Calamités…. Calamités…. Calamités…

24 August, 2017 - 09:41

Il ya quelques jours, les autorités mauritaniennes arrêtaient le sénateur Mohamed ould Gadda, au débarcadère de Rosso. Le parlementaire, qui jouit encore de son immunité parlementaire (article 50 de la Constitution) est emmené dans un lieu inconnu de sa famille et de son avocat. Il y est tenu au secret, six jours durant. Des méthodes de barbouze sen violation flagrante des dispositions du paragraphe 2 de l’article 58 du Code de procédures pénales obligeant l’officier de police judiciaire qui détient une personne en garde à vue d’avertir, dans les plus brefs délais, son conjoint ou quelqu’un de ses proches. Depuis trois à quatre jours, le Parquet a enfin permis à son avocat de le rencontrer et fait suivre un communiqué selon lequel le sénateur Ould Gadda serait impliqué dans un groupe de personnes préparant une déstabilisation du pouvoir en place. Plusieurs personnalités de la diaspora, notamment l’homme d’affaires, Mohamed ould Bouamatou, El Moustapha ould Limam Chavi, tous deux installés au Maroc, et l’ancien président du patronat, Ould Ezzizi, sont dans le collimateur des services de renseignements qui concocteraient un dossier compromettant susceptible de mettre hors d’état de nuire les membres de cette bande « indélicate ». Comme d’habitude, l’appareil judiciaire sera copieusement mis à contribution, pour procéder aux montages nécessaires à cet objectif. Les rapports, très étroits, entre le jeune sénateur et le célèbre homme d’affaires Ould Bouamatou qui joua un grand rôle, dans la légitimation du coup d’Etat de Mohamed ould Abdel Aziz,  en Août 2008 et sa première élection à la présidentielle de 2009, sont un secret de Polichinelle. Le jeune parlementaire est un opposant farouche au système. Quelques jours avant le fameux discours de Néma de Mohamed ould Abdel Aziz (3 Mai 2017), Ould Gadda suggérait, déjà, la mise en place d’une commission d’enquête, sur les financements de la Fondation de feu Ahmedou ould Abdel Aziz. Depuis, le jeune sénateur n’a cessé de mettre son nez et son argent partout, pour démontrer que les slogans d’Ould Abdel Aziz, surtout la lutte contre la gabegie et la promotion de la bonne gouvernance, sont fallacieux. Les enquêtes, sur les conditions et les modalités de la livraison du directeur général des renseignements libyen Senoussi, ne servent ni la crédibilité ni l’image du système. Les imprudentes révélations du sénateur Gadda, sur le patrimoine du chef de l’Etat, distillées, à tort et à travers, sur les réseaux sociaux et dans la presse, sont très gênantes. Le sénateur allant même jusqu’à déclarer que ce ne serait, là, qu’un « lancement » (en jargon de cinéma), avant-goût, donc, de gros dossiers de gabegie et de malversations dont seraient responsables le Président promoteur de la transparence et son équipe. Corruptions, marchés de gré à gré et vastes opérations d’accaparement de deniers publics à la pelle, en veux-tu, en voilà. Avec l’affaire Gadda, la vieille histoire de « la balle amie de Toueïla » revient ainsi sur le tapis, puisque le sénateur a sorti un enregistrement où toutes les thèses officielles sur cette histoire sont remises en cause.

De son côté, le Parquet fonde son accusation à l’encontre du parlementaire sur la base d’une plainte que l’officier tireur de ladite balle aurait déposée contre lui. Procès en perspective ? Belle occasion, se réjouit cependant maître Ahmed Salem ould Bouhebeïni, de revenir, amplement, sur les véritables tenants et aboutissants d’une scabreuse affaire d’un président de la République « imprudemment » visé, par un officier qui a pris tout le temps de se mettre à genoux. Quoiqu’il en advienne, l’Etat ne veut manifestement plus laisser une personne aussi tonitruante que le sénateur Ould Gadda courir les rues et les pays. La fameuse machine à complots se met donc en branle, pour une fabrication de mauvais goût. Ou la compromission évidente des personnes accusées, si le Parquet parvient à démontrer, avec des preuves valables, qu’elles sont vraiment impliquées dans cette soi-disant tentative de déstabilisation organisée contre le pays. Il faut attendre et voir. Puisque l’affaire du sénateur Ould Gadda n’en est certainement pas à ses derniers rebondissements et semble, comme on dit, avoir son après.

 

El Kory Sneiba