Les gilets jaunes, la France en crise/Par Bertrand Fessard de Foucault

20 December, 2018 - 00:27

A mes compatriotes d’adoption, eux-mêmes en crise de démocratie, je donne ce que je suggère au président d’un pays dont ils suivent tout de près, pas seulement pour sortir de la crise que vit la France, mais pour faire revenir les Français à la Cinquième République d’origine.

La crise a  commencé à avoir une ampleur nationale quand, à l’annonce d’une nouvelle taxe sur les carburants, des Français de tous milieux, de tous âges, de toute profession ou retraités, se sont mis sans beaucoup plus de concertation que les « réseaux sociaux » à bloquer ou ralentir la circulation automobile, en endossant le gilet jaune recommandé à tout conducteur dont le véhicule est en panne. De 250.000 à 170.000 manifestants dans tout le pays dont 10 à 20.000 viennent à Paris chaque samedi. Le samedi 1er a dégénéré en violences telles dans la capitale que les forces de l’ordre ont été débordées : plusieurs centaines de blessés des deux côtés. Les « gilets » ont été doublés aux Champs-Elysées par des casseurs, quelques milliers : l’Arc de Triomphe a été vandalisé. Cela s’est répété dans les grandes villes de régions. Il est surtout apparu qu’en sus de réclamations touchant le pouvoir d’achat, le président Macron est personnellement en cause. Un symbole de sa politique est la suppression de  l’impôt sur la fortune. Son rétablissement est réclamé.

Le chef de l’État qui a gardé le silence depuis  son retour du G20, le matin du dimanche 2 décembre, s’adresse au pays le lundi 10, bat un peu sa coulpe et annonce 10 milliards de divers ajustements, allocations et diminutions, mais la demande vient politique: la démocratie participative, notamment le referendum d’initiative citoyenne et tout donne à penser qu’il y aura un 6ème samedi de manifestations dans les grandes villes et peut-être le blocus de raffineries, du marché agro-alimentaire de Rungis, aussi…

La conclusion, que je  laisse à un ami d’enfance, vaut encore plus pour la Mauritanie.

 

Bertrand Fessard de Foucault

 

 

Couriellé à l’Elysée, le lundi 26 Novembre 2018 au secrétaire général de l’Elysée,  Alexis Kohler : le temps presse, il peut encore être organisé

 

Cher Monsieur le Secrétaire général,

 

1° pourquoi ne ré-instituez-vous pas la " planification souple à la

française " (1945-1997) : l'outil de mise en commun entre tous les

acteurs politiques, économiques et sociaux des projets, des prévisions

autant que l'examen ensemble des ressources publiques et "privées". Ses

diverses commissions permanentes ou ad hoc ont été l'outil des

rencontres sociales et de tout un climat patronat/syndicats veillé par

la puissance publique. Plus rien n'est qu'une fois, tout est périodique

ou du long terme : un plan quadriennal pour un mandat quinquennal, le

débattre et voter en début de mandat. Evidemment le long terme, notre

production d'énergie passage du presque-tout-nucléaire au

presque-tout-renouvelable, cela se programme (rien n'a été sérieux à ce

propos depuis dix ans, que des échanges en "primaire" des partis...) et

croire que le changement s'opérera par la modification du comportement

des usagers et des habitudes par une fiscalité encourageant des

investissements ou dissuadant de la voiture, est une utopie. Mais

étapes, perspectives,décidées et vues par tous.

 

2° " un pacte social pour calmer les gilets jaunes ".

Pacte social ne dirait pas bien

la novation du politique sur laquelle a été élu le Président :

c'est usé et manque de contenu. Les gilets jaunes, ce sont tous les

Français, manifestant ou pas qui souhaitent que les gouvernants les

consultent - avant - et les fassent participer à la prise des décisions.

Vous ne les discréditerez pas par ce qu'il s'est passé aux

Champs-Elysées ou les mêlant à Marine Le Pen ou à Jean-Luc Mélenchon.

