15.16 Juin 1963& 19 Juin 2009: Inauguration des installations de MIFERMA & Le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi conditionne son retrait à la dissolution de la junte putschiste

18 June, 2014 - 13:42

Les 15 et 16 Juin 1963, Moktar Ould Daddah, président de la République inaugure les installations de MIFERMA en présence de Raymond Triboulet et de Michel Habib-Deloncle, membres du gouvernement français. Disant la " gratitude de la Mauritanie pour la contribution particulièrement importante que la France a apportée à la réalisation de MIFERMA et à la participation effective de l'Etat mauritanien à la gestion de la société ", il assure à tous les partenaires de la Mauritanie et aux Mauritaniens : " nous voici donc compagnons de route "… [i] Dès la fin de l’année, 1.700.000 tonnes de minerai auront été produites et 1.300.000 livrées. La crédibilité de la société et de la Mauritanie sont liées.

 

Le couple MIFERMA-Mauritanie est décisif pour la fondation de l’Etat-nation mauritanien. Les étapes de la mise en exploitation d’une ressource mise en évidence dix ans plus tôt sont exactement celles de la Mauritanie moderne et indépendante. L’octroi par la Banque mondiale du prêt nécessaire, le 17 Mars 1960, a été vécu à Nouakchott, à Rabat, à Paris comme une « reconnaissance internationale avant la lettre ». Dès la mise en œuvre de la Loi-cadre, cette concomitance est sensible.  Le 19 Septembre 1957, les premiers techniciens de la Société arrivent à Fort-Gouraud tandis que des élus des principaux territoires de l’Afrique occidentale française sont reçus à Ouargla par le ministre du Sahara, il s’agit de se représenter ce que serait une Organisation commune des régions sahariennes, et qu’à Dakar se décide, avec les Espagnols, l’opération « Ouragan, » qui va sécuriser l’administration du Sahara occidental pour près de vingt ans.  Le 31 Mars 1959, dès l’adoption de la première Constitution mauritanienne (Le Calame du 24 Mars 2009 – chronique anniversaire), s’esquisse en conseil de gouvernement la convention fiscale et les accords d’établissement à passer avec MIFERMA, signature qui doit attendre les élections  (Le Calame du 11 Mai 2010 – chronique anniversaire). Les lois du 10 Juillet 1959 établissant un régime fiscal de longue durée et y admettant MIFERMA à en bénéficier en même temps que l’Etat est autorisé à donner sa garantie au prêt sollicité auprès de la B.I.R.D. font partie d’un ensemble législatif fondateur des institutions publiques de la jeune République Islamique [ii]. En même temps que se résout la question du régime constitutionnel et que démissionne Sidi El Moktar N’Diaye, le principal « parrain » du président Moktar Ould Daddah à ses débuts de 1957, s’inaugure en présence de celui-ci le premier tronçon de dix kilomètres de voie ferrée, le 13 Mars 1961.Et la révision des accords avec la France le 15 Février 1973 (Le Calame du 12 Février 2008 – chronique anniversaire) plus encore la mise en circulation d’une monnaie nationale, le 29 Juin suivant (Le Calame du 20 Juin 2010 – chronique anniversaire), ne se comprennent que dans la perspective de la nationalisation de la société. L’événement, alors que le partage du Sahara sous administration espagnole, a scellé une communauté de destin avec le Maroc, marque le début de la distanciation algérienne : le colonel Boumedienne souhaitait un rôle économique et politique dont le priva l’acquiescement à la décision du président Moktar Ould Daddah, sans conflit ni représailles, des dirigeants de la société et de l’ancienne métropole. Le tracé d’une nouvelle frontière éloignant très sensiblement le Maroc des installations minéralières, fut un des enjeux de ce partage et le soutien du premier responsable de la S.N.I.M. accordé aux conjurés du 10 Juillet 1978 ne fut pas négligeable pour le succès puis la crédibilité du putsch, au même titre que la complicité du gouverneur de la Banque centrale.

