6ème Forum international Afrique Développement : « L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique »

21 March, 2019 - 02:07

« L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique », a déclaré le président-directeur général d’Al Mada, le fonds d’investissement panafricain, actionnaire de référence du groupe Attijari WafaBank, Hassan Ouriagli, vendredi 15 Mars, lors de la cérémonie de clôture de la 6èmeédition du Forum international Afrique Développement (FIAD 2019) présidée, à Casablanca, par le président de la République de Sierra Leone, Julius Maada Bio.

Placée sous le haut patronage de sa majesté le roi Mohammed VI, la 6èmeédition du FIAD a enregistré la participation de près de deux mille opérateurs économiques, provenant de trente-quatre pays, pour saisir les opportunités d’affaires dans de nouveaux marchés à explorer. Selon Mohamed El-Kettani, président directeur général du Groupe Attijari WafaBank, près de cinq mille rencontres B to B y ont été tenues, s’ajoutant aux nombreuses rencontres informelles en marge du Forum. Les principaux secteurs concernés sont l’agroalimentaire (42%), les BTP (26%), le négoce et la distribution (18%), l’énergie (8%) et le secteur des transports et logistique (5%).

Au cours de la cérémonie de clôture, les « Trophées de la Coopération Sud-Sud », récompensant les entreprises les plus méritantes en Afrique, ont été décernés : premier prix « Platinum » à Elsewedy Electric, groupe égyptien spécialisé dans l’industrie électrique et le développement des énergies renouvelables ; deuxième et troisième prix, « Gold » et « Silver », respectivement à EBOMAF, société burkinabé de Bâtiment & Travaux publics (BTP), opérant en plusieurs pays de la sous-région ouest-africaine, et à INFOLOG (voir encadré), société mauritanienne spécialisée en informatique et également présente en plusieurs pays africains.

En ce qui concerne les jeunes entrepreneurs, le premier prix a été octroyé au franco-marocain Oussama Abbou, co-fondateur et directeur de Smart-Perspective. Le deuxième prix est revenu à Yassine es-Said (Maroc), fondateur et directeur de Smart-On. Et le 3ème à Gaël Egbidi (Maroc-Togo), co-fondatrice et directrice d’exploitation de Bassit IT.

 

Faire confiance en l’Afrique et en sa jeunesse

Le président-directeur général d'Al Mada a félicité les jeunes primés, soulignant que la Fondation Al Mada attache une très grande importance à l’esprit d’entreprendre. Et de rappeler, à ce titre, la fondation, dès 2007, de l’association Injaz Al Maghrib qui a, depuis, sensibilisé plus de cent mille jeunes marocains à un tel esprit, avant d’afficher son ambition de multiplier par deux et demi ce chiffre, dans les deux années à venir.

« Pour la fondation Al Mada », poursuivait monsieur Ouriagli, « la sensibilisation et l’initiation des jeunes à l’esprit d’entreprendre s’inscrit dans sa vision d’une responsabilité sociale et environnementale durable », relevant que « les entrepreneurs sont des femmes et hommes de terrain connectés à leur territoire », qui en identifient les attentes, apportent des solutions et répondent aux besoins. « L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique et ces trophées récompensant les projets nés en Afrique et portés par des jeunes africains en sont le témoignage. Nous pouvons faire confiance en l’Afrique et en sa jeunesse pour répondre aux enjeux contemporains », concluait-il.

Le marché de l’Investissement, où huit pays sont venus exposer leurs plans nationaux de développement et projets d’investissement-phares, a été fortement sollicité, ouvrant de nouvelles perspectives. Les principales thématiques abordées par le Forum, à savoir « Intégration africaine Est-Ouest », «Entrepreneuriat digital & jeunesse », « Entreprenariat féminin » ont été illustrées par des success story exemplaires qui montrent le chemin, démontrant les capacités d’innovation, de combativité et de résilience que recèle le continent africain. Un panel sur l’accélération de l’intégration régionale a mis en évidence les besoins de développer davantage les infrastructures sur le continent africain, notamment les infrastructures de connectivité, levier essentiel de l’intégration, mais aussi, les « soft infrastructures » digitales qui peuvent également contribuer efficacement à l’accélération de l’intégration en faveur des PME.