Aux divers blocages, on parle beaucoup : celles et ceux de tous âges qui

sont dans le froid, et celles et ceux en voiture, et qui très souvent

ont le gilet jaune sur le tableau de bord. Les préfets, qui les

reçoivent spontanément ou sur ordre, je ne sais... attesteront de leur

civisme pour la très grande majorité d'entre eux, mais aussi de leur

rejet d'une manière, pas seulement de les taxer mais de les gouverner.

 

3° Brexit et Ukraine. La mission historique du Président, c'est de

pallier ces risques et erreurs. Esprit de défense par un service

national universel - pas le mensonge des quinze jours - mais deux ans,

garçons et filles, une année militaire et une année développement. La

démocratie pour l'Europe : l'élection directe de sa présidente ou de son

président, et à elle ou lui, archi-légitime alors, la dissuasion nucléaire

qu'Angleterre et France mettent à sa disposition sans cesser d'en garder

la possession nationale. Ecrire une nouvelle loi fondamentale à tous, donc avec

les Britanniques. Depuis son élection, j'en supplie le Président : vous

en êtes témoin puisque vous voulez bien placer mes lettres sous ses yeux.

 

Chaleureusement, et pensées pour vous et pour notre Président.

 

 

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Couriellé à l’Elysée et à Matignon, le soir du samedi 1er décembre 2018 à 23 heures 16 : couper court

 

Monsieur le Secrétaire général, chère Madame,

je me permets de vous courieller à tous deux ensemble, par exception. Le génie de la Cinquième République est qu'il y ait un président avec toutes prérogatives pour s'imposer non aux autres acteurs et institutions publiques, mais face aux circonstances. Il ne doit pas gouverner. Il est un recours et un garant. Le génie de notre République est qu'il y ait un Premier ministre, chef d'une majorité parlementaire, responsable devant l'Assemblée nationale et ayant la nécessité de la confiance présidentielle. Ils sont absolument distincts.

Dans la crise multiforme que nous affrontons en clair - mais qui se vivait depuis l'élection présidentielle - cette distinction des deux fonctions et des deux personnes, car Edouard Philippe a de l'autorité certes, de la conviction certes, mais c'est surtout un pacifiant. Il ne doit pas être un exécutant. Premier élément de souplesse, immédiatement disponible, car la crise dont les violences et les scandales nous surprennent, ne sont que la conséquence d'une rigidité totale, sans appel. Alors même que le pays ne se connaît plus depuis plusieurs années et que les élus qu'il s'est choisis pour l'Elysée et pour le Palais-Bourbon, ne l'ont été que par défaut. La vérité n'a pas été leur élection mais la table rase dont ils ont été le produit. Dans les débats sur petit écran, ce soir, quelqu'un a eu le mot juste : fulgurance. Celle de la montée en puissance puis de l'élection du Président. Celle des gilets jaunes et de ce que nous vivons scandaleusement mais significativement, car la rigidité ne produit que de la casse.

Rigidité et autoritarisme : les dernières lois sociales sous François Hollande, la procédure des ordonnances (défiance s'il en est vis-à-vis de tout débat, même au sein d'une majorité nouvelle et archi-dévouée au Président encore ce soir), puis la "réforme" de la S.N.C.F. et ce qui nous est promis à venir, voté au forceps. Des acquis, de la propriété nationale dans la psychologie de tous les Français sont démantelés sans que soit indiqués la perspective, le bien commun qui en seront le produit. De continuité qu'une méthode autoritaire avec des velléités, selon la rumeur et parfois de mots du Président : "encadrer" le droit d'amendement des parlementaires. Cette rigidité est encore le fait de ce soir : le "pouvoir" ne peut reculer, pas de concession, de la pédagogie (la supériorité de quel droit et selon quelle science ? de quelques-uns sur le grand nombre qui subit..). Or, il faut dénouer. Ces événements de maintenant doivent opérer une prise de conscience, nous n'étions plus en démocratie alors que notre République - celle voulue, fondée et pratiquée par le général de Gaulle - en est le cadre rêvé : solidité des autorités, mais participation de tous, sanction populaire de l'exercice de l'autorité présidentielle.

