Autour d’un thé : Jeu d’échecs

24 October, 2018 - 18:27

Ce n’est pas un « mariage de mécréants ». « Ce qui pousse deux à s’aimer, c’est qu’ils peuvent se séparer ». Et puis, y en a marre ! « Vois le vieux couché ce qu’un jeune debout ne voit pas ». Dans cette vie, il n’y a rien d’obligatoire. Aujourd’hui, je peux être ici. Demain, je décide d’aller là-bas. Après demain, si je perçois quelque chose de remarquable, en cours ou en préparation, même très loin, je change de place et j’accours là où les affaires gigotent. Way, je ne suis pas con, moi. Mais allez-y, faites vos inventaires ! Les gens du PPM, au temps de feu Moktar, Marie-Thérèse, alias Marième Daddah, Hammam Fall, Mohamed ould Khayar et autre Choueidah, où sont-ils maintenant ? Pour ceux qui vivent, bien sûr : les morts sont évidemment, espérons-le pour eux, dans la Miséricorde d’Allah. Les vivants – et Allah sait qu’il y en a encore, al hamdou lillahi ! – où sont-ils, après avoir passé des structures d’éducation des masses à l’Union Des Travailleurs de Mauritanie (UTM), au Parti Républicain Démocratique et Social (PRDS) puis à ADIL. Où sont-ils, maintenant ? Même le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), l’actuel, celui qui est encore aux affaires, a changé de place. Jeune Kadihine à Chartiste, Prdéiste à Adiliste, puis de personnalité indépendante à opposant, arbitre électoral en chef avec VAR (Vision Assistance Replay) qui lui a permis de procéder à un troisième tour, dans, au moins, deux départements de Nouakchott. Tout ça pour dire que l’impossible n’existe pas. La preuve : les Mourabitounes sont à quelque quatre-vingt-dix minutes d’une qualification, historique, pour la Coupe d’Afrique des Nations. Qui pensait cela possible, il y a encore juste quelques années ? Il ne faut donc jamais dire : fontaine, je ne boirai pas de ton eau. J’espère que les doyens Boydiel ould Houmeid et El Moustapha ould Abeiderrahmane connaissent mieux que moi cet adage français. Personne ne sait ce que demain réserve à quiconque. Les Arabes disent que le retour à la Vérité est une vérité. C’est pourquoi il est important, aux gens de l’opposition radicale, d’intégrer cette sagesse : il faut haïr modérément, comme ça, le jour où tu décides d’opérer, un virage à quatre-vingt-dix degrés, tu peux manœuvrer, sans grand risque de te casser dos, nez et/ou la tête. Et aux gens de la majorité exagérée d’intégrer cette autre sagesse : il faut aussi aimer modérément. Comme ça, le jour où les choses changent, vous pouvez facilement vous adapter, sans grand problème. Notre démocratie nationale est atypique. Il n’y a que chez nous qu’on rejoue deux prolongations et trois mi-temps, dans un match électoral. Il n’y a que chez nous où l’avis de l’arbitre central ne compte pas beaucoup devant celui de son arbitre de touche. Ce n’est que chez nous que la majorité peut voter contre elle-même. C’est ce qu’on appelle, en football : marquer des buts contre son camp. Y a que chez nous où les remplaçants ont préséance sur les titulaires. Moi, j’ai une idée. Un grand parti des Oui. Un grand parti des Non. Diamétralement opposés. Le premier aura son siège à Zouérate. Le second à Boumdeid. Mais avec de fortes coordinations à Boutilimit, Kaédi et Rosso. Comme ça tous les points cardinaux seront réunis. Tous les peuplements rassemblés. Quand les Oui disent « le sucre est sucré ». Les Non diront « Ah non, il est amer ». Et si les Non rappellent que la Kaaba est vers l’Est, les Oui protesteront que cela a changé et qu’elle est à l’Ouest. Les Oui proposent-ils que le futur président soit de Boumdeid ? Les Non préfèreront qu’il soit de Nouadhibou ou de Zouérate. C’est ça, la politique : les uns disent quelque chose. Les autres systématiquement le contraire. Ça va, ça ne va pas. C’est bon, ce n’est pas bon. Un. Deux. Trois. Cinq. L’école mauritanienne ne va pas bien. L’école mauritanienne va très bien. La politique, c’est comme les jeux de dames ou d’échecs, il faut savoir placer ses pions, ses fous, son roi, ses valets, ses agents et ses truands. Salut.

Sneiba El Kory