Autour d’un thé

9 January, 2019 - 13:58

Quel hymne national de quel pays commence par quelque chose comme « Marchons, marchons ! » ? Ou qui finit par ça. L’essentiel est que ça marche. En tout cas, si c’est la France, Macron doit bien prier pour que la Marseillaise ne soit pas entendue comme un appelà la marche. Comme quoi les gilets jaunes n’ont fait que ce que leur hymne national leur commande, depuis toujours.  Unenation a besoinde quelque sacré, way. Marchons, marchons, donc, contre le racisme et la haine. C’est le gouvernement qui le demande. Ou le parti au pouvoir. C’est tout comme. D’ailleurs, le Président va lui-même marcher. En personne. A pied, pour une fois. Il aurait pu  marcher en hélicoptère. Pour bien voir qui a marché et qui n’a pas démarché. Cela dit, qui a bien pu être à l’origine de cette fameuse, ingénieuse et intelligente marche de tous contre tous ? Parmi les marcheurs, il yaura les « délinquants économiques ». C’est juste pour ne pas dire les gros voleurs de la chose publique. Ils seront facilement reconnaissables. Les habitués de la marche ne sont pas comme ceux qui ne le sont pas. Ceux-ci auront le ventre déjà trop enflé, les pieds gonflés. Ainsi goûteront-ils aux joies de la marche. Vers l’inconnu. Ce n’est pas tous les jours qu’on réunit le Président, les ministres, les troubadours, les putains, les entremetteurs, les bandits de grand chemin, les soulards, les imbéciles, les aigris, les racistes, les xénophobes, les traîtres, les malveillants, les bâtards, les anciens putschistes, les nationalistes étroits, les séparatistes tout aussi étroits, les communautaristes obtus, les syndicalistes pyromanes, les désœuvrés avachis, les fonctionnaires clochardisés ou les clochards « ’fonctionnarisés », les imams, les muftis, les érudits, les repris de justice, les anciens opposants assagis, les bons, les méchants, les clowns, les prestidigitateurs, les va-nu-pieds, les vilains, les moins que rien, les menteurs, les tout le monde  ensemble. Ce n’est pas tous les jours que ça arrive. Il n’y a que la marche du gouvernement qui peut le permettre. Moi, je pense que c’est bon de marcher contre des maux aussi gangrénant que la haine ou le racisme. C’est même très très bon. Mais les maux, ça ne manque pas en Mauritanie. Faudra marcher le jeudi contre la corruption. Le vendredi contre le détournement. Le samedi contre le tripatouillage de la Constitution. Le dimanche contre les coups d’Etat militaires. Le lundi contre l’hypocrisie. Le mardi contre la xénophobie. Les Arabes disent que l’action est plus éloquente que le verbe. Il ne faut pas produire la haine. Il ne faut pas produirele racisme. Il ne faut pas développer le sectarisme. La marche, c’est très superficiel comme acte. Approfondissons la réflexion « jusqu’au fond ». Pour marcher contre les vrais problèmes de fond. Il faut marcher contre les promotions administratives indues. Les marcheurs, là, savent que la marche leur permet de cacher beaucoup de choses contre lesquelles il faut continuer à marcher, sans s’arrêter. D’ailleurs, si ça ne tenait qu’à ça,si marcher servait à quelque chose,à régler les problèmes, là, le Président, les ministres, les députés, les conseillers, chargés de missions, secrétaires généraux et autres généraux, caporaux, bourreaux…marcheraient de Nouakchott à Fassala. Si la marche règle les problèmes, alors,marchons, marchons, marchons. Même l’opposition. Les oppositions vont marcher pour un processus électoral transparent. Les oppositions vont marcher, pour qu’au bout de la route, elles trouvent un candidat unique à présenter à la future présidentielle. Marchons pour une école républicaine. Marchons pour un système de santé performant. Marchons pour une éradication totale de l’esclavage, des clivages, des inégalités. Marchons pour un pouvoir d’achat acceptable. Marchons pour une justice sociale. Marchons pour moins d’hypocrisie. Moins de mensonge. Marchons pour plus de démocratie ! Avec des boubous blancs, bleus, jaunes ou multicolores. Avec des caftans bariolés ou complètement délavés. Marchons, puisque cela semble régler les problèmes ! Marchons, marchons… Salut.