Le pouvoir se prépare à poursuivre Bouamatou et certains de ses proches : Un nouveau Grab ?

3 August, 2017 - 01:18

Des sources sécuritaires ont révélé à l’Agence d’Al Akhbar que les autorités mauritaniennes travaillent à la préparation d’un dossier judiciaire relatif à une accusation à l’encontre de l’homme d’affaires mauritanien Mohamed Ould Bouamatou qui réside au Maroc et quelques uns de ses proches  pour une affaire qui serait, dit-on, liée à la sécurité de l’Etat. Les sources d’Al Akhbar confirment que certains éléments du  dossier, assez en avance, se rapportent à ce que le président Ould Abdel Aziz a promis de révéler publiquement le 3 août prochain à l’occasion du meeting de clôture de la campagne électorale des amendements constitutionnels. Les sources sécuritaires confirment à Al Akhbar que l’Etat  fonde les éléments de son dossier sur les informations recueillies à partir de l’ordinateur et des téléphones du directeur des affaires de Mohamed Ould Bouamatou, Mohamed Ould Debagh saisis vers la première quinzaine du mois de mai lorsque celui ci quittait Nouakchott pour le Sénégal. Depuis lors, Ould Debagh n’est plus jamais revenu au pays de crainte d’être arrêté. Certains autres éléments du dossier se rapporteraient aux enregistrements que la gendarmerie a extraits des téléphones confisqués du sénateur Mohamed Ould Ghadda lors de son accident sur l’axe Nouakchott/Rosso le 12 mai 2017 lorsqu’il partait pour Dakar.

 

Illégalité

Les sources ajoutent que les autorités accusent principalement Ould Bouamatou de financer des groupes politiques  dont l’objectif est de perturber la sécurité du pays et indiquent que le volume, le mode de distribution de cet argent et les organisations et partis qui en ont profité seront dévoilés. Le 20 juillet dernier, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui supervisait l’ouverture de la campagne référendaire avait invité les populations de Nouakchott à venir nombreuses  le 3 août 2017 au meeting de clôture de cette campagne où il leur a promis de leur faire des révélations inédites et surprenantes. Les responsables de sa campagne continuent à mobiliser les populations pour participer à ce rassemblement qu’ils qualifient d’historique. Seulement, les sources précisent qu’Aziz et son équipe n’ont pas encore décidé s’ils vont rendre publics les documents et les enregistrements qu’ils détiennent ou si Ould Abdel Aziz ne finira pas annoncer que leur quintessence et continuer ainsi à les distiller à la manière des enregistrements du sénateur Ould Ghadda. Les sources sécuritaires, qui ont requis l’anonymat, indiquent que certains collaborateurs d’Ould Abdel Aziz ne cachent pas leur crainte que l’exploitation de ces documents et de ces enregistrements ne mettent le président Ould Abdel Aziz dans une situation d’illégalité qui pourrait se retourner contre lui. Surtout que l’opinion se demande de quel droit peut-on saisir l'ordinateur et les téléphones  d’Ould Debagh le 25 avril dernier, en lui précisant tout de même (comme pour s'excuser!) que les ordres sont venus "d'en haut, très haut"; dans le cadre de quelle procédure? Initiée par quel juge? Au nom de quoi on distribue les contenus des smartphones du sénateur Ould Ghadda, téléphones qui sont d’ailleurs toujours entre les mains du commandant de brigade de la gendarmerie et le procureur de Rosso. Dernière question, sans doute la plus importante: Depuis quand financer l'opposition de son pays est un délit? Et les milliards collectés (de force) par l'UPR lors de la campagne de 2014 pour financer la campagne d’Aziz? C'était aussi un complot? Contre qui cette fois ?

 

Affabulations

 

Cette affaire rappelle une autre. Celle du Grab 1 et 2 qui a défrayé la chronique en 2003 lorsque le pouvoir de Maaouya Ould Sid’ Ahmed Taya a voulu, à travers  un montage grossier, mettre hors d’état de nuire ses adversaires en leur faisant porter la grave accusation de tentative de déstabilisation de l’Etat en connivence avec des forces extérieures. L’histoire démontrera plus tard qu’il s’est juste agi d’affabulations mensongères  dont certains acteurs courent encore les rues. Aujourd’hui, avec la saisie du portable de Mohamed Ould Debagh et celle des téléphones du sénateur de Mohamed Ould Ghadda, tous deux proches de l’homme d’affaires en exil au Maroc, Mohamed Ould Bouamatou et avec la confiscation  il y a quelques jours du passeport de l’opposant Birame Ould Dah, président du Mouvement IRA par la DGSN pour soutirer quelques informations, notamment la date de son expiration (janvier 2018) et quels pays cet encombrant militant des droits humains a visités, l’Etat mauritanien inaugure une nouvelle forme de moyens de pression et se prépare, sait-on jamais, éventuellement à confectionner des dossiers judiciaires qui pourraient servir, le cas échéant, à intimider ceux qui semblent déterminés à  ne pas lui laisser les coudées franches pour accomplir paisiblement ses projets pour la Mauritanie nouvelle.

 

El Kory Sneiba