Commémoration de la journée de réconciliation nationale du 25 mars : «Pas de réconciliation nationale, sans devoir de vérité et de justice», disent les veuves et orphelins

28 March, 2019 - 11:17

Comme chaque année, les veuves et orphelins des exécutions extra-judicaires  dans les casernes, au cours des années  89/90 ont célébré, le 25 mars,  journée nationale de réconciliation, décretée par le gouvernement d’Ould Abdel Aziz,  après la prière aux morts  de Kaédi. Et comme chaque année, les veuves et leurs orphelins  ont  arboré des foulards rouges et  tenu  un sit-in devant la présidence de la République, avec leurs  banderoles,  pour crier leur colère  face à l’entêtement du pouvoir à refuser de faire la lumière, sur ce qui s’est réellement  passé,  entre 1990 et 91, dans  les casernes militaires, c'est-à-dire les exécutions sommaires  et  autres  exactions  perpétrées sur les soldats, sous-officiers et  officiers négro-africains des différents corps de l’armées et de la sécurité.  ‘’Depuis des décennies, nous réclamons la vérité sur le sort réservé à nos époux, pères, frères  et cousins, afin de pouvoir faire notre deuil, en vain’’, tonne une  veuve qui brandissait  une  petite  banderole. Les manifestants ont  tenu à réitérer  que «sans devoir de vérité et de justice », ils n’y aura  ni  pardon, ni réconciliation nationale. « Nous ne pouvons  pas  nous  reconnaître dans  cette  réconciliation décidée entre quatre murs et sans notre consentement’’, renchérit une  autre  veuve, un foulard  rouge vicié sur la tête.

Les veuves ont également  profité de cette journée pour  exiger l’abrogation de la loi d’amnistie votée  par le parlement en 1993, sous le régime d’Ould Taya au cours duquel les exactions ont été perpétrées.

Signalons que cette journée de réconciliation nationale est toujours célébrée par les veuves, orphelins et  autres ayants droit dans la division. Le collectif des victimes de la répression  des victimes  militaires (COVIRE) a enregistré sa scission après justement la prière de Kaédi  et la répartition des  aides octroyées par le président Mohamed Ould Abdel Aziz  à qui la présidente du collectif des veuves Mme Houleye Sall  a exprimé, le désarroi des veuves, orphelins   et ayants  droit. Selon la maman du lieutenant Sall Abdoulaye, exécuté dans le mouroir d’Inal, depuis 1990-91, les veuves, orphelins et ayants droit  des victimes  couraient derrière le dossier sans  rencontrer le moindre interlocuteur, les portes leur étant fermées. La gestion contestée  de cette aide du président  a divisé  le collectif  entre ceux qui  acceptent  le pardon demandé à Kaédi  par le président Aziz  et ceux qui exigent : devoir de vérité, devoir  de mémoire,  devoir de justice et de réparation. En réponse, Mohamed Ould Abdel Aziz  reconnut, le 25 mars 2009, au nom de l’Etat, les exactions commises  et demanda pardon toujours au nom de l’Etat avant  d’octroyer  aux intéressés  des  aides  devenues sources de division du COVIRE qui peine à régler les nombreux problèmes de ses adhérents. Une division entretenue par le gouvernement qui envoie une petite délégation de bas niveau avec une petite enveloppe, à l’une des parties, lors de la commémoration de cette « journée nationale » qui, hélas, ne concerne que les veuves, orphelins et rescapés. Très peu de mauritaniens connaissent cette journée de réconciliation. Une réconciliation entre qui et qui ? Pour les veuves et orphelins, rescapés et ayants droit, personne ne peut pardonner  à leur place ; mieux, ils exigent  que le pouvoir situe les responsabilités  et  fasse  traduire les  bourreaux et leurs  commanditaires  devant les tribunaux. Pour cela, il faut abroger la loi d’amnistie les protégeant de puis 1993.

Dans la déclaration que les manifestants ont publiée à cette occasion, les veuves, orphelins et  ayants droit réitèrent les doléances  qu’elles ont  voulu, en vain,  remettre, il y a quelques  jours  au général Ghazwani, alors ministre de la défense  et candidat  à la prochaine présidentielle, lequel  candidat  a reconnu, lors de sa déclaration de candidature,  les injustices contre certaines composantes du pays et a promis de les corriger. Wait and see !