Elections locales : Va-t-on vers un report ?

12 July, 2018 - 02:18

Branlebas de combat dans les états-majors politiques ! La course contre la montre risque  de laisser des traces au sein des partis décidés à s’engager dans la bataille du 1er Septembre 2018. Exceptés ceux rompus aux compétitions électorales (UPR, RFD, UFP, MPR, UDP, PUD, AJD…), les autres, en particulier ceux  qui ne se sont jamais implantés  et ne disposent donc pas de structures de proximité, surtout à l’intérieur du pays,  éprouvent d’énormes  difficultés  à  mobiliser et recruter pour établir leurs listes.  Les coalitions concoctées, ici et là, ne règlent pas le problème du choix des candidats et des circonscriptions. Certains responsables de partis s’arrachent donc les cheveux pour être au rendez-vous et ne pas disparaître de l’arène politique. Partout s’organisent des réunions de concertation... tandis que le chronomètre tourne. Et il tourne vite, l’engin, avec un RAVEL démarré le 29 Juin dernier, en ne mobilisant que très peu. Les partis devraient sensibiliser leurs militants et  les pousser à s’inscrire mais ils ont la tête ailleurs : à ces cruciales listes candidates qu’il faut déposer dans des délais précis. La CENI a publié les dates de dépôt et tout doit se jouer, pour les  municipales, entre le 3 et le 13 Juillet. Idem pour le scrutin régional. Pour les députés à l’Assemblée nationale, ce sera entre le 18 Juillet et le 2 Août.

Plus que cinq jours, donc, en ce qui concerne les municipales et les régionales. Même l’UPR, qui vient de rendre publiques ses listes investitures, ne peut dormir sur ses lauriers. Il doit se battre sur deux fronts.

 

Côté UPR

D’abord, calmer la colère des  militants et sympathisants  des  tendances dont les propositions  n’ont pas été retenues, par la direction  de leur parti, et qui seraient tentés   d’aller se faire investir ailleurs,  avant de retourner au bercail, une fois élus, parce que la recommandation  du  1er dialogue (2013) relatif à la transhumance politique, n’aura pas été appliquée. En effet, ce dialogue sans l’opposition préconisait, en effet, que tout élu sous les couleurs d’un parti perdrait désormais son mandat, s’il quittait celui-ci. El Wiam de Boydiel Ould  Houmeid en fit notamment les frais, au conseil municipal de Rosso. Des conseillers élus sur sa liste furent débauchés, par l’UPR, pour faire perdre la majorité à l’équipe du député maire Sidi Diarra.

Second front  pour l’UPR : limiter  les dégâts que pourraient lui poser les partis de l’opposition engagés dans la bataille, après d’agressives alliances électorales. Après avoir enrôlé plus d’un million d’adhérents, l’UPR  veut traduire ce tsunami dans les urnes. Ce n’est pas gagné : il y a tout un monde, entre adhérer à un parti et voter pour  un candidat qu’on ne porte pas dans son cœur ou qui se tient en face d’un proche, disent  les Mauritaniens  très peu respectueux de la  discipline  politique.

L’UPR doit enfin se battre pour convaincre les populations  à lui renouveler la confiance. Ses militants ne manqueront certainement pas de revisiter les réalisations du président Ould Abdel Aziz. Mais, désaffection grandissante, tandis que s’élève une inquiétante lame de fond, ils entendront tout aussi certainement dire que ces réalisations n’ont pas du tout réussi à les sortir de la pauvreté, que le slogan « président des pauvres » ne les a pas rendus plus heureux – c’est un euphémisme… – que la gabegie n’a pas reculé – c’en est un autre ! – que le chômage des jeunes ne fléchit pas et que la question nationale reste encore singulièrement épineuse : persistance des pratiques esclavagistes et/ou de ses séquelles, règlement très en pointillé du passif humanitaire des années 86-91. Dans la Vallée, les populations, surtout les rapatriés du Sénégal, ne manqueront pas d’évoquer la confiscation de leurs terres et le problème  d’un enrôlement qui  laisse en rade nombre de familles et d’enfants. À l’Est du pays, les nombreux éleveurs qui assistent, impuissants, à la disparition de leur cheptel,  pourraient être tentés par un vote-sanction. Signalons enfin que les divers partis de la  majorité présidentielle ont signé, il y a deux jours, une alliance électorale  pour les régionales.

 

Côté opposition

La tâche ne sera pas aisée. Sauf Tawassoul, elle doit se battre pour rattraper le temps perdu par ses boycotts répétés, depuis l’accord de Dakar de Juin 2009. Des missions à l’intérieur du pays ont été dépêchées, pour identifier les potentiels candidats et convaincre, en même temps, les populations à se faire enrôler par le RAVEL en cours. Sans cesser de respecter l’alliance conclue, au sein du FNDU, notamment quand il s’agira d’aller à un second tour face à un parti de la majorité présidentielle. Ce n’est pas gagné, ici non plus.

Autre problème, commun, cette fois, aux deux camps : la période choisie pour les scrutins. L’hivernage n’est pas indiqué pour battre campagne. Surtout cette année. Le monde rural attend la pluie depuis trop longtemps pour ne pas préférer s’occuper d’autre chose que ses champs et  son bétail. Les acteurs politiques ne souhaitent donc pas s’engluer dans une Mauritanie profonde à la recherche d’électeurs si préoccupés. Pour toutes ces raisons, le pouvoir devrait penser à revoir son calendrier électoral. Le décaler d’un mois, voire deux. Pourquoi pas ? Personne de bonne foi ne s’y opposerait.

DL