Tournée de précampagne : Biram fait un tabac

25 April, 2019 - 02:34

C’est à partir de Tiguent, au Trarza  et par voie terrestre, que le candidat indépendant Biram Dah Abeïd a lancé, mercredi dernier (17 avril), sa précampagne. Au pas de course, le leader abolitionniste a sillonné plusieurs localités, tenu des rassemblements, s’est entretenu avec plusieurs personnalités. Occasion, bien évidemment, de détailler son programme politique axé sur un seul concept : la restauration. Du droit, de l’équité, de l’égalité des chances, de la justice sociale…  En en déclinant les grandes lignes, le député candidat a délivré, à ses sympathisants, un message  d’espoir. Il s’est particulièrement adressé à la jeunesse, en l’invitant à se déclarer porteuse de changements. Et d’exhorter tous les électeurs et électrices à s’inscrire massivement sur les listes,  et à se dresser contre la fraude, afin d’impulser un mouvement décisif.

L’enthousiasme des populations est étonnant, « sans précédent », notent plusieurs observateurs : présence massive, adhésion à la personne du candidat, à son passé militant et à l’espoir qu’il suscite.

Les yeux brillent. Les vivats éclatent, lorsque Biram évoque l’injustice sociale, la discrimination raciale, la discrimination à la naissance et l’esclavage, notamment des Harratines ; plus généralement, le racisme, l’oppression des personnes d’ascendance noire africaine, notamment d’ethnies peul et wolof qui souffrent en beaucoup de zones  qu’il a parcourues, de Ndiago à Jidr El Mohguen. « Les problèmes sont multiformes », tonne le candidat, « et l’Etat a adopté une position raciste ». Et de déplorer le sort des «  populations expropriés de leurs terres, dépouillées de leur nationalité », et des autres rapatriés, du Sénégal et du Mali, qui n’ont pas encore pu recouvrer leurs droits,  papiers, biens et, surtout, citoyenneté, depuis leur retour au pays.

Les problèmes éducatifs et sanitaires, le chômage, l’accès à l’eau potable, le réseau routier, l’enclavement, autant de thèmes récurrents, dans cette précampagne de Tiguent à R’kiz, en passant par Rosso, Médina Salam, Fass, Mbarwadji2, Tékane, Legatt  et Dar el Barka. Chaque localité a égrené son chapelet de doléances : problème d’ambulance, eau et électricité rationnées à Ndiago ; Toungène n’a toujours  ni poste de santé, ni ambulance ; à Guidakhar, l’enseignant M’baye Niang est contraint de dispenser, seul, les cours des quatre classes de l’école primaire. Le cursus des jeunes écoliers s’arrête au CM2, faute de papiers d’état-civil. Leurs parents sont dépossédés de leurs terres. Ce sont ces manques restés sans solutions qui exaspèrent les populations et les poussent à fonder tous leurs espoirs sur le programme présidentiel de Biram Dah Abeid.

Ils l’ont exprimé partout, à maintes reprises, réitérant leur engagement constant au service des droits de l’homme et celui, plus récent, au projet présidentiel de Biram, jusqu’à son complet aboutissement. « C’est maintenant ou jamais ! » a lâché une sympathisante à Tounguène, toute tendue vers la victoire de son candidat au scrutin du 22 Juin prochain. « Je vous rendrai vos terres », a promis Biram, « et ferai, de vous, des citoyens à part entière de notre cher pays ». Et de souligner l’importance de chaque bulletin de vote : « Ne cédez pas à la tentation de vendre votre conscience. Le peu que vous gagneriez est une misère, comparée à ce que vous perdriez. […] Faites le bon choix, le 22 Juin prochain, pour vous garantir, à vous-mêmes et à vos enfants, un meilleur avenir, dans tous les domaines, surtout l’éducation et la santé […] ». Puis il s’élève contre la dilapidation et la mauvaise gestion des ressources, le trafic de faux médicaments, l’absence de toute possibilité de carrière dans l’administration, en raison des discriminations ethniques et, plus encore, statutaires, la gestion gabegique du pays, la détérioration des conditions de vie  jusqu’à « la plus extrême paupérisation », souligne-t-il.