Voici le chemin que je suggère - tout en regrettant que l'habitude se soit prise que le Président, de l'étranger sans égard pour ses hôtes ni pour le sujet de son déplacement (ils étaient et sont gravissimes ces trois derniers jours) apprécie et commente une situation intérieure française. Et cela sans la vivre et par principe.

1° interdiction de toute manifestation sur la voie publique urbaine, pendant le temps qu'il faudra pour repérer, coffrer et punir les "casseurs", et en regard réponses significatives et aussi immédiates à certaines des revendications des "gilets jaunes", concernant le pouvoir d'achat, le minimum vital.

2° démission du gouvernement actuel et constitution d'une nouvelle équipe, d'union nationale que formera l'actuel Premier ministre, dont les qualités, etc... et dont le parcours couvre aussi bien la majorité actuelle que la partie responsable de la droite d'opposition actuelle. Ce gouvernement d'union nationale auquel il sera proposé de participer à toutes les formations politiques actuelles, "extrêmes" comprises... ainsi qu'aux gilets jaunes, y compris à des personnalités incontestables des lettres et des sciences françaises, administrera le pays mais aussi traitera consensuellement les sujets brûlants pour les ajourner ou les reprendre à zéro s'ils étaient au programme et pour étudier ce qui est réclamé et passera avant : l'imposition de la fortune, la taxation des dividendes, les pensions de réversion, les retraites. Il débattra les objectifs et moyens de la transition énergétique : la confusion entre le tout pétrolier (fonctionnement des véhicules particuliers et des transports routiers) auquel nous avons échappé à partir de 1973 et du choix du tout nucléaire, doit cesser, l'enjeu étant comment produire l'énergie dont nous avons besoin, multiples pistes en pensée depuis vingt ans, à peine débattues et n'ayant donné lieu à aucune politique de production industrielle et d'innovation technologique correspondante.

3° le pays dans son ensemble, sans que soit encore mis en cause le Président comme il l'est déjà par les "gilets jaunes" et une partie de l'opinion publique, sera consulté par la dissolution de l'Assemblée nationale. Tout sera fait par le nouveau gouvernement multi-partis et d'union nationale pour que la participation à l'élection des députés soit un record - positif. Il y a dix-huit mois, le record était honteux : 52% d'abstention au premier tour, et 54 au second.

Cette remise en route doit être un retour à la démocratie. Il sera alors temps de redonner à notre Constitution les traits dont on aurait jamais du la priver, sous le prétexte mensonger que le quinquennat ne changeait rien. On l'a vu ! Elle doit aussi permettre au Président, au gouvernement et au Parlement - ensemble - de proposer aux opinions de tous les Etats-membres, à leurs institutions ainsi qu'à celles de l'Union européenne les novations urgentes pour que notre Vieux monde se donne visage et voix, et ainsi devenir le môle autour duquel bâtir un nouvel "ordre" international qu'ont achevé de détruire ces derniers mois deux énormes et cyniques dictatures (Chine et Russie) et un géant du simplisme révélant ? ou défigurant les Etats-Unis . Cohésion sociale : je milite pour... depuis vingt ans : service national garçons et filles, un an militaire et un an dédié au développement, instauration exemplaire proposée à tous nos partenaires.

Tout cela, je vous le propose comme de simple bon sens en homme attaché à personne mais qui a soixante-quinze ans de respiration française de Stalingrad à aujourd'hui et dont l'adolescence et la sortie de l'E.N.A. furent dans la lumière et la sérénité du général de Gaulle.

