Commission d’enquête du Sénat sur le patrimoine de l’Ong Rahma: Le sénateur Youssouf Sylla accuse le président du sénat de vouloir protéger la famille du président

6 July, 2017 - 12:25

Au cours d’un point de presse tenu, ce mercredi à midi,  à l’hôtel  wissal, le sénateur  Youssouf Tidjani Sylla a accusé le président du Sénat, Mohcen Ould El Hadj de "faire obstruction à la constitution d’une commission d’enquête pour connaître la provenance du patrimoine de l’Ong Rahma",  fondée  par  le défunt fils du président de la République.

Le  sénateur de MBout, initiateur de ladite  commission, révèle  que  le président  Mohcen refuse de programmer  une séance plénière  pour approuver,  par vote, et conformément à la législation, la constitution de cette commission,  déjà adoptée par la conférence des présidents. Il s’agit, poursuit M. Sylla  d’une volonté de Mohcen ElHadj de « bloquer la constitution de cette commission pour protéger la famille du président ». Pour  M. Sylla, qui refuse de douter de la sincérité d’Ould Abdel Aziz  de combattre la gabegie, celui-ci devrait plutôt  s’en réjouir,  si bien évidement ’il n a rien à cacher.

Le sénateur rappelle qu’il y a eu un précédent avec la constitution d’une commission pour connaître la ou les provenances  des ressources de la Fondation Khattou, épouse de l’ex-président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Et que  la constitution d'une telle commission est conforme à la constitution  et au règlement intérieur de la chambre haute.

Le sénateur a profité de l’occasion pour réitérer l’opposition des sénateurs et de la majorité des mauritaniens  aux amendements constitutionnels, et a invité le président de la République à méditer ce qui s’est passé au Burkina Faso, en Tunisie et ailleurs. Il a également dénoncé l’opposition des mauritaniens à la rupture des relations diplomatiques avec  l’Emirat du Qatar, affirmant que c’était  là une bonne occasion d’user de l’article 38 de la Constitution pour demander l’avis des mauritaniens. Nous devrions rester prudents et en dehors de cette guéguerre qui ne nous concerne pas, conseille  le sénateur.

Sur les passeports diplomatiques, désormais  refusés  aux sénateurs,  Youssouf Sylla  dénonce le « chantage » que le président de la République  exerce à l’endroit des sénateurs,  à qui la loi confère ces documents,  dans l'exercice de leur  mandat. Ces documents de voyage, qui étaient livrés par le ministère des affaires étrangères, relèvent désormais du cabinet du président.

« Un président qui  demande l'application des textes de lois de la République ne doit pas être à l’origine de leur violation », conclut Youssouf Sylla.

Répondant à la question de savoir pourquoi il est seul à défendre ce texte devant la presse, le sénateur répond qu’il n’a pas demandé l’assistance de ses collègues, et  qu’il  doit défendre seul  sa proposition jusqu’à ce qu’elle parvienne à leur vote.

C’est  tout de  même curieux que le sénateur de M’Bout se retrouve tout  seul à défendre l’idée d’une commission d’enquête sur l’ONg Rahma, alors même que certains de ses collègues sénateurs étaient les premiers à en parler. L’un des sénateurs avait exprimé, à l’occasion,  le doute sur l’origine des biens de cette Ong. Que s’est-il passé depuis ? Une rumeur faisant croire que les frondeurs  opéreraient  un virage de plus de 190° pour  approuver  les amendements constitutionnels qu’ils avaient rejetés, circule depuis quelque temps à Nouakchott. Le nouveau texte ne comporterait pas la modification des couleurs du drapeau national. Au retour, les  sénateurs bénéficieraient  de deux ans de salaires.