 

L’essentiel, souligné par ces coïncidences de dates, reste l’émancipation budgétaire de la Mauritanie vis-à-vis de la France qu’a permis, seule, et au bon moment, l’entrée en exploitation de la Kedia d’Idjill. Les travaux ont été achevés avec six mois d’avance, grâce notamment à une accélération sensible pour les trois cent derniers kilomètres de voie ferrée. Le 16 Avril précédant l’inauguration, le premier train (Le Calame du 12 Avril 2011 – chronique anniversaire), à l’époque le plus lourd et le plus long du monde quitte Zouérate pour Nouadhibou (alors Port-Etienne). Sans doute, la conjoncture commerciale internationale est-elle baissière au moment de cette entrée de MIFERMA et de la Mauritanie sur le marché, mais la société parvient tout au long de 1964 à maintenir les prix obtenus en 1963 : ils sont cependant inférieurs de 9% aux prévisions de 1959. Sans doute aussi, les chantiers de la société et de ses partenaires sont-ils les lieux d’un apprentissage difficile du salariat en Mauritanie et d’une organisation syndicale autre que les corporations de la fonction publique. Sans doute, enfin, le défi d’une mauritanisation des cadres est-il alors entier. Mais la tentation d’une souveraineté étrangère au pays dans ses confins septentrionaux ou d’une fraude systématique des douanes, du fisc et plus tard de la monnaie du jeune pays, par une société consciente de sa place dans l’économie mauritanienne, presque exclusive pendant les années fondatrices, ne dominera finalement pas la psychologie de chacun des deux partenaires. Il n’y aura ni double langage ni méfiance mutuelle, mais simplement et inéluctablement une évolution. La découverte des possibilités de plusieurs guelbs en 1967 et le chiffrage en 1970 de leurs réserves : deux milliards de tonnes, y sera pour beaucoup.

 

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 Le 19 Juin 2009, le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi fait savoir qu’il n’accepte pas de démissionner si la junte des putschistes n’est pas, au préalable, dissoute. Messaoud Ould Boulkheir, président de l’Assemblée nationale et probable candidat des anti-putsch à l’élection présidentielle, désormais prévue pour un premier tour le 18 Juillet, lui donne raison : « On ne peut pas lui demander de démissionner alors que l’outil de son départ forcé, le Haut Conseil d’Etat, n’est pas dissous ». D’abord rumeur depuis le 15 Juin [iii], ce préalable a été refusé, le 18, par le représentant des putschistes à la table de négociation alors même que l’accord se faisait sur la répartition des portefeuilles dans le gouvernement supposé d’union nationale : Défense et Intérieur à l’opposition. Pour l’un des députés qui a mené la « fronde » parlementaire dans les derniers mois de la légalité constitutionnelle, Sidi Mohamed Ould Maham [iv] « L’ancien président continue de s’obstiner à ne pas signer et a préféré utiliser les accords de Dakar pour engager un règlement de compte avec l’armée… Sidi cherche à torpiller les accords parce qu’il n’y voit pas ses intérêts personnels et renie ainsi ses engagements solennellement déclarés de signer la feuille de route qui sortirait d’un consensus national. La dissolution du Haut Conseil d’Etat ne figure pas dans ces accords, ouvrir les débats sur cette question est une manière évidente de bloquer leur mise en œuvre». Les soutiens du putsch assurent que la junte n’a qu’un rôle « purement sécuritaire sans aucune interférence dans la politique » et engagent donc l’opposition à dépasser « cette question de détail pour aller vers l’essentiel »… Pour le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, il s’agit au contraire de contribuer à l’avenir en enlevant, autant qu’il est possible, à l’armée ses instruments d’intervention dans la vie politique nationale. L’institution du Haut Conseil d’Etat en est un, s’il demeure en tant que tel. Le BASEP, le bataillon d’élite dont le général Mohamed Ould Abdel Aziz n’a cédé le commandement direct que trois ans en vingt ans, en est un autre.