Quant aux événements et aux scandales d'aujourd'hui dont les images ont été données à nous et au monde entier, propos de bon sens. 65.000 personnes pour l'ordre ? mais 4.500 seulement à Paris ? une vue générale et dynamique de la capitale absente, les vides consentis par nos forces de l'ordre exploités par des déploiements autres et ailleurs (de simples méditations sur les croquis de batailles de Napoléon ou sur les combats des Versaillais avec la Commune inspireraient d'autres préparations et mises en oeuvre). Evidentes lacunes non seulement en stratégie, mais plus encore en commandement sur le terrain : les hommes trop groupés, puis trop détachés, des isolés ce qui est une faute majeure, les hommes ayant manifestement peur... Les photographes au milieu des mêlées et des combats : interdiction absolue pour la suite, de films et d'images. Ceux-là opérés par les professionnels de la police et aux seules fins du gouvernement et des identifications, et des analyses nécessaires. Mai 68 à Paris : un préfet de police d'exception, le maintien de tout en un périmètres précis exclusif de tous autres théâtres. Propos de non spécialiste mais à la portée de tout téléspectateur : la critique de nos dispositifs, de la stratégie et des commandements aura été faite par beaucoup. Et à la charge du gouvernement.

Expression politique générale : le chemin que je vous suggère, dessiné par le Président, mais pas aussitôt revenu... vingt-quatre heures au moins de latence, d'attente publique (et de consultatsions), et dix minutes au plus de parole publique pour l'annonce sans commentaire ni justification.

Ce matin, le Premier ministre a manqué la belle occasion de se recueillir et de parler au sein des militants et cadres de la République en marche. En toute souplesse pouvait enfin être donnée à entrevoir une possibilité d'évolution sereine et non rigide, cassante de l'exercice du pouvoir dans les semaines et mois à venir. Car le mouvement n'est pas sectoriel, il n'est pas même revendicatif, il est constat que tout se décide sans les Français et sans qu'ils soient considérés... et c'est cela qui ne doit pas continuer.

Je vous donne une parole confiante et libre. Inquiète si le Président et le Premier ministre s'en tiennent à de la pédagogie et à des invitations que quelques-uns viennent les voir... mais certaine de la qualité de notre pays et de sa capacité à susciter, d'âme et de corps celles-ceux qu'il lui faut.

Pensées déférentes. La confiance peut se rétablir, et nous faire tous revenir de la seule légalité à la légitimité : aucun pouvoir n'a de prise sur les événements et les consciences si sa légitimité n'est pas reconnue. Cela ne se décrète ni ne s'écrit.

 

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Couriellé à Alexis Kohler  à 16 heures, le lundi 3 Décembre 2018 :

de Gaulle et le peuple

 

Juillet 1789, Louis XVI : " Mais c'est une révolte ! " - " Non ! Sire.

C'est une révolution ".

 

Monsieur le Secrétaire général,

 

le Président, dès son retour parmi nous, a constaté les faits -

scandaleux et sans précédent - autour de la place Charles-de-Gaulle

Etoile : l'Arc lui-même, l'avenue Kléber, pour le moins à Paris. Mais il

n'a pas répondu sur le fond, il ne répond pas aux manifestants : les

gilets jaunes qui sont ce qu'ils sont par procuration de presque tous

les Français, maintenant les élèves et étudiants chargés à Thionville

(ville calme et "bourgeoise" où j'ai failli être candidat en 1980) et à

Hayange et qui font grève en Loire Atlantique. Effets : Donges, déjà un

temps... Vous êtes plus informé que moi de ce qui bouge, se projette.

 

Il est acquis, le pays le comprend, que le Président ne changera pas de

cap ! Soit ! mais pour que réussissent et "prennent" les recettes, les

réformes ... il faut que les Français y adhèrent. Donc, le décident plus

clairement et positivement que lors de l'élection présidentielle, si

circonstancielle. Donc :la dissolution. Elle est moins risquée

qu'il n'y paraît. La majorité constituée avec tellement d'abstentions il

y a dix-huit mois va en devenir adulte. Chacun des élus de la

République en marche ne sera plus "robotisé" en tous votes à l'Assemblée

ou pour "choisir" les instances dirigeant le mouvement, mais devra

défendre lui-même et sur ses lieux-propres le bilan des dix-huit mois de

gouvernement. Le Président lui-même s'engagera personnellement et à

fond pour expliquer bien mieux ce qu'il fait, ce qu'il va faire, et

surtout... surtout... ce à quoi cela nous mène. La dissolution au

plus vite, la nouvelle assemblée élue en Janvier et au travail en

Février. Les élections européennes n'ont de sens que si une forte

initiative du Président de la République propose une novation de

l'Union. Celle-ci, je la suggère depuis dix-huit mois.

