Autour d’un thé : Jaloux

23 January, 2019 - 21:33

Nous devons être jaloux. Cela devait nous arriver, depuis longtemps. Très jaloux de nos voisins sénégalais dont les militaires n’ont jamais tenté, à aucun moment de leur histoire pourtant parfois très tumultueuse, de bouger le moindre petit doigt pour s’immiscer dans les affaires qui ne les concernent pas. L’armée, c’est galon, ceinturon, peloton, casquette, treillis, rangers, épaulettes, garnison, guérite, gamelle, fanfare, sentinelle, caporal, sergent, adjudant ou quelque chose qui sonne comme ça. Une armée sage qui joue sa partition, dans les limites de ses responsabilités régaliennes. Pas une armée « Aicha Rakhma » tentant d’imiter la marche du corbeau. C’est qui qui disait : quand l’armée se mêle de politique, le résultat est catastrophique, puisque la politique va se gâter et l’armée aussi ? Exactement comme la marche d’Aicha Rakhma. Un peu comme l’autre qui disait que les militaires et les politiques sont comme les singes : s’ils se battent, ils dévastent le champ et s’ils s’accordent, ils mangent la production. Je ne perds pas de vue que l’armée, c’est beaucoup de choses. C’est l’état-major général des forces armées et de sécurité, ce sont toutes les régions militaires, toutes les forces spéciales.  C’est la terre, c’est le ciel et la mer. C’est tous les états-majors de la gendarmerie, de la Garde nationale et autres unités opérationnelles, sur l’ensemble du territoire national, et toutes les autres mobilisées, hors du pays, pour le maintien de la paix. Mention spéciale au Bataillon de la sécurité présidentielle. Le fameux BASEP, faiseur et défaiseur de Président. J’entends déjà les clameurs de ceux qui pensent que j’exagère, puisque l’armée c’est « secret-défense ». C’est sensible. C’est ceci ou cela. Notre vaillante armée. Nos valeureux soldats. Nos sacrés officiers. Mais « qui veut mentir éloigne ses témoins ». Combien de coups d’Etat, de 1978 à maintenant ? Combien de tentatives de coups d’Etat, de 1978 à maintenant ? Quel général de notre vaillante armée sans « ses » groupes politiques, journalistes, facebookeurs, députés, maires, notables, fiefs électoraux, organisations de la Société civile ? Qui ? Nous voulons des noms, au moins un. Quel général n’a pas supervisé toutes les campagnes électorales, de 2008 à maintenant ? Oui, depuis 2008/2009, puisque l’histoire de la Mauritanie ne commence qu’à partir de là. Regardez les émissions des media officiels : TV/radios/agence d’information. Pour la présidentielle de 2019, l’opposition veut présenter un candidat unique. Avec des critères à remplir. Moi, j’ai envie d’en ajouter un tout dernier : avoir été un ancien militaire. Ne connaît le Saint que le Saint. Nous devons être jaloux des Burkinabés et de leur balai (ballet ?) citoyen. Des gens de la RDC, de leur Tshisekedi et de ses « défauts », comme disent les Arabes. L’art de partir en restant. Kabila est mort. Vive Kabila. Un pas dans la transition démocratique et un pas dans le statu quo autocratique. Un moindre mal. Mieux vaut avancer doucement que de ne pas avancer du tout. Ça va être un peu comme chez nous : Mohamed Ould quelque chose. L’essentiel, en tout cas, est que Mohamed soit là-bas. Regardez un peu tous ceux qui ont fait l’actualité, toutes ces dernières années jusqu’à il y a quelques jours : Mohamed ould Abdel Aziz, Mohamed Lemine Cheikh, Sidi Mohamed ould Maham, Mohamed ould Ghazwani, Mohamed Yahya ould Kherchi, Mohamed ould Meguett, Mohamed Cheikh ould Mohamed Lemine, Mohamed ould Bouamatou, Mohamed ould Mouloud….En tout cas, Mohamed est là-bas. Ce n’est ni de la haine ni du racisme. Attention. C’est juste pour dire, comme mieux vaut tard que jamais, mieux vaut un peu que rien. Si ce qui vient, après Ould, change, c’est déjà quelque chose. Après, on verra. Cinq ans, c’est rien du tout. Après ce sera le tour des Messoud, M’barek, Mahmoud, Bilal, Yarg, Tamrazguent, Werzeg ; puis celui des Sow, Diallo, Timera, Coulibaly, Sy, Diop, Fall, Guèye… Sans haine, ni racisme ni animosité. Juste de l’alternance pacifique et démocratique. Salut.

Sneiba El Kory