Dissolution de 76 partis : Un arrêté taillé sur mesure

21 March, 2019 - 02:00

Le ministère de l’intérieur et de la Décentralisation a rendu une décision, le 5 mars dernier, portant sur la dissolution de 76 partis politiques, dont le MPR (Mouvement Pour la Refondation). Les motifs invoqués pour exclure notre formation du jeu politique sont dénués de tout fondement.

La loi portant sur la dissolution des partis est on ne peut plus claire et ne souffre d’aucune ambiguïté. Elle dit clairement et simplement que « Tout parti politique qui présente des candidats à deux élections municipales et qui obtient moins de 1%  des suffrages exprimés à chacune de ces consultations ou qui s’abstient de participer à deux élections municipales consécutives sera dissous de plein droit ».

 

Dans notre cas de figure, le MPR a participé, pour la première fois, depuis  sa création, aux élections municipales et législatives, notamment celles de 2018. Et donc, la mesure concernant la non participation  aux joutes électorales ne s’applique pas à notre formation dans la mesure où il faudrait que cette abstention couvre deux consultations successives pour que la mesure soit exécutoire.  Ce qui n’est pas notre cas. En effet, c’est la première fois qu’on assiste à une loi rétroactive, qui est taillée sur mesure pour assommer des adversaires politiques. Si la loi visant à rationaliser les partis est salutaire, dans son essence, sa mise en œuvre est plus que chaotique.

 

L’impossible sous d’autres cieux, peut être rendu possible dans notre pays, avec toutes les conséquences inimaginables. Qu’à cela ne tienne ! L’essentiel pour le pouvoir, c’est d’entériner des mesures impopulaires, sans objet, nulles et non avenues au mépris des règles élémentaires du droit et de l’élégance républicaine, rien que pour confisquer la volonté du peuple.

 

Nous vivons en déphasage avec la marche du monde. Cet arrêté,  du ministère de l’intérieur viole la loi et n’obéit aucunement à l’esprit et à la lettre car illégal et dangereux pour la stabilité du pays à quelques encablures des élections présidentielles de 2019. Il s’apparente beaucoup plus à un règlement de compte qu’autre chose.

Mais étant dans la panique totale, avec le départ prochain du président Mohamed Ould Abdel Aziz,  les atermoiements du parti au pouvoir, tous les stratagèmes sont explorés et mis sur la table pour museler l’opposition, qui pourrait rendre possible l’alternance, contre vents et marées.

Comprenant ce risque de perdre le pouvoir à l’issue des présidentielles de 2019, le camp du pouvoir, qui ne sait plus à quel saint se vouer, cherche, vaille que vaille, à se servir de façon maladroite de  cette loi pour barrer la route à des partis régulièrement constitués, de manière démocratique, pour les sevrer  des joutes électorales, sans aucun fondement juridique.

 

Les raisons qui ont poussé les autorités à  dissoudre notre parti sont à chercher ailleurs. Dans tous les cas, Il a été constaté, pour s’en émouvoir, que depuis l’adhésion des cadres du  manifeste harratine au parti MPR, en plus d’autres segments de nos communautés, il y’a un acharnement viscéral qui ne dit pas son nom sur les principaux responsables de notre formation.

 

L’acharnement contre le MPR est manifeste et il est évident que le parti dérange par ses positions, rappelant à chaque fois que de besoin, l’impérieuse nécessité d’engager le pays sur la voie de la justice, du respect scrupuleux des libertés fondamentales, de l’ancrage de la démocratie et du développement économique et social dans l’équité. Après 10 ans de combat dans l’espace politique et sur la base de ses principes, le MPR entend continuer sur cette voie, sans relâche, n’en déplaisent à ses détracteurs. Le MPR est avant tout une idée, un sacerdoce, des hommes et des femmes convaincus d’un idéal d’une Mauritanie juste, libre, prospère résolument engagée vers le progrès.

Les cadres dirigeants du MPR et en premier, le président, Dr KANE Hamidou Baba, ne ménageront aucun effort, en usant de toutes les voies de recours légales pour annuler cette mesure aux relents d’une forfaiture sans commune mesure et qui n’honore pas notre démocratie.  La lutte continue…

 

Ibrahima Sambou

Responsable de l’animation politique du MPR