Mauritanie : croissance toujours en berne et économie au creux de la vague

19 August, 2017 - 17:33

L’économie mauritanienne reste toujours au creux de la vague, avec une croissance en berne imputable à l’environnement international, selon les conclusions d’un document établi par le Fonds Monétaire International (FMI), à l’issue des consultations avec le gouvernement, au titre de l’article IV des statuts de l’institution financière logée à Washington. En effet, notre économie reste « vulnérable » du fait d’un environnement extérieur « complexe »  et le gouvernement doit procéder à la diversification du tissus économique,  tout en accordant une importance particulière à la réalisation des infrastructures, recommande le même document.
Donnant des explications détaillées sur la conjoncture, le document du FMI convoque « la faiblesse et la volatilité des cours des métaux de base ». Ce pays tire plus d’un tiers de ses ressources budgétaires des exportations de fer brut.
Ainsi « en 2014 et 2015, la chute des cours du minerai de fer a réduit les exportations de moitié,  creusé le déficit budgétaire, pesé sur les réserves en devises  et mis en évidence les vulnérabilités des banques.
Face à cette situation, les autorités ont sensiblement ajusté le budget de l’année 2016, d’un montant de 3% du Produit Intérieur Brut (PIB), laissé le taux de change s’ajuster, tout en mobilisant des dons et des prêts étrangers.
Ces efforts ont permis de réduire les déséquilibres extérieurs et de maintenir la stabilité macroéconomique : le déficit courant à été réduit à 15% et l’inflation contenue à 1,5% en moyenne en 2016.
Toutefois, la croissance reste faible, avec une estimation à 1,7%  et la dette extérieure a continué de s’accroître (jusqu’à 72% du PIB) ».
Par ailleurs, « le ralentissement de l’activité économique  a accentué les risques pesant sur la stabilité financière. Une situation face à laquelle les autorités ont décidé de renforcer la supervision bancaire et de préparer une Stratégie  Nationale de Croissance Accélérée et de Prospérité Partagée (SCAPP-2016/2030) pour un développement plus inclusif ».
Pour faire face  à la  conjoncture mondiale et la faiblesse des cours des matières de base, les administrateurs du FMI recommandent « avant tout  d’accompagner la croissance, combattre la pauvreté et le chômage, diversifier l’économie et répondre aux besoins en infrastructures, tout en renforçant la stabilité macroéconomique, la position extérieure  et la viabilité de la dette ».
Ainsi, les réformes et la mise à niveau des infrastructures sont  jugé « vitales » par les administrateurs du FMI.
La plupart de ces experts  estiment également « prioritaire une action visant à assurer une plus grande souplesse du taux de change pour contribuer à doper la compétitivité, améliorer la situation extérieure, absorber les chocs et permettre à la politique monétaire de mieux gérer les contraintes de liquidité  bancaires et d’accompagner la croissance économique».
Les dernières semaines ont été marquées par une plongée du taux de change de l’ouguiya par rapport aux principales monnaies étrangères : notamment l’euro, le dollar us et le franc. Un constat qui a alimenté la crainte « d’une dévaluation en douceur » non déclarée.
Cependant, il est techniquement impossible d’accréditer une telle thèse dans un environnement marqué par un taux de change flexible, suivant la loi du marché.
D’ailleurs,  au sujet d’une plus grande souplesse  du taux de change,  un nombre réduit  d’administrateurs du FMI attirent l’attention sur « la faiblesse des capacités de production de la Mauritanie » et émettent des doutes au sujet « du potentiel qu’offrirait une plus grande flexibilité» de cet instrument de gestion de la politique monétaire.
Il y a également la crainte manifestée  par les autorités qu’une politique monétaire accommodante  ne compromette les efforts engagés pour stabiliser une situation extérieure qui demeure faible ».

                                Amadou Seck