 

Mécanismes innovants de financement

Un autre panel – « Stand up for African Women Entrepreneurs » – a, quant à lui, mis en évidence les initiatives et mécanismes de financement innovants en cours, pour soutenir les femmes entrepreneurs, ainsi que la nécessité d’accélérer le déploiement et la communication autour de ces leviers en faveur de l’entrepreneuriat féminin. Le panel sur le digital, en tant que levier de croissance en Afrique, et la contribution des jeunes startuppers africains a également produit un riche faisceau de recommandations, en deux directions : soutien accru des pouvoirs publics, pour produire des champions régionaux, à travers la mise en place d’une réglementation souple et évolutive, l’assouplissement des conditions de fondation des entreprises, en abaissant le seuil minimum du capital de départ, ou, encore, la facilitation de la mobilité des personnes. La seconde direction met en avant une meilleure synergie avec le secteur privé, dans une démarche inclusive. Il a ainsi été notamment souligné qu’une startup a besoin, non pas de financements mais d’un carnet de commandes bien garni et de la confiance d’une grande entreprise, afin de lui commander sa solution et la déployer. « La richesse de toutes ces recommandations démontre, incontestablement, nos capacités collectives de prendre en main nos destinées africaines, et d’être, ensemble, de véritables acteurs du changement », soulignait le président directeur général du Groupe Attijari Wafabank, monsieur Mohamed El-Kettani.

Rappelons que les travaux de la 6èmeédition du FIAD s’étaient ouverts jeudi, sous le thème « Quand l’Est rencontre l’Ouest », à l’initiative d’Al Mada. Le FIAD 2019 mettait à l’honneur le Sierra Leone, et promoteur des investissements et du commerce intra-africains, prévoyait de réunir et mettre en relation plus de mille cinq cents opérateurs économiques de différents pays africains, notamment le Cameroun, la Côte d’Ivoire, l’Égypte, l’Éthiopie, le Kenya, le Mali, le Maroc, la Mauritanie et le Rwanda. Un pari largement tenu, comme on l’a dit tantôt. Reflétant l’engagement de la communauté économique et politique dans la dynamique intracontinentale, cette manifestation, née en 2010, aura donc rassemblé, depuis sa fondation, plus de sept mille cinq cents opérateurs de trente-six pays, générant plus de dix-sept mille réunions  B to B.

Thiam Mamadou

 

 

Encadré : l'entreprise mauritanienne INFOLOG remporte un prix

L’entreprise mauritanienne INFOLOG, spécialisée dans le domaine de l’informatique, a remporté, lors de la cérémonie de clôture de la 6èmeédition du FIAD, le troisième Prix des Trophées de la Coopération Sud-Sud attribués aux entreprises les plus méritantes dans le domaine de l’intégration économique du Continent.

Un trophée que Sidi Mohamed Ichidou, PDG d’INFOLOG, a dédié à ses collaborateurs qui l’ont « soutenu pour développer l’entreprise et en faire le groupe qu’elle est devenue aujourd’hui ». Dans un entretien accordé au Calame, il revient sur le parcours de l’entreprise fondée en Mauritanie et qui est, désormais, présente en quatre autres pays ouest-africains: Côte d’Ivoire, Guinée, Mali et Sénégal.

L’entreprise, spécialisée, au départ, en informatique, s’est tout d’abord consolidée en ce domaine, avant de se diversifier pour devenir un groupe multi-métiers: informatique, centres d’appels, microfinances, etc. qui emploie, aujourd’hui, cinq cents personnes.

Concernant l’avenir d’INFOLOG, son PDG souligne que l’heure est à la consolidation des acquis. Le groupe souhaite renforcer sa présence, aussi bien en Mauritanie que dans les pays où elle s’est implantée, y gagner davantage de parts de marché et y grandir encore plus. Le groupe se donne cinq ans pour réussir ce challenge, avant de saisir de nouvelles opportunités d’élargir son développement en d’autres pays du Continent.