 

/La dissolution, comme en Novembre 1962 pour répondre à une motion de

censure : l'actuelle est populaire. La dissolution, comme le 30 Mai

1968, qui sortit le pays - déjà d'un chaos - et le général de Gaulle

s'engagea à fond. Et gagna. Ce fut le Premier ministre qui fit plus que

le lui suggérer : Georges Pompidou.

 

Et nous nous retrouverons dans la Cinquième République d'origine,

donc en démocratie : tout scrutin national engageant le président de

la République et pouvant - éventuellement - le sanctionner. Fin des

automatismes, déterminant notre vie publique depuis 2002...

 

De Gaulle : et que serait le président de la République, s'il vous

plaît, s'il ne voyait grand dans cette grande affaire ?

 

Faites, s'il vous plaît, le Président et vous.

 

Sentiments déférents et d'espérance.

 

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Courriel adressé au secrétaire général de l’Elysée, soir du jeudi 6 décembre 2018, à 18 heures 05

 

Je dissous aujourd’hui l’Assemblée nationale

 

Cher Monsieur le Secrétaire général,

permettez-moi d'insister : la dissolution. Une décision de tous les Français en connaissance de cause : ces dix-huit mois en fond et en forme, ainsi que la manière par le Président d'exercer le pouvoir. C'est ce que lui-même sent bien : nous ne détricoterons pas ce que nous avons fait pendant ces dix-huit mois.

Communication...

1° le maintien de l'ordre et la sécurité des personnes comme des biens est la responsabilité de l'Etat, du gouvernement. Une responsabilité qui ne se délègue pas aux fauteurs de troubles, aux casseurs, ni surtout à ceux qui manifestent, dans la certitude qu'ils ne sont pas écoutés autrement

2° l'Etat et le gouvernement n'ont à afficher ni peur ni satisfaction : ils font leur devoir

3° évoquer une prime (de risque ?) pour les fonctionnaires du maintien de l'ordre samedi, serait les traiter en mercenaires et non en citoyens des plus exemplaires

4° le Président de son  élection à son retour dimanche de Buenos-Aires avait habitué les Français à une communication très fréquente et directe. Depuis dimanche, sont distillées des phrases ou des indications attribuées au Président et dont sont attributaires tel média ou tel organe de presse, comme si le Président redoutait maintenant la "scène", les projecteurs, le regard

5° quand le Premier ministre mardi a annoncé ce que le gouvernement lâchait en lest, la rumeur a été dite que le Président aurait voulu davantage : donner le moindre sentiment d'une divergence, en ce moment, serait catastrophique. Il sera temps pour l'Histoire et après le dénouement quel qu'il soit, de les dire ou commenter

L'épreuve...

le Président a su discerner le champ libre de l'élection présidentielle. Il n'a pas su dire (encore) aux Françaises et aux Français les perspectives qu'ouvraient les réformes de ces dix-huit mois ni celles à venir immédiatement, et de tous ordres. Il a su rendre désert le champ politique français en fascinant les médias et commentateurs, ses soutiens sans s'interroger si ce serait ou bénéfique à terme. Il est maintenant - seul - en question devant l'opinion publique française et devant l'étranger. Le vrai savoir-faire politique : dénouer une crise et en faire un rebond, est maintenant à démontrer.