 

Le Fouta enthousiaste

C’est à Legatt que Biram a achevé, samedi soir, son périple au Trarza, avant d’entamer son parcours au Fouta.  A Bawde, Dar El Barka, Mfeitah El Kheir, Sarandogou et Boghé, Biram a de nouveau décliné les grandes lignes de son pacte de renaissance de la Mauritanie, débarrassée du racisme, de l’esclavage et des injustices sociales. Bâtir un Etat de droit, sur la liberté de la jeunesse, la modernité, l’enseignement et la valorisation des langues nationales, au même titre que la langue arabe. « Quand j’accéderai au pouvoir, il n’y aura plus une communauté sur une autre », s’est-il engagé, « je mène  bataille contre le racisme et l’esclavage ; j’ai sacrifié ma vie et ma liberté pour la vôtre. Maintenant, je vous donne rendez-vous au 22 Juin prochain. Oui, nous allons battre, tous ensemble, le gouvernement du mensonge, du vol et de l’esclavage ! ».

A l’instar de Boghé, M’Bagne, Niabina, Bagodine, Bababé et Kaédi  se sont donnés un même mot d’ordre général : « Haayo (bienvenue) Biram » ; lui réservant, dimanche 22 Avril, un accueil exceptionnel. Partout, une véritable démonstration de force, défilés monstres de foules en liesse, scandant le nom du candidat et manifestant, haut et fort, leur profond désir de changement. Biram et ses sympathisants ont su étaler, en ces grandes villes du Fouta réputées acquises au pouvoir, une considérable force de frappe, à travers de gigantesques rassemblements. C’est donc le peuple du Fouta qui a exprimé son ras-le-bol, assénant, d’un seul bloc, un cinglant carton rouge à ses cadres impuissants et arrogants, présentement en quête de leur (dernier) souffle. Incapables de convaincre les gens à boycotter l’accueil de Biram, certains ont même déserté, ce weekend, ce qu’ils appellent encore « leur bastion ». L’évident succès du leader abolitionniste va bouleverser bien de  calculs politiciens et mesquins. Est-ce la fin d’un long règne de suivisme improductif et méprisant ?

Séduit par la forte affluence venue à sa rencontre au Fouta, Biram  n’a pas manqué d’exprimer sa satisfaction. « Votre mobilisation », s’est-il ému, « est l’assurance de notre victoire ». Mesurant l’ampleur de l’adhésion populaire, le candidat député s’est, une nouvelle fois, attaché à exhorter ses sympathisants à s’inscrire massivement sur les listes électorales. Et de décocher flèche sur flèche empoisonnée à l’égard du « pouvoir oppresseur » qui a paupérisé les masses et réduit au chômage des franges importantes de la population, notamment la jeunesse qu’il a particulièrement conviée à garder toujours confiance en l’avenir. Reconnaissante envers l’exemple du leader qui n’a, lui, jamais baissé les bras, la jeunesse a tenu à lui rendre l’ascenseur, en lui faisant cortège, de Rindiaw à Kebbe, qui à pied, qui à moto.

Toujours au pas de course, Biram s’est rendu, le dimanche 21 Avril, à Aéré M’Bare, Gourel Thioga, Ndiawaldi Mango, Ndiawaldi Mouly, Debbay Hijjaj, Taapi Daaro, Mbeydiya et Mbahé. Il y a, partout dans la même ambiance de ferveur populaire, à nouveau promis de revaloriser les langues nationales, à travers leur enseignement, et de régler les dossiers épineux, comme le passif humanitaire, le foncier ou la construction de nouvelles routes. Avec, au final de cette étonnante virée, un constat incontestable : la démonstration de force est totalement réussie.

THIAM Mamadou

Envoyé spécial