 

Le 18 Juin, le comité de suivi avait pris « acte des dispositions différentes exprimées par les trois pôles politiques sur le statut du Haut Conseil d’Etat et les moyens d’assurer la sécurité nationale », exhorté les parties à la « conciliation » mais recommandé aussi une nouvelle session d‘urgence du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Quant à la réunion prévue pour se tenir à Dakar le 20 Juin avec les négociateurs du mois précédent, elle risque de perdre toute efficacité s’il s’avère que le général Mohamed Ould Abdel Aziz n’y sera pas représenté [v]. Ba Adama Moussa, un des négociateurs pour le compte du putschiste et se trouvant en tournée dans le sud du pays avec le candidat, assure que « nous ne voyons pas de raison d’aller à Dakar. Cette rencontre serait sans objet parce qu’elle n’a aucune chance  de voir ses conclusions adoptées ». Dans la soirée du 19, Sid’Ahmed Ould Rayess menace : « Si dans une courte période, quarante-huit heures au plus, l’autre partie n’a pas annoncé son engagement pour une application à la lettre des accords de Dakar, nous serons obligés d’envisager des mesures nouvelles pour l’organisation technique du scrutin du 18 Juillet ». Le chef de la délégation du putschiste observe surtout que « cette question (la dissolution du Haut Conseil d’Etat) ne figure pas dans les accords que j’ai négociés personnellement, il n’y a pas de clauses secrètes ou cachés, nous nous en tenons à l’esprit et à la lettre de ce que nous avons signé ».

 

A quoi répondent le Rassemblement des forces démocratiques (R.F.D.) et le Front national pour la défense de la démocratie (F.N.D.D.) : « Tous les médiateurs et les négociateurs savent pertinemment que les deux questions en suspens relatives au rôle du président de la République et au sort du Haut Conseil d’Etat étaient l’objet d’une entente et d’un engagement ferme du président sénégalais Abdoulaye Wade ». Redisant donc son attachement « aux clauses écrites de l’accord de Dakar ainsi qu’aux clauses non écrites y afférant », l’opposition assure qu’elle est prête « à répondre à l’invitation de la médiation sénégalaise et internationale pour se rendre à Dakar ou en tout autre lieu ». Il s’agit pour elle de « sauver » l’accord. Si elle s’est solidarisée avec le président renversé pour le préalable ultime d’une sorte de renvoi dos à dos et de démission simultanée de l’autorité légitime et de l’institution putschiste, elle a cependant accepté l’essentiel de ce que souhaite Mohamed Ould Abdel Aziz. L’élection anticipée à tenir, désormais, dans le mois courant, sa propre participation au scrutin, le maintien en place du Premier ministre qu’il a nommé.

 

C‘est dans cette ambiance qu’est arrêté le directeur du site internet d’opposition : Taqadoumy, Hanevy Ould Dehah [vi]. Dès Mars, le site avait fait l’objet d’une fermeture pour informations « mensongères et calomnieuses » mais le procureur de la République avait été démis de ses fonctions dès son ordonnance. C’est menotté que le journaliste a été emmené en gendarmerie puis à un commissariat de police par un inconnu qui prétendait  « lui remettre des documents à publier ». Le 23, un humanitaire américain sera tué par balles à Nouakchott [vii] devant son établissement d’enseignement des langues et d‘informatique.