Il y a plus de points communs que de différences entre les "événements de Mai" et ceux que nous vivons à présent. Et il y a l'exemple - la jurisprudence du général de Gaulle. En pièce jointe, son discours du 30 Mai 1968 : abattu de tristesse depuis trois semaines, "mon" grand homme vaincu, je suis allé place de la Concorde, dès que s'est achevé le discours radodiffusé improviste atour de 14 heures. Je n'habitai pas loin. L'"amphi-corps" pour la sortie de ma promotion de l'E.N.A. avait lieu le lendemain. J'ai choisi de redoubler la dernière année, n'obtenant pas ce que je souhaitais. Joie, bonheur, profondeur qui m'ont déterminé jusqu'à ce jour. Scenario se répétant pour la non-dévaluation le 25 Novembre 1968. Savez-vous ? qu'il est facile de faire comme de Gaulle : répondre à ce que l'on ressent des Français.

Françaises, Français,

Étant le détenteur de la légitimité nationale et républicaine j’ai envisagé depuis vingt-quatre heures toutes les éventualités sans exception qui me permettraient de la maintenir. J’ai pris mes résolutions. Dans les circonstances présentes, je ne me retirerai pas. J’ai un mandat du peuple, je le remplirai. Je ne changerai pas le premier ministre ...  Je dissous aujourd’hui l’assemblée nationale... aux citoyens l’occasion de prescrire une réforme profonde de notre économie et de notre université et en même temps de dire s’ils me gardaient leur confiance ou non par la seule voie acceptable, celle de la démocratie...

N'ayez pas peur, ne prêchez pas la peur, risquez une tout autre suite pour le mandat décerné, trop circonstanciellement en Mai 2017.

Sentiments attentifs et déférents. Surtout très reconnaissant que vous mettiez ce message comme les trois précédents que je vous redonne, sous les yeux du président de la République.

 

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Courriel au secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler – vendredi 7 décembre 2018 à 15 heures 24 : après-demain et ensuite … ce sera trop tard

 

Cher Monsieur le Secrétaire général,

tous ces derniers jours ne sont donnés - par le gouvernement et indirectement selon des propos dits par le Président - que des signaux de peur.

Il est maintenant indiqué que le Président s'adressera aux Français au début de la semaine prochaine, comme si ce qu'il doit nous dire dépend de " l'acte IV ", c'est à dire de ce qui se sera passé demain.

Je souhaite que le président de la République s'adresse à nous dès ce soir, quelques minutes, à la de Gaulle - la référence vaut en méthode et en succès. Pour simplement affirmer ce qui doit être : l'ordre est une responsabilité de l'Etat, le Président est chef de l'Etat. La responsabilité du maintien de l'ordre ne se délègue pas aux manifestants, à leur sagesse, et encore moins aux "casseurs".  Cela affirmé clairement et en justifiant ainsi les moyens et les précautions mis en oeuvre par l'Etat partout et par les collectivités territoriales, le Président - sans rien aborder du fonde des revendications et des réponses déjà données ou allant être données, peut affirmer son voeu chaleureux et ardent de la réconciliation entre Français et tous habitants de France, spécialement entre les Français et leurs dirigeants, dont il est le seul élu nationalement. Voeux de compréhension et écoûte mutuelle, et pour la réalisation, il sait ce qui lui incombe et va désormais tout faire pour incarner cette attente, y contribuer par lui-même et très personnellement.

" Surtout quand les temps sont difficiles et pressants, le pouvoir s'apprend et se réapprend - je le comprend plus fortement maintenant que jamais quand vous me souteniez bien davantage - et la paix, l'élan civils se veulent et se structurent. Je dissous donc l'Assemblée nationale pour que fond et forme soient librement discutés et exposés, à l'épreuve et à l'expérience de ces dix-huit mois, et que s'adoptent ou se réadoptent par nous tous nos ambitions et nos moyens de les atteindre. A premier rang, notre jeunesse  - je n'en suis pas encore très éloigné, moi-même ... - doit elle surtout contribuer à la décision, au débat pour que nos perspectives ainsi choisies soient d'abord les leurs. Elle aura, pour cette élection et toutes celles à venir, désormais le droit de voter dès seize ans. Il était anormal qu'à seize ans on soit pénalement responsable, mais pas politiquement.

