Mauritanie out de l’Agoa: Ould Maham s’emporte

5 November, 2018 - 20:46

Le président Donald Trump a décidé de faire sortir la Mauritanie de l’Initiative African Growth And Opportunity Act (AGOA) qui permet aux pays bénéficiaires d’avoir droit à des avantages comme les tarifs préférentiels sur les exportations ou l’exonération des taxes douanières sur toutes les marchandises provenant des Etats Unis d’Amérique. Cette initiative constitue aussi un instrument qui promeut l’implication du privé américain dans le développement des pays où elle est mise en œuvre. La raison évoquée par le président américain pour justifier le renvoi de la Mauritanie est « l’insuffisance des efforts consentis pour venir à bout de l’esclavage héréditaire ou par ascendance ». Surprises par la décision, les autorités mauritaniennes ont rapidement réagi à travers une déclaration du tout nouveau ministre de la culture et porte-parole pour qui « cette décision n’est pas importante et ne signifie absolument rien du tout ». Le ministre porte-parole du gouvernement a rappelé que ‘’leur’’ gouvernement est le premier à avoir combattu véritablement l’esclavage à travers des mesures concrètes entreprises en vue de son éradication avec ses propres moyens sans aucun soutien américain. Ould Maham s’est demandé depuis quand les Etats Unis d’Amérique s’intéressent-ils à la lutte contre l’esclavage même à l’intérieur de l’Amérique ? Avant de se demander si Trump allait prendre cette décision s’il s’attendait de la part de la Mauritanie d’un contrat d’armement de 110 milliards de dollars ? Et le ministre de citer en vrac : la loi criminalisant l’esclavage, l’érection de cours spéciales dédiées à juger les crimes d’esclavage, une feuille de route et autres. En réalité, la Mauritanie a quoiqu’on dise fait quelques avancées significatives dans la lutte contre l’esclavage. Mais de là à mettre tout cela dans le cadre des fameuses réalisations de la Rectification n’est pas très exact. D’abord, l’esclavage a été aboli en Mauritanie en 1981 par la promulgation par les militaires de l’ordonnance 034/81 qui interdit la pratique sur l’ensemble du territoire national. Puis il ya eu la loi 048/2007 sous le magistère du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi qui criminalise l’esclavage. C’est d’ailleurs sur la base de cette loi que le premier jugement d’une affaire d’esclavage (Said et Yarg) a été organisé en 2011. Au cours du dialogue politique d’octobre/novembre 2011 entre la majorité et une partie de l’opposition (APP, El Wiam, Hammam et Sawab) un amendement constitutionnel a élevé l’esclavage en crime contre l’humanité. Puis il ya eu ensuite en 2013 une agence nationale (Tadamoun) dont la mission était de lutter contre les séquelles de l’esclavage et la pauvreté et l’insertion des rapatriés. Enfin les  concertations qui ont conduit à l’élaboration d’une feuille de route de vingt points dont la mise en œuvre devait contribuer à l’éradication de l’esclavage et de ses séquelles. En 2015 la loi 031/2015 remplace la loi 048/2007. Dans les dispositions de la nouvelle loi, les peines sont aggravées et les réparations des victimes revues à la hausse. La nouvelle loi permet aussi aux organisations de la société civile qui remplissent certaines conditions de se constituer partie civile dans les affaires d’esclavage. Puis en 2015, le gouvernement mauritanien a crée trois cours spéciales (Nouakchott, Néma et Nouadhibou) dédiées au jugement des crimes d’esclavage.