 

Les discussions reprennent à Dakar dans la nuit du samedi 20 au dimanche 21. Le R.F.D. reste représenté par Mohamed Abderrahamne Ould Meine et le F.N.D.D. par Mohamed Ould Moloud, mais l’Union pour la République dont le candidat est le général Mohamed Ould Abdel Aziz a changé de porte-parole : Mohamed Yahya Ould Horma [viii]. Les choses sont laborieuses, l’apparence est d’un suspens total et tandis que le candidat du premier jour fait campagne dans l’intérieur du pays, ses adversaires putatifs semblent refuser la compétition. Maintenu hors de la négociation, le président légitime, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi ne communique pas mais fait savoir : « Ma position est qu’il me faut la dissolution du HCE comme condition préalable à ma démission, les négociations actuelles sur cette question ne pouvant être que d’ordre sémantique. Ce que suggère pour moi la situation actuelle est que la communauté internationale essaie de se mouvoir dans des marécages qui séparent l’ordre constitutionnel, la légalité et le fait accompli d’un coup d’état qui a renversé un président démocratiquement élu. Tout ce beau monde est désormais bien installé dans ces marécages. ». Le ministre sénégalais des Affaires étrangères prétend au contraire qu’ « Il y a eu de longues discussions mais on n’a pas encore bouclé la question. D’ici demain soir (le mardi 23), on espère boucler le dossier. On a fait énormément d’avancées mais on veut avoir un accord parfait » ! La médiation propose de changer l’appellation du Haut Conseil d’Etat, tout en en conservant la composition mais en le plaçant sous l’autorité du gouvernement d’union nationale. La junte refuse cette subordination [ix] tandis que le signataire pour elle de l’accord du 4 Juin, devenu directeur de campagne, assure que « ces élections auront lieu le 18 Juillet, comme prévu, elles ne seront pas reportées, même pour une heure de temps ». On ne peut mieux dire que le scrutin ne peut être que de forme, nonobstant l’application ou l’inapplication de l’accord de Dakar, la formation ou pas du gouvernement de transition : l’exigence du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi ne porte que sur « un point de détail ». Si l’accord se fait sur une appellation, figurant déjà dans la Constitution de 1991 mais jamais mise en œuvre[x], et ne prévoyant de subordination qu’au président de la République, chef des armées…

 

L 23 Juin, c’est un ajournement sans décision. Boydiel Ould Houmeid, président du F.N.D.D. remarque que si « l’autre camp décidait d’y aller avec son gouvernement actuel, cela ressemblerait alors au scrutin unilatéral du 6 Juin et nous le boycotterions » [xi]. De fait, le président intérimaire, président du Sénat, en place depuis que le général Mohamed Ould Abdel Aziz a démissionné de l’armée et du Haut Conseil d’Etat, rappelle par décret que le délai pour déposer une candidature à l’élection présidentielle reportée au 18 Juillet par l’accord du 4 Juin, expire le 26 Juin. L’opposition légitimiste fait aussitôt opposition devant le Conseil constitutionnel[xii]. Mais, alors que le groupe de contact international va se déplacer à Nouakchott, l’hélicoptère de Mohamed Ould Abdel Aziz, fait un atterrissage forcé en plein désert : sans blessé ni dégât [xiii], à quelques trois cent kilomètres de Oualata.

 

C’est dans ces conditions de désordre et entre autres événements imprévisibles que se décide sans écrit la soi-disant mue du Haut Conseil d’Etat, auto-appellation de la junte en un Conseil de la défense nationale prévu par la Constitution. Mais le premier communiqué de l’institution ne laisse aucun doute sur l’interprétation par les putschistes de la perpétuation de leur rôle tutélaire[xiv].

 

Ould Kaïge

Comme le lecteur le comprend, j’essaie de commenter l’actuelle « campagne »présidentielle par un parallèle entre les vingt et une années fondatrices de la Mauritanie avec  Moktar Ould Daddah et ses coéquipiers, d’une part, et la « légitimation » de Mohamed Ould Abdel Aziz par les urnes en 2009.

Prochaines chroniques :

23 Juin 1959 - Moktar Ould Ould Daddah est investi Premier ministre 

&

24 Juin 2009 -  le Conseil constitutionnel rejette le décret du président intérimaire organisant l’élection présidentielle

. . .

