Faits divers… Faits divers… Faits divers…

2 May, 2019 - 00:13

Un grand récidiviste coffré 

Au lever du jour, les vendeurs de cartes de recharge convergent de tous les coins de Nouakchott vers le cœur du quartier Capitale. Ils s’installent, très tôt le matin, aux pourtours du marché GSM : « Nokta sakhina ». Certains passent la journée à l’ombre de la BMCI ou « Afarco ». D’autres prennent d’assaut les immeubles avoisinants, pour profiter également de leur ombre et passer ainsi le maximum de transactions. Souvent vêtus de haillons, on peut les prendre, a priori, pour des mendiants. Une impression aussitôt effacée quand un de ses pauvres d’apparence ouvre sa valise sous vos yeux. Elle contient fréquemment beaucoup de lots de cartes dont la valeur dépasse parfois les dix millions d’UM.

Ces vendeurs passent donc de longues heures dans la rue, avec de véritables fortunes entre leurs mains. Ils ne se soucient point du risque encouru. On les voit souvent somnolant, à côté de la valise au trésor, quand elle ne leur sert pas de coussin, alors que des dizaines de malfaiteurs passent et repassent, toujours aux aguets dans cette zone.

 

Une grosse somme disparaît

La semaine passée, Abdallahi, vendeur en gros de telles cartes, sis en la véranda de l’immeuble en face de la vieille station Star, part prier Dhor, l’office de la mi-journée, à la mosquée saoudienne. Il a laissé, à son partenaire, le soin de veiller sur sa valise forte de quelque dix-neuf millions d’anciennes ouguiyas en cartes. Et ledit gardien, extenué de fatigue, de piquer un petit roupillon, valise entre les bras…

Abdallahi revient bientôt de la mosquée et s’inquiète de voir son coéquipier endormi… sans plus de valise. Il le réveille de façon pas vraiment douce. « Hé ! Où est mon bien ? –  Ben, je l’avais dans mes bras et, là, elle n’y est plus… – Tu vas me remettre mes cartes de gré ou de force ! », hurle Abdallahi, fou de colère. Une foule se forme autour d’eux. Abdallahi s’enrage, accusant son ami de vol et le voilà sur le point d’entamer bagarre. Des personnes de bonne volonté s’interposent heureusement pour les ramener à la raison. Des témoins affirment avoir vu des « Mellaha » (voyous) tourner autour de l’homme endormi.

Le vendeur qui n’en revient pas d’avoir perdu une si importante somme décide enfin d’aller déclarer la perte au commissariat de police Tevragh Zeïna 1. Des agents de la PJ viennent dresser constat puis le vendeur et son partenaire sont longuement interrogés. On arrête, le lendemain, quelques suspects, sans grand résultat, au grand dam de la victime qui ne cesse de se mordre les doigts de regrets et de fureur.

L’enquête menée par le commissariat Tevragh Zeïna 1 piétine. Les suspects ont été relâchés sans qu’aucun indice susceptible d’ouvrir une piste ne soit trouvé. Le pauvre vendeur n’a plus qu’à chercher le concours d’enquêteurs plus rôdés. Aussi s’adresse-t-il au commissariat spécial de la police judiciaire, le fameux CSPJ.

 

La BRB en action

Celui-ci charge aussitôt des agents de sa section d’élite, la célèbre Brigade des Recherches du Banditisme – BRB – de voir clair en ce difficile dossier. Nouveaux constat et interrogatoires du vendeur et de son ami, quête élargie de renseignements, notamment auprès des pompistes de la station star et d’autres vendeurs ambulants qui vaquaient, le jour J, aux alentours du lieu où la valise avait disparu. Ils dressent une liste de potentiels suspects à questionner au plus tôt.

Et les voilà à demander, au propriétaire de l’immeuble impliqué, l’autorisation d’examiner les images des caméras de surveillance. Remontant leur enregistrement jusqu’à l’instant t du vol, 14 h 25, les enquêteurs y découvrent un colosse de teint foncé en train de s’emparer de la valise. Son visage, couvert de cicatrices, est clairement visible. La solide piste demande tout simplement d’identifier l’homme filmé la main dans le sac. Moins d’une heure plus tard, les fichiers photos de la BRB rendent leur verdict. Le voleur s’appelle Mohamed Ali, un grand récidiviste fraîchement relâché de la prison de Dar Naïm.

Sa traque commence aussitôt e til est arrêté, deux jours plus tard, dans une maison de Dar El Beïdha dont il est issu. Après quelques jours en garde à vue au CSPJ, Mohamed Ali  reconnaît son forfait. La fouille de son repaire permet aux policiers de retrouver, intact, le sac volé. Le larron attendait la semaine prochaine, a-t-il dit, pour écouler son butin. Déféré sans attendre, le voilà de retour en prison.

Mosy