Je suis à votre écoute, à vote disposition. Les médias d'aujourd'hui nous permettent de nous regarder mutuellement, d'échanger : continuons de ne pas nous en priver ".

Voilà ce que pourra dire le Président, d'ici quelques heures, ce soir. Et l'acte IV sera une heureuse tombée du rideau.

Voeux et pensées, le Président, vous-même qui en êtes si proche et voulez bien lui communiquer cela.

 

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Courriel à Alexis Kohler, dimanche 9 décembre 2018, 21 heures 54 : d’ici demain soir

 

Monsieur le Secrétaire général,

pouvez-vous donner ce message au Président, aussi tôt que cela sera possible.

citation

Monsieur le Président de la République,

les Français ne savent rien de vous, malgré dix-huit mois d'images, de phrases, de décisions. Ce qui a cristallisé avec les "gilets jaunes", mais aurait pu l'être avec les agriculteurs et les élèves, mais le "tout venant" des gilets est le plus éloquent, c'est la rencontre avec vous, refusée de part et d'autre. L'impossible compréhension entre vous et eux, alors que votre conception de l'exercice du pouvoir en direct sur tous les sujets et avec tous, suppose cette compréhension mutuelle (synonyme d'estime).

C'est cela qu'il faut établir et qui s'est de plus en plus manqué depuis votre élection.

Solution pour la vie des années à venir, et pour ce que vous allez donner de vous-même demain soir. Ne consultez plus personne, pensez par vous-même, pas en fonction de ce qui est commenté : recul, votre projet initial à sauvegarder, que lâcher ? tout est hors sujet, c'est technique, c'est politique, c'est crise avec des issues très pratiques, la dissolution de l'Assemblée nationale, votre démission car bien d'autres avenirs vous sont possibles. La question est psychologique. Que commence quelque chose entre vous et les Français.

Faire ressentir aux Français, nous faire ressentir qui vous êtes, ce que vous voulez faire et vivre avec nous qui vous avons confié le pouvoir, et en ce moment-ci de l'évolution mondiale, notre destin pour peut-être longtemps, en conséquence de votre exercice du pouvoir, rien à voir avec votre longévité politique. Faire ressentir ce que vous vivez, comprenez de la France en tant que telle, oui : votre idée de la France. Le bien commun, notre bien commun, notre ambition à tous, le faire sentir vous-même.

Demain, ne lisez plus, ne consultez plus, laissez-vous envahir par ce moment où il vous faut nous rencontrer. La haine comme l'amour en politique, et il y a beaucoup de haine envers vous, ces jours-ci, bâtit une réelle intimité entre "ennemis". Que cette intimité devienne positive. Le général de Gaulle : le début de ses mémoires, une certaine idée de la France. Sa manière parfois d'une halte en silence, sans audiences, sans papier, immobile à sa table, le bureau devenant obscur avec la nuit venant à l'Elysée.

Dites et écrivez brièvement ce qui vous viendra. L'envie, l'ambition d'être et de faire avec nous. En conclusion accessoire, laissez au Premier ministre l'annonce détaillée de mesures immédiates qui alourdirait votre moment avec nous, mais que vous lui aurez demandé de prendre, ce qui est et devrait être le processus de vous à lui. L'âme, demain soir. L'exécution ensuite, toutes délibérations à quelques niveaux que ce soient ou dans quelques formes que ce soient, ne sera possible que si - demain soir - enfin nous commençons de vous connaître et comprendre. En bien, en humain.

fin de citation

Chaleureuses pensées à vous, cher Monsieur le Secrétaire général, et voeux pour le Président. Organisez sa paix, sa solitude demain : ce seront son inspiration.

