que le second tour, c’est probable. C’est fort probable » — Mohamed Ould Mouloud : « L’élection n’est pas jouée. Moi, je viens de finir une longue tournée dans toutes les provinces de Mauritanie, j’ai observé un sentiment général de ceux qui ne veulent plus de ce pouvoir-là… le pouvoir fait semblant de gouverner le pays pour le peuple mauritanien, et les élites sur lesquelles il s’appuie font semblant aussi de le soutenir. Mais en réalité, personne ne soutient ce régime. Il est bien possible, si l’élection se passe normalement, qu’il y ait un deuxième tour entre les trois autres principaux compétiteurs, sans Ghazouani ». ---- .Kane Hamidou Baba : « les Mauritaniens, toutes composantes confondues, aspirent à un changement profond dans ce pays. Par conséquent, malgré les manipulations qui peuvent se passer, ce qui me paraît aujourd’hui impossible c’est de faire passer le candidat du pouvoir. Je doute même qu’il puisse être présent au deuxième tour. En tout cas, si les élections sont transparentes. »

 

(14)        - AJD/MR, AL Moustaqbel, FPC, MPR, RFD, FRUD, Ar-en-ciel, PCM, PLEJ, Tawassoul, UFP, UNAD, UNDD, DECALEM et SAWAB :  « cette décision étouffe l’espoir des mauritaniens de corriger les graves fautes commises par la CENI et rejettent les élections frauduleuses et contraires à la volonté de l’électeur mauritanien tel qu’exprimée clairement par son engouement lors de la campagne électorale » (Le Calame, 5 Juillet 2019)

 

(15)        -  (Sahara Medias . 5 Juillet 2019, repris par Cridem) « porte-parole du gouvernement, Seyidna Ali O. Mohamed Khouna a déclaré jeudi que tous les mauritaniens sont unanimement satisfaits de l’interruption de l’internet après les violences qui ont suivi les élections présidentielles et se sont rendus compte de la pertinence de la sagesse.  porte-parole du gouvernement, Seyidna Ali O. Mohamed Khouna a déclaré jeudi que tous les mauritaniens sont unanimement satisfaits de l’interruption de l’internet après les violences qui ont suivi les élections présidentielles et se sont rendus compte de la pertinence de la sagesse.