1er.7 Juillet 1971 - entrée des jeunes opposants au Bureau politique national du Parti du Peuple

&

1er Juillet 2009  à la suite de l’accord de Dakar, les principales personnalités politiques, toutes candidates à l’élection présidentielle

 

 

 

 

[i] - ce que développe l’inamovible directeur général de la société, Jean  Audibert : Miferma, un aventure humaine et industrielle en Mauritanie (L’Harmattan. Octobre 1991. 216 pages), dont les qualités techniques et la loyauté envers le pays d’accueil et ses autorités, ont été décisives pour le succès de l’entreprise et donc pour la fondation du jeune Etat

 

[ii] - loi sur la protection de l'ordre public - loi portant délégation de certaines compétences de l'Assemblé Nationale au gouvernement - loi portant création et organisation du Tribunal administratif -  loi relative à la Commission constitutionnelle - loi portant organisation et fixant la procédure de la Haute Cour de Justice

 

[iii] - ----- Original Message -----

From: mabdallahi didi

To: Bertrand Fessard de Foucault

Sent: Tuesday, June 16, 2009 12:41 PM

                                                                                                                     

Mon cher Bertrand,

Plusieurs messages que j’ai commencé à vous écrire, mais que je n’ai pas pu achever et envoyer (appels incessants, en particulier de wade, dans le cadre de la recherche d’une solution permettant de surmonter le blocage actuel relatif au HCE. J’exige la dissolution de ce « machin », avant ma démission et MOAA refuse. La Communauté internationale semble s’accommoder d’une solution consistant à accepter le maintien du HCE, avec des réaménagements destinés à me faire accepter cela. Un abîme entre les beaux principes affichés et la pratique. Situation bloquée pour le moment, en attendant le retour, cet après midi, de Wade du Gabon.

Je suis toujours à Lemden, que je ne quitterai qu’après que la situation ait été débloquée par l’acceptation de la dissolution du HCE.

 Amitiés

Sidi

 

----- Original Message -----

From: mabdallahi didi

To: Bertrand Fessard de Foucault

Sent: Friday, June 19, 2009 3:15 PM

Subject: Courrier du vendredi 19 juin

 

Mon cher Bertrand,

Depuis deux jours il y a un blocage réel pour ce qui est de l’application de l’accord de Dakar. Le Gouvernement n’est pas formé et le Président de la République n’a pas démissionné. La raison immédiate du blocage est que MOAA ne veut pas (plus) de la dissolution du HCE et que j’exige cette dissolution avant de démissionner. Il y a quelques jours il a semblé au Pt Wade que la solution pourrait être trouvée à travers un traitement « sémantique » permettant d’éviter le terme « dissolution » en le remplaçant par un ou plusieurs termes ayant la même signification.

Je me suis prêté à cela et j’ai accepté successivement deux propositions qui m’ont été faites dans ce sens. Mais elles ont été faites par MOAA dont le représentant aux dernières réunions des mauritaniens avec les médiateurs a déclaré de façon claire leur opposition à la dissolution du HCE disant que cela n’était pas prévu par l’accord.

Les médiateurs et le CGI (Groupe de Contact International sur la Mauritanie) ont dit qu’ils ne baissent pas les bras et qu’ils poursuivent la recherche d’une solution s’inscrivant dans le cadre défini par l’accord.

Ils envisagent une réunion du CPS (Conseil de Paix et de Sécurité), une réunion du GCI (Groupe de Contact International sur la Mauritanie) au plus haut niveau et un Dakar 2 (nouvelles négociations entre les trois pôles mauritaniens).

Tout cela pour trouver une solution au blocage qui est essentiellement  (si ce n’est exclusivement) la question du HCE.

Il me semble qu’il aurait été plus approprié d’exercer des pressions sur MOAA pour qu’il accepte la dissolution étant donné que ma position est bien connue et que mes concessions ne peuvent être que d’ordre sémantique.

Pendant ce temps MOAA continue ses tournées à l’intérieur du pays. Un programme de 9 jours dont  il reviendra à Nouakchott le 26 juin.

Son raidissement concernant le HCE est très probablement dû au fait  que les élections envisagées pour le 18/07 lui apparaissent à lui et à ses supporters comme très risquées.

Il a probablement choisi de revenir à des élections type 6/6, avec son gouvernement, son administration et ses premiers concurrents. 18/7 se passerait comme devrait se passer le 6/6.

Je crains que même avec ce revirement votre pays ne condamne pas « cette solution unilatérale » et qu’il envisagerait de le reconnaître rapidement après son élection. Il aurait ainsi, par delà les belles déclarations en faveur de la démocratie de l’ordre constitutionnel, soutenu un coup d’état contre un régime démocratique à travers une succession de déclarations destinées à faire découper le grand morceau de viande pour pouvoir le faire avaler.

Jusqu’à présent le FNDD et le RFD ont collaboré de façon satisfaisante.

Est-ce que Ahmed se présenterait dans cette perspective d’un 18/7 à la MOAA ? Est-ce que Ely se présenterait ? Trop tôt pour que je puisse en parler. Dans quelques jours on y verra sûrement plus clair.

J’ai l’impression que l’opinion publique, bien que très désireuse de la conclusion d’un accord entre les différents partis, comprend la position ferme du Président de la République concernant le HCE.

Amitiés,

Sidi

PS : trouvez ci-dessus la dernière proposition concernant le HCE que j’ai acceptée.

 

A l’attention du Président Wade,

Je vous retourne la proposition que vous m’avez envoyée avec des changements plutôt de forme, que j’ai mis en italique.

PROPOSITION DE COMMUNIQUE DU HCE

 Le Haut Conseil d’Etat, au cours de sa réunion de ce jour, a décidé de remettre ses prérogatives et fonctions au Gouvernement Transitoire d’Union Nationale en vue de permettre à celui-ci de créer, dès sa première réunion, un Conseil Supérieur de Défense Nationale, conformément à l’article 34 de la Constitution.

 

PROPOSITION DE DECLARATION DES TROIS POLES

  Les Trois Pôles politiques mauritaniens, signataires de l’Accord-cadre de Dakar, prennent acte du Communiqué du Haut Conseil d’Etat et s’en félicitent.

 Les Trois Pôles engagent le Gouvernement de Transition, lors de son Premier Conseil des Ministres, à procéder par décret à la mise sur pied d’un « Conseil Supérieur de Défense Nationale », conformément à l’article 34 de la Constitution.  

 

----- Original Message -----

From: mabdallahi didi

To: Bertrand Fessard de Foucault

Sent: Sunday, June 21, 2009 2:25 PM

Subject: Message du dimanche

 

Mon cher Bertrand,

« Dakar 2 » a commencé hier soir, je n’en ai pas encore de nouvelles. A quoi peut-il aboutir? Les médiateurs et la CGI souhaitent la mise en œuvre effective de l’accord de Dakar. A quelles conditions et pourquoi faire ?

1-Il semble que la fin doive plus que jamais justifier les moyens. Les organisations internationales, les grandes démocraties de ce monde iraient jusqu’à accepter (pour ne pas dire imposer) l’éviction d’un président démocratiquement élu et le maintien d’une structure politico-militaire anticonstitutionnelle, responsable du renversement d’un président élu et de l’exercice de ses fonctions. Pourvu que l’accord soit mis en œuvre.

2-Il faut que les élections soient organisées le 18/07. Il ne faut surtout pas demander si politiquement et techniquement cela est possible. Si vous le faites vous êtes accusé de vouloir saboter et vous risquez d’être montré du doigt par la Communauté Internationale comme portant la responsabilité de l’échec de l’accord.

Comment est on arrivé là ?

Comment tant de monde aussi sérieux peut il se comporter d’une façon aussi peu responsable ? Aussi peu respectueuse (et peut être ignorante des choses) ?

Il y a là quelque chose qui nous échappe, qui m’échappe et que je souhaite bien (avec votre aide) comprendre.

Ma position est qu’il me faut la dissolution du HCE comme condition préalable à ma démission, les négociations actuelles sur cette question ne pouvant être que d’ordre sémantique.

Ce que suggère pour moi la situation actuelle est que la communauté internationale essaie de se mouvoir dans des marécages qui séparent l’ordre constitutionnel, la légalité et le fait accompli d’un coup d’état qui a renversé un président démocratiquement élu.

Tout ce beau monde est désormais bien installé dans ces marécages.

Jusqu’à quand ?

Amitiés,

Sidi

 

----- Original Message -----

From: mabdallahi didi

To: Bertrand Fessard de Foucault

Sent: Monday, June 22, 2009 5:46 PM

Subject: Message du lundi

 

Mon cher Bertrand,

Dakar ? Une proposition du Groupe de Contact, à laquelle j’aurai préféré une autre qui parle clairement de la dissolution du HCE.

Cette proposition maintient le HCE en lui donnant un nouveau nom et  en le mettant sous l’autorité du gouvernement transitoire d’union nationale. Le RFD et le FNDD ont accepté, le camp de MOAA a refusé. Mais depuis hier la communauté internationale met tout en œuvre, comme pression, comme menaces-me dit on pour lui faire changer d’avis.

Des analyses faites par le FNDD et le RFD faisant de l’acceptation de cette proposition un échec réel pour MOAA et ses troupes, ayant des conséquences funestes pour lui sur le plan électoral, parlant de l’état de l’opinion nationale qui ne pardonnerait pas à celui qu’elle considérerait comme responsable de l’échec de l’accord de Dakar, sont utilisés pour me convaincre de ne pas porter la responsabilité de l’échec de Dakar 2 au cas où ce ne serait MOAA qui se chargerait de le porter. Qu’en pensez vous ?

Admiratif devant l’énergie que vous déployez pour défendre les causes auxquelles vous croyez, reconnaissant pour tout ce que vous dites de moi et faites pour moi.

Amitiés,

Sidi

 

----- Original Message -----

From: mabdallahi didi

To: Bertrand Fessard de Foucault

Sent: Tuesday, June 23, 2009 7:41 PM

 

Mon cher Bertrand,

 J’ai appris certaines choses que je vous communique en vous laissant le soin d’en faire l’usage que vous estimez le plus indiqué.

1/ Les Français me préfèrent de loin MOAA. Je pense qu’ils ont, au moins à certains niveaux, cautionné  mon renversement.

  Pourquoi ? J’avoue que je n’en sais trop rien, les raisons invoquées (islamisme, laxisme dans la lutte contre le terrorisme) ne pouvant m’apparaître que comme des prétextes, sachant que les Français ne doivent pas ignorer qui je suis. Je dois vous dire que je n’ai pas l’intention de me dépenser à les convaincre qu’ils se trompent sur moi. Je le ferais pour mes compatriotes mais pas pour des étrangers.

  A Dakar, donc, les Français qui disaient autour d’eux que c’est le Président Sidi qui bloque, qui prend le pays en otage et qui risque de tout faire foirer, par son entêtement à vouloir faire dissoudre le HCE, ont dit que si  jusqu'à  lundi (hier), un accord n’est pas trouvé à Dakar, ils s’orienteront vers le soutien du processus unilatéral par lequel MOAA maintiendra la date du 18/07 pour l’élection présidentielle.

 La position de l’Espagne, moins déterminée, est tout de même contre la dissolution du HCE (Pêche et immigration clandestine obligent).

  Nous sommes aujourd’hui devant une France qui tient absolument à sortir du jeu le Président légitime et qui conçoit et aide à l’exécution d’un projet permettant de légitimer le tombeur de ce président.

    Il y a deux jours le représentant de MOAA, a dit qu’ils donnaient 48 heures aux négociateurs de Dakar et que si un accord n’est conclu d’ici là, ils envisageront, eux, leur sortie de crise.

   Il m’a été affirmé, que cette déclaration a été induite (coordonnée, inspirée) par la partie française.

   Les résultats des négociations de Dakar sont attendus d’un moment à l’autre, je pense qu’il s’agira de dire que la médiation continue et peut être de mettre en garde MOAA contre la mise en œuvre d’un processus électoral unilatéral.

Amitiés,

 Sidi

 

[iv] - Agence France presse Nouakchott – 18 Juin 2009 18 heures 52

 

[v] - Agence France presse Nouakchott – 19 Juin 2009. 18 heures 13

 

[vi] - Agence France presse Nouakchott – 20 Juin 2009 à 15 heures 43

 

[vii] - ibid. – 23 Juin 2009 à 13 heures 10 et à 15 heures 43

 

[viii] - Agence France presse Dakar. – 21 Juin 2009 à 02 heures 01

 

[ix] - ibid. – 22 Juin 2009 à 18 heures

 

[x] - Constitution du 20 Juillet 1991

ARTICLE 30: Le Président de la République détermine et conduit la politique extérieure de la Nation, ainsi que sa politique de défense et de sécurité.

ARTICLE 34: Le Président de la République est le Chef suprême des forces armées.

Il préside les conseils et comités supérieurs de la défense nationale.

 

 

[xi] - ibid. – 23 Juin 2009 à 22 heures 18

.

[xii] - Agence France presse Nouakchott – 24 Juin 2009 à 18 heures 55

 

[xiii] - ibid. – 24 Juin 2009 à 18 heures 14

 

[xiv] - Mauritanie / Politique / Défense

Communiqué du Conseil Supérieur de Défense Nationale

Nouakchott - 28 - juin - (AMI) - Le Conseil Supérieur de la Défense Nationale (CSDN), s'est réuni en session ordinaire le dimanche 28 juin sous la présidence du général Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, Président du Conseil Supérieur de Défense Nationale .

Le Conseil Supérieur de Défense Nationale a salué l'évolution positive des négociations et l'entente conclue entre les protagonistes favorisant un nouveau climat politique dans le pays empreint de sérénité et de concorde nationale, gages d'une bonne élection présidentielle le 18 juillet 2009.

Le Conseil Supérieur de Défense Nationale rappelle, pour sa part, que si les forces armées et de sécurité ont pris leurs responsabilités le 6 août 2008, c'était bien pour sauver le pays et défendre les acquis démocratiques.
Dix mois se sont écoulés au cours desquels tout a été mis en oeuvre pour améliorer les conditions de vie des citoyens, rétablir l'autorité et la crédibilité de l'Etat et enfin préserver les libertés individuelles et collectives .

Aussi, l'on ne peut que se féliciter aujourd'hui que le processus engagé par les forces armées et de sécurité a conduit à un consensus national qui s'est traduit par des accords conclus entre les trois pôles démocratiques mauritaniens .

C'est dans ce contexte que l'institution ayant dirigé le mouvement du 6 août 2008 a pris l'appellation de Conseil Supérieur de Défense Nationale.

Ce dernier, conscient de ses responsabilités envers la Nation, entend accomplir ses tâches conformément à la constitution et aux lois de la République.

Le Conseil Supérieur de Défense Nationale restera toutefois vigilant vis-à-vis de toute action tendant à porter préjudice au climat de paix et de sécurité dans le pays.

Enfin, le Conseil Supérieur de Défense Nationale tient à saluer l'effort considérable consenti par les médiateurs internationaux en vue de rapprocher les points de vue des 3 pôles politiques mauritaniens. Il tient aussi à féliciter les dirigeants de ces trois pôles mauritaniens pour leur sens élevé de responsabilité et leur capacité à parvenir à une solution consensuelle