Calamités…. Calamités…. Calamités…

8 June, 2017 - 00:33

Il y a quelques jours, au cours de sa « mission » dans les deux Hodhs, le Premier ministre Yahya ould Hademine a provoqué le buzz, en déclarant que le système actuel ne quittera pas le pouvoir, en 2019. Une sortie qui a suscité des réactions à tous les niveaux et une grande confusion, au sein de la classe politique, en relançant la fameuse « affaire du troisième mandat ». Il est évident que « l’hyène ne peut pas déchirer la gourde de Meriem », comme le rappelle le dicton. Ould Hademine ne peut, en aucun cas, se permettre de prendre l’initiative de raconter des inepties, sans y avoir été autorisé, en haut lieu. Et, vlan !, surenchère de Sidi Mohamed ould Maham, le président de l’Union Pour la République : Mohamed Ould Abdel Aziz ne quittera pas les affaires en 2019. Un message que le premier responsable du parti au pouvoir distille, à l’occasion des coupures de jeûne que sa formation organise. Visiblement, plus les temps avancent, plus les intentions s’éclaircissent. Un terrible imbroglio dans lequel Mohamed Ould Abdel Aziz et ses hommes placent le pays. A la clôture du dernier dialogue politique, Ould Abdel Aziz avait déclaré, « sur les têtes des témoins », qu’il ne se représenterait plus et n’avait, même, jamais eu en tête l’intention de briguer un troisième mandat apocryphe. Et, revlan !, voilà que deux de ses plus proches collaborateurs disent exactement le contraire de ce qu’il avait publiquement déclaré, avec les félicitations de la Communauté internationale et le satisfecit de l’opinion nationale. Vu comme ça, cette histoire des amendements constitutionnels ne serait qu’un subtil alibi et une machiavélique manœuvre pour arriver à maintenir indéfiniment Mohamed ould Abdel Aziz au pouvoir. L’idée de cet homme « très en avance sur son temps » à introniser roi est particulièrement intéressante, en ce qu’elle permet de ne plus dépenser d’argent en des élections inutiles, nulles et non avenues. Les propos de Yahya ould Hademine et de Sidi Mohamed Ould Maham signifient, tout simplement, que les institutions et les lois nationales de toute nature sont caduques. La bénédiction de Mohamed ould Abdel Aziz à ces déclarations et agissements est évidente. Autrefois, ils disaient que « l’imbécile (essevih), s’il n’est pas interdit, c’est qu’il est autorisé ». Depuis le rejet, il y a quelques mois, des amendements constitutionnels par le Sénat, le pouvoir est très mal à l’aise. Le bras de fer continu de l’Exécutif, avec un groupe de sénateurs frondeurs, fragilise, de jour en jour, la majorité qui prétend soutenir le président Mohamed Ould Abdel Aziz. Les divergences internes, au sein de l’UPR, et la contestation, de plus en plus claire, de la gestion de Sidi Mohamed Ould Maham forment un autre aspect de cette confusion, au sommet du système. L’Union Pour la République vient de procéder, en son siège central, à la distribution de produits alimentaires aux responsables de ses sections. Les ministres du gouvernement ne ratent aucune occasion de partir en campagne en faveur du oui, lors du referendum annoncé au 15 Juillet 2017 et dont le financement de cinq milliards vient de motiver une loi de finances rectificative, pour en assurer la budgétisation. La Commission électorale nationale indépendante a repris du service depuis quelques semaines. L’Observatoire national pour les élections s’apprête à redémarrer. Les jours et les nuits se succèdent et nous rapprochent de 2019. La campagne officieuse bat son plein. Le Premