Deuxième tour du scrutin du 1er Septembre : Duels en perspective

13 September, 2018 - 00:50

La commission électorale nationale indépendante (CENI) a enfin annoncé les résultats du premier tour des élections municipales, régionales et législatives, tenues voici déjà huit jours. Ils confirment les tendances qui se dessinaient, au fur et à mesure que la CENI en publiait les données, sur les antennes de la radio et de la TVM. Le principal parti de la majorité présidentielle, l’UPR, obtient 67 sièges sur 157. Suivi par le parti islamiste, Tawassoul qui s’en tire, déjà, avec 14 sièges. Devenu première force de l’opposition, depuis 2013, Tawassoul  est en ballotage avec le parti au pouvoir dans plusieurs circonscriptions du pays. Les deux formations confirment ainsi leur suprématie sur l’arène politique nationale et posent les jalons du duel autour duquel pourrait se jouer  la  présidentielle de 2019. D’où la question que  se posent plusieurs  responsables de l’opposition  et autres observateurs : le parti  islamiste usera-t-il de son influence  pour oser briguer le prochain mandat présidentiel ? Tawassoul semble bel et bien, aujourd’hui, la seule force capable de titiller le parti au pouvoir  et ses satellites. Question  subsidiaire : les autres partis de l’opposition accepteront-ils de courir le risque de cautionner  une  candidature islamiste, au risque de s’attirer les foudres,  et du pouvoir et de la Communauté internationale ? Ould Abdel Aziz a d’ailleurs  mis  en garde les Mauritaniens, dans une de ses récentes sorties,  contre « l’autre face » de l’islam démocratique.

Quoiqu’il advienne, les élections ont cependant démontré que le pouvoir, quelle qu’en soit la force apparente, a peiné à se faire plébisciter au 1ertour.

Le second se déroulera-t-il dans la transparence ? Le pouvoir acceptera-t-il de le perdre, si telle est la volonté des électeurs mauritaniens ? Les manœuvres ont déjà commencé. Le principal parti de la majorité présidentielle et ses satellites s’activent à remporter tous leurs duels avec ceux de l’opposition démocratique. Les ralliements vont bon train. Lundi matin, on annonçait celui d’APP au candidat de l’UPR, mis en ballottage à Zouérate avant que le  parti de Messaoud Ould Boulkheir n’annonce officiellement qu’il soutient la coalition Tawassoul/AJD-MR. Un nouveau communiqué publié dans la soirée du lundi 10 septembre dément l’information ? Le parti n’a toujours pas pris de décision concernant le second tour dans la cité minière, y apprend-on. Les  missions d’encadrement de l’UPR ne manqueront pas de bénéficier du soutien des comités d’appui  des cadres et autres généraux qui éliront leur QG, dès jeudi prochain, dans leur terroir. Pour sûr et comme le regrette Balas, le président d’Arc- en-ciel, l’argent jouera  un rôle déterminant dans le détournement du  choix des citoyens  au profit des  candidats du parti au pouvoir.

Côté opposition, la réplique ne s’est pas fait attendre.  L’Alliance Électorale de l’Opposition Démocratique (AEOD) a  diffusé un communiqué épinglant les diverses violations des conditions de transparence du scrutin, les hésitations  de la CENI, le retard apporté à la publication des résultats provisoires, et le détournement, par la fraude, de la volonté des électeurs. L’AEOD appelle tous les Mauritaniens à voter, massivement, en faveur des listes de toute opposition démocratique.

À cet égard, Jemil Mansour, tête de liste de la coalition de l’opposition pour la régionale de Nouakchott, dit attendre un appui « décisif » de ses alliés de l’opposition. Le premier à répondre favorablement à cette invite aura été le RFD qui, par la voix de son président, Ahmed ould Daddah a invité les électeurs  à barrer la route aux candidats du parti au pouvoir. C’est dire que le second tour sera donc l’occasion de suivre le réel fonctionnement de l’AEOD et les reports de voix des électeurs de l’opposition. Une  AEOD qui n’aura pas manqué, non plus, l’occasion de condamner, avec énergie, la détention du désormais député de l’Alliance RAG-SAWAB, Biram Dah Abeid.

DL