 

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Couriellé à l’Elysée - lundi 10 décembre 2018, à 08 heures 35 : pour ce soir - la politique est affaire de sentiment

 

Cher Monsieur le Secrétaire général,

ce qui suit pour le Président si vous voulez bien le lui donner. Merci. sentiments et voeux chaleureux. L'essentiel, est cette immersion en lui-même du Président  d'ici ce soir

citation -

Monsieur le Président de la République,

vous et les Français, vous devez retrouver votre liberté, nous devons nous retrouver. Ce n'est ni fidélité à un programme, le vôtre, ni fidélité aux revendications ponctuelles qui sont connues et exprimées, nous le savons, ni fidélité aux intérêts, ils sont criants et pas toujours bien placés. Fidélité à nous-mêmes et à ce que nous sommes dans le fond, qui fait que tant d'hommes et de femmes ces années-ci ou à toutes époques, choisissent la France non pour une carrière ni pour de l'argent ni - pas principalement - pour la sécurité ou le mieux vivre, mais par dilection pour la personne morale si existante : la France dont nous avons hérité et que nous faisons.

Que l'on apprécie ou pas votre manière depuis dix-huit mois,vos décisions et changements par la contrainte la plus subtile, une sorte de désarmement  des volontés et une disparition des "corps intermédiaires", vous êtes - vous seul et par l'onction de votre élection, même si elle a été circonstancielle, presque par défaut - vous êtes le seul, tel que vous êtes placé dans les institutions et dans le moment - à pouvoir rétablir unisson et communion. C'est bien davantage que des " mesures concrètes... au plus près du terrain ". Il s'agit d'une nouvelle dialectique psychologique, chacun, à commencer par vous-même, ré-aimant et apprenant la démocratie, la confiance dans la lucidité de chacun, encore plus que que dans la seule sincérité de l'expression des besoins.

Je n'ai aucun mot, aucune recette à vous suggérer. Comme je me suis permis de vous l'écrire hier soir, c'est de répondre à une attente générale, faite d'attentes disparates et contradictoires selon les situations, les parcours, les intérêts, les groupements et associations de chacun : sexe, classe d'âge, etc. et c'est à vous de lier ces attentes disparates en une attente générale.  Un appel de vous qui sera la réponse à une attente. En ce sens, e au fond de lui-même, chacun souhaite et attend que vous réussissiez ce soir. Si vous manquez, nous entrons ans l'inconnu et la longueur, l'amplitude d'une crise dont nous savons peu car elle est mentale,  car elle est défiance.

J'ajoute que si vous réussissez, vous donnez aux autres démocraties un signal : chacune est malade parce qu'elle n'est plus aimée en tant que telle, quelle que soit la diversité et la qualité ou les défauts de gouvernance de nos homologues. Le danger planétaire est là. Il est probant que l'Arc de Triomphe ait été profané. Nous savons que nous avons à nous reprendre. La suite et le reste sera gestion, le Premier ministre en a la capacité, un gouvernement d'une dizaine de membres et d'union nationale offert à tous les partis et mouvements, mêmes dits extrêmes ou excessifs. La dissolution, un peu plus tard, selon ce qui aura été obtenu par cette union. L'élection au Parlement européen, seulement d'objet européen, et que ce Parlement soit constituant.

J'espère. Hier soir, nos télévisions. Le dialogue Anny Duperey  / Cohn-Bendit, la capacité d'Alain Duhamel pour caractérise notre moment et vos tâches du fait de l'âge (qui voisine le mien) et donc d'un demi-siècle d'observation vécue de nos personnages et paysages politiques. Ce qui a suscité en moi ce réflexe : nous n'avons nationalement pas le choix, il faut que vous réussissiez. Pas en programme, mais en personnalité.

Mektoub, comme l'on dit en arabe.

Si ! une annonce choc, disant la confiance en notre avenir, notre jeunesse : abaisser à seize ans la majorité électorale.

fin de citation.

Je sais, Monsieur le Secrétaire général, que - bien davantage que mes lettres et précédents messages pour le Président par votre aimable truchement - ce que je vous ai confié hier et vous confie maintenant, est inusuel de ton et de fond. C'est pourtant ce registre de l'affectif et du transversal, oui : du transcendant en politique, qu'il faut rouvrir. Maurice Couve de Murville me disait que la politique est affaire de sentiment, tout simplement parce qu'il s'agit d'humain et non de choses.

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