Nouvelles d’ailleurs : Murs....

10 September, 2014 - 02:51

Les Saoudiens auraient dû nous consulter avant d'investir des millions dans la construction de leur mur censé les protéger des incursions des djihadistes de tout acabit qui gambadent allègrement à leurs frontières, « joyeux » mélange de tendances extrémistes, chacune ayant son propre calendrier, ses propres objectifs, sa propre mémoire, son idéologie, ses combats, ses « Dieu est avec moi », etc...

Je ne m'appesantirai pas sur l'ironie de cette construction pharaonique qui voit les créateurs, les financiers, les soutiens de cet Islam rigoriste être obligés de se prémunir contre leur bébé.

Depuis ce que j'appelle la « création de la tradition » ou comment inventer, afin de mieux recruter, une « mémoire » sur qu'est ce que le Califat (l'argument ultime du Daech), son « islamité » et, surtout, depuis l'Afghanistan où, pour contrer le « mal » communiste, les alliances contre-nature entre les Etats Unis et les Saoudiens, ont ouvert la porte à toutes les dérives, partout où le regard porte, nous voyons la marque wahhabite.

A force de vendre aux occidentaux des discours comme «  acceptez, négociez, avec ces extrémistes là, car ceux qui arrivent sont encore plus barbares » », nous voilà avec une pléthore de « plus extrémistes que moi tu meurs »....

Bref... Résultat de toute cette sauce : les Saoudiens s'emmurent. Ils en ont les moyens.

Mais ils auraient pu économiser tout cet argent. Et nous prendre comme modèles.

Nous aussi avons nos murs. Ils sont invisibles mais d'une efficacité redoutable.

Ces murs étant « plantés » de façon aléatoire et ne figurant sur aucune carte, nous sommes devenus, par la force des choses, un peuple de gens qui rebondissent contre des murs invisibles.

Certains se retrouvent écrasés lamentablement contre ces murs invisibles. Il leur faut un temps certain pour récupérer du «  je viens de m'écraser lamentablement contre du vide ».... D'autres, experts en la matière, marchent les bras tendus devant eux, à la recherche du « mur perdu ». Ce sont les petits malins, qui ont, dans une expérience antérieure, déjà testé le grand « ratatinage ».

Du coup, partout où le regard du Nous Z'Autres lambda porte, il ne voit que vols planés, décollages de corps divers et variés, triple salto arrières, écrabouillages...

Vu notre faculté d'adaptation à tout et n'importe quoi, surtout à n'importe quoi, certains d'entre nous ont développé des grâces aériennes, s'explosant avec grâce.... C'est beau un boubou en envol artistique...

Nous sommes le pays aux murs invisibles qui ne sont jamais à la même place, des murs migrants. Des murs statiques, ça ne serait pas rigolo. Là où il n'y a pas de gêne il n'y a pas de plaisir n'est ce pas ?

Même sur les plateaux télé, il y a des murs invisibles.

Le débat sur Chinguitty TV entre Samba Thiam (FPC, ex Flam), Lo Gourmo, Abdessalam Ould Horma (Sawab) et Bilal Ould Hamza ne fut qu'une histoire de mur, le premier d'entre eux : comment échanger, débattre quand on ne parle pas la même langue.

Un bel exercice vain de gens qui ne se comprenaient pas.

Pas de traducteurs, pas de passerelles....Juste des mauritaniens se regardant en chiens de faïence et ne comprenant pas ce que disaient les autres.

C'est notre mur à nous : la langue, la cohabitation, l'entente, le partage...

Il est nous, invisible et, en même temps, si palpable.

Il est notre mur « porteur », celui où sont agrégés d'autres murs, sous murs de sous murs : les murs de l'ignorance, les murs de l'incompréhension, les murs du mépris, les murs de l'acculturation, les murs politiques, les murs rejets, les murs défiance, les murs bêtises, les murs peurs....

Chacun rebondit contre ces murs, avec, parfois, des murs « rencontres »...

Nous voilà donc heureux Z'habitants d'un pays emmuré vivant dans ses contradictions.

Quand d'autres avancent, nous nous construisons des murs « à reculons ».... Le seul avantage c'est qu'ils ne coûtent rien...si l'on peut penser que la mort de notre intelligence est une perte mineure.

En quoi une traduction aurait elle été impensable ?

En quoi traduire nuit-il à la cohabitation ? En quoi serait-il honteux et anachronique de faire de manière que tout le monde puisse s'entendre, se comprendre ?

L'arabe ou le halpulaar seraient ils dévalorisés s'ils étaient traduits ?

Un débat sur la cohabitation aurait mérité mieux que cette émission lamentable.

Pour résumer cette émission massacrée, voilà ce qui me vient à l'esprit : une phrase dans toutes les langues de notre République, (et pourquoi pas ? Nous pourrions inventer notre langue officielle, la langue des Nous Z'Autres ; nous ne sommes plus à une incongruité prés) :

Pardonnez la transcription phonétique....

«  Hasunka Mariemou (soninké, Bonsoir), khouti, lekwar khbarhoum (hassaniya, mes frères, que font les négro-mauritaniens ici,), minanta safaroré (Halpulaar, Je ne comprends pas), réro amoul niak wakhtane rek am (wolof, Tout malentendu vient de la communication....), problemou mania (Bambara, Les problèmes c'est pas bon) ! »

Bref... Vendons donc notre « technologie » de la surdité aux saoudiens....Pour une fois que c'est nous qui leur vendrions autre chose que nos policiers....

Salut

Mariem mint DERWICH