Risque de travail forcé en Mauritanie : identifier la meilleure approche méthodologique

28 February, 2018 - 15:35

« La Mauritanie a fait des grands efforts pour lutter contre l’esclavage et le travail forcé dans toutes ses formes […] », a déclaré Federico Barroeta, point focal du BIT en Mauritanie, à l’entame d’une table ronde, tenue du 28 Février au 1er Mars dernier, à Nouakchott, sur l’approche méthodologique de l’étude qualitative des relations à risque de travail forcé en Mauritanie.

Barroeta étaye sa déclaration avec la récente mission de contact direct qui a, dit-il, permis de mesurer tous les efforts accomplis pour abolir concrètement le travail forcé. « Elle a permis aussi d’identifier les défis à venir, pour éradiquer toutes les séquelles de l’esclavagisme sous toutes ses formes ». Et de rappeller que la lutte contre le travail forcé est un combat de tous les instants : « Malgré tous les  efforts et cette volonté des mandants, la problématique du travail forcé reste préoccupante à travers le Monde », déplore-t-il. « Le rapport de 2017 montre que 40 millions de personnes sont victimes d’esclavagisme moderne : 25 millions en travail forcé et 15 millions en mariage forcé. 71% de ces victimes sont des femmes et 25%, des enfants. La servitude pour dettes constitue, dans 50 % des cas, la cause de l’esclavagisme». De son côté, madame Carolyn Huang, représentant le Département américain du travail, a indiqué que l’étude et les discussions permettront de comprendre le travail risqué, tout en  saluant les améliorations enregistrées en Mauritanie qu’elle qualifie de « grandioses ».

Voici les objectifs spécifiques poursuivis par la table ronde : se concerter pour un consensus et une base de soutien, autour de la pertinence de l’étude et de son processus ; discuter et valider l’approche méthodologique, y compris les thématiques, les outils et les techniques de recherche ; prendre en compte les perspectives et priorités des différents acteurs dans l’étude ; définir le mécanisme de coordination et suivi de l’étude, les rôles et responsabilités de chaque partie ou institution ; favoriser l’appropriation des résultats par l’ensemble des parties prenantes. La première séance a eu trait au cadre normatif ; la seconde a porté sur les principaux instruments mis en place par le gouvernement.

Pour rappel, ce sont le Ministère de la Fonction Publique, du Travail et de la Modernisation de l’Administration (MFPTMA) et le Bureau International de Travail (BIT) qui ont convenu, à travers la composante mauritanienne du projet Bridge » du protocole (C29) à la pratique : une passerelle pour une action mondiale sur le travail forcé » ; de réaliser la fameuse étude qualitative. Les résultats de la réflexion avec les parties prenantes vont, notamment, contribuer au processus de mise à jour du Programme Pays de Promotion du Travail Décent(PPTD), prévu en 2018. Le projet Bridge, financé par le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique, vise à soutenir les efforts globaux et nationaux, dans la lutte contre le travail forcé, suite au Protocole de 2014 relatif à la convention sur le travail forcé (C29) de 1930, ratifié, par la Mauritanie, en Février 2016. Les interventions prévues visent à renforcer le gouvernement mauritanien, les organisations de travailleurs et d’employeurs – plus généralement, la Société civile en son ensemble – pour la mise en œuvre des instruments mis en place pour la lutte contre ces pratiques, conformément à la feuille de route de lutte contre les séquelles de l’esclavage et la loi n°2015-031 .

Le projet est articulé autour d’un certain nombre de composantes dont information et sensibilisation, amélioration des connaissances et des capacités des acteurs, recherche et production des données sur le travail forcé et développement des partenariats pour des opportunités économiques. Autant de données susceptibles de développer, dans le pays, des opportunités de formation et d’emploi pour des publics vulnérables. On espère bien que la table ronde aura permis de définir, de façon concertée, la meilleure approche méthodologique pour y contribuer, en plein respect des travailleurs.