Nouvelles d’ailleurs : Ne rien faire mais le faire bien...

17 September, 2014 - 10:05

Avant toute chose et d'entamer ma chronique et une fois n'étant pas coutume, je tiens à faire amende honorable. Hormis que la chose n'est pas un exercice facile (la modestie n'est pas une de mes qualités, vous le savez bien....), elle me paraît toute indiquée pour ce que je considère comme ma vérité.

Dans ma chronique de la semaine dernière, concernant les murs qui sclérosent notre vivre ensemble, j'ai laissé entendre que les maures étaient tous « anti noirs ». Du moins, un ami proche qui venait de lire ma chronique, l'a ressenti comme cela. J'ai donc relu attentivement ma phrase en sabir local et me suis rendue compte qu'il avait raison. Ceux qui me connaissent savent qu'il est très loin de ma pensée de faire de la généralisation, ni du cloisonnement. Bien sûr qu'il n'y a pas, chez nous, un groupe ethnique qui serait affublé d'un « gène » raciste. Le rejet de l'autre, la peur, la stigmatisation, les fantasmes, les mépris n'ont pas de couleurs. La réalité des choses, à savoir qu'il y a bien une culture officielle dominante qui tend à exclure de fait toutes les autres composantes, en particulier les négro-mauritaniens, par le biais de l'imposition forcée de la langue arabe comme langue unique et par ce que j'appelle la « fabrication de la mémoire et de la tradition », une pré supposée arabité pure et sans taches, ne doit pas occulter le fait que tous les maures, nonobstant les discours que j'entends de ci de là, ne sont pas « racistes ». Le racisme est partout chez nous. Les digressions concernant telle ou telle ethnie sont légion chez nous. Des racistes il y en a chez les maures, mais il y en a aussi chez les noirs. J'ai entendu des choses scandaleuses dans toutes les langues ; j'ai entendu des haines terribles, j'ai entendu des clichés réducteurs. Peut-être que mon métissage me rend plus sensible à ces propos... Beaucoup de maures ne rêvent que d'une Mauritanie pacifiée, apaisée, multiculturelle, sans haines. Faire d'eux des citoyens caricaturables à l'infini ne fera pas avancer la machine. La mémoire et la douleur, la colère et la frustration, ne peuvent tout permettre.

Alors mea culpa...

Maintenant passons à mon sujet du jour : notre nouveau week end à la sauce Nous Z'Autres.

Ben dites donc... Nous ne sommes pas riches mais nous avons des idées ! Nous voilà heureux et quelque peu déboussolés propriétaires d'un week end de 2 jours et demi et de journées de travail de 9 heures.

Pour les Nous Z'Autres qui sommes ataviquement allergiques au travail, voilà une équation à résoudre...Comment, en attendant ces 2 jours et demi fabuleux de week end (nous sommes le seul pays au monde à avoir un week end à rallonge, n'est ce pas formidable?), gérer notre incapacité à monter au travail et à y faire ce pourquoi nous sommes maigrement payés, à savoir travailler ?

Déjà que quand nous ne devions bosser que 8 heures par jour, ce n'était pas gagné...Alors, que dire de 9 heures ?

Pour nous consoler de cette surcharge de non travail, nous pouvons nous focaliser sur la magique heure de «  il est midi, nous sommes vendredi ! Vive le week end! ».

Dés lundi matin ne plus garder en tête que ce midi sacré. Avoir une idée fixe ça aide.

Je reconnais que l'exercice est difficile, surtout le lundi, le mardi, le mercredi, le jeudi. Il n'est agréable que le vendredi matin. Et encore....à 8 du mat, midi paraît si loin encore.....Mais bon, on ne peut tout avoir....Faut prendre son mal en patience....

Autre adaptation pour les travailleurs ravis que nous sommes.

Nous, Nous Z'Autres pragmatiques et intelligents, avons, en matière de travail, découvert bien avant toutes les études scientifiques que des adages stupides tel que «  le travail est un épanouissement » ne sont que des attrape couillons. Montrez nous un seul pauvre type qui s'épanouit au travail ! Non, on ne s'épanouit pas au travail et encore moins quand le travailleur est un Nous Z'Autres. Le Nous Z'Autres s'épanouit dans la paresse et en position allongée sur un matelas, les orteils en éventail, un verre de thé à la main...

Mais, par la force des choses, nous sommes obligés d'aller travailler, idée conçue par nos gouvernants successifs qui pensent à notre santé mentale.

Pour résumer, dans notre république dattière, il y a deux sortes de travailleurs : les glandeurs (ceux qui ne bossent pas mais dont la journée est remplie) et les paresseux (qui ne font vraiment rien). Parfois, des hurluberlus travaillent réellement, traîtres qu'ils sont. Mais ils ne sont pas légion. Je précise que je parle du travail local, à savoir le travail dans les ministères et dans les bureaux. En dehors de ce monde de fonctionnaires, il existe de vrais travailleurs, qui bossent comme des dingues pour une bouchée de pain.

Revenons donc à toute cette humanité « laborieuse » et bureaucratique.

Je vous propose de faire, pour la neuvième heure, ce que nous savons faire de mieux.

Mon slogan: Ne rien faire mais le faire bien.

Et appliquer ceci à toute la journée de travail.

Faites donc semblant de travailler en n'oubliant pas que ceci est un art.

Découpez vos pauses : ne pas coupler la pause clope et la pause thé. Faites une pause pour chaque.

Apportez des magazines à lire cachés dans votre serviette. Quand vous voudrez les lire choisissez les toilettes les plus éloignées de votre bureau, c'est plus prudent. Si, en plus, vous avez la merveilleuse idée de déclarer, la mine mâchée, que vous souffrez d'une bonne vieille tourista, vous pourrez ainsi passer la journée aux toilettes à ne rien faire.

Pour cacher votre écran d'ordinateur et le fait que vous êtes en train de surfer sur FB, apportez des pots de plantes vertes pour le cacher. Ca embellit votre bureau, ça rend gai tout le monde et le tour est joué : vous pouvez continuer à draguer sur FB.

Travaillez que les deux premières heures, sans en faire trop. Surtout ne pas réclamer des dossiers supplémentaires. Faut juste ce qu'il faut. Vous ciblez les choses urgentes, vous les expédiez. Vous aurez au moins travaillé deux heures.

Promenez vous dans les couloirs avec un dossier sous le bras. Prenez l'air inspiré de celui ou celle qui sait où il va....ça impressionne.

Allez voir vos collègues. Eux aussi glandent, ils seront contents de glander avec vous.

Quand vous jouez au solitaire et que votre boss arrive, appelez vous sur votre téléphone et faites semblant que vous êtes en communication professionnelle.

Apprenez à dormir les yeux ouverts. Cela demande de l'entraînement mais après c'est top.

Si, vraiment, vous n'avez pas envie d'aller « travailler », trouvez les bonnes excuses et souvenez vous que vous avez déjà enterré votre tante le mois dernier, qu'il n'est donc pas utile de la « tuer » une seconde fois. « tuez » des membres obscurs d'une famille inventée. A force d'enterrer chaque mois votre grand mère, même le glandeur des RH finira par renifler l'arnaque....

Vous pouvez aussi prétexter un burn out devant votre surcharge de travail et dire que vous avez rendez vous avec votre médecin pour «  phobie administrative » (c’est à la mode).

Vous pouvez aussi dire que vos satanés gosses ont caché les clés de votre voiture.

Je nous fais confiance pour trouver les mille et une excuses des glandeurs au boulot...

Une chose primordiale à ne pas oublier : votre patron, avant d'être patron, a été lui aussi un glandeur professionnel. Alors soyez imaginatif car il connaît les combines...Mais qui vous dit qu'il ne glande pas lui aussi ?

Et vous voilà donc vendredi midi, face à 2 jours et demi de paresse pure....

Une semaine de travail de gagné...

Il n'y a plus qu'à recommencer la semaine suivante....

N'oubliez pas : ne rien faire mais le faire bien....

 

Salut

 

Mariem mint DERWICH