Porté disparu

15 October, 2014 - 02:02

Ould Abdel Aziz est finalement rentré jeudi dernier à Nouakchott. Après une dizaine de jours passés en villégiature (ou en consultation, selon les versions) dans la capitale française. Deux ans, jour pour jour, après la balle « amie » de Tweila, qui l’avait contraint à près de deux mois de soins, la santé de notre guide éclairé fait à nouveau parler d’elle. En l’absence de communiqué officiel sur les raisons de son séjour parisien, les rumeurs les plus folles ont commencé à circuler sur la toile : le Président serait hospitalisé dans un hôpital parisien, il aurait subi une opération chirurgicale, ferait une batterie d’analyses. Tout y est passé. La nature ayant horreur du vide et n’ayant pas été édifiée sur les vrais raisons de cette escapade parisienne (on aurait pu nous dire, tout bêtement, que le Président prenait quelques jours de vacances, comme tout être humain), l’opinion publique ne s’est pas privée d’enfourcher le cheval des on-dit. Surtout que notre raïs n’avait raté, en six ans d’exercice du pouvoir, qu’une seule fois la prière de la fête du Mouton. C’était contraint et forcé, lors de son hospitalisation à Paris, en 2012. Cette fois, ou il était réellement malade ou il nous prenait pour des nouilles. Comme le dit si bien Mohamed Ould Maouloud, le président de l’UFP, « il y a lieu de distinguer entre la personne et la charge de président de la République. Si l’une peut disparaître, sans avoir de comptes à rendre et sans que personne ne s’en soucie, l’autre est l’affaire de tous les Mauritaniens; ils ont le droit de savoir où est passé celui qui détient les clés de la maison Mauritanie. »

Dans une démocratie normale, le président doit jouer franc jeu et rendre compte de tous ses déplacements. Malade ou en vacances, il doit en informer l’opinion publique, cette res publicae qui l’a fait roi. Le nôtre en est certes loin, dans ses privilèges hexagonaux, même s’il se prétend président des pauvres mauritaniens qui s’apprêtent, eux, à de nouvelles froidures : l’hivernage n’a pas été vraiment bon, les prix du fer chutent, le poisson se vend mal. Des soucis en perspective, encore. Porté disparu dix jours, Ould Abdel Aziz nous ramène-t-il quelque bonne pilule, pour affronter les frimas ? On le lui espère car, d’absences en manquements, il pourrait bien finir par disparaître, un jour, pour de bon…

Ahmed Ould Cheikh