Affaire Yarg et Saïd : Suivi devant la Cour Africaine

13 November, 2018 - 11:00

Une délégation de l’organisation de SOS –Esclaves, composée d’Ahmedou Ould Wedi’a et de Me Id Mohameden M’Barek respectivement vice-président de l’organisation et avocat conseil et membre du bureau exécutif, suit devant la Cour Africaine des Droits de l’Homme l’affaire Yarg et Said, les deux enfants qui étaient réduits en esclavage par la famille Ehl Hassine, dans les environs de Lemden au Brakna. Les deux responsables de SOS-Esclaves prennent part aux travaux de la 32ème session du Comité des Experts des droits de l’homme africains relatifs au droit et bien-être de l’enfant organisée du 12 au 14 novembre 2018 à Adis Abéba en Ethiopie. C’est devant ce comité que SOS-Esclaves a porté en 2016 l’affaire Yarg et Said après avoir fini les recours internes devant toutes les juridictions nationales. Considérant la recevabilité du dossier, le Comité a pris des décisions engageant le gouvernement mauritanien à rendre justice aux deux enfants par des réparations matérielles et morales des préjudices subis sur la base des dispositions de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et du Bien être de l’enfant. L’affaire Yarg et Said a constitué le premier dossier d’esclavage jugé  en 2011 sur la base de la loi 0048/2007. La cour avait alors condamné Ahmedou Ould Hassine à deux ans de prison ferme et à verser un montant de moins d’un million d’anciennes ouguiyas. Le condamné ne purgera que quelques mois avant de bénéficier d’une liberté provisoire qui lui a permis de disparaître dans la nature. Un mode opératoire dont ont toujours bénéficié tous les esclavagistes depuis que les autorités mauritaniennes ont commencé à organiser leurs procès. En 2015, la loi 0031/2015 a remplacé celle de 2007. Dans cette nouvelle loi, l’esclavage a été élevé en crime contre l’humanité, les peines ont été revues à la hausse, les organisations de la société civile qui remplissent certaines conditions ont eu droit à se constituer partie civile dans les affaires d’esclavage, trois cours spéciales dédiées à juger les crimes d’esclavage ont été créées, une feuille de route en 29 points a été adoptée, une agence de lutte contre les séquelles de l’esclavage est née. Mais tout ça quasiment sans grand impact à cause essentiellement de l’absence d’une réelle volonté politique qui va permettre la mise en œuvre efficace de tous ces instruments juridiques nationaux et le respect effectif des conventions, chartes et traités auxquels la Mauritanie a volontairement adhérés afin de poser les vraies politiques et stratégies qui vont permettre de se débarrasser réellement des séquelles massives de l’esclavage  et de ce qui reste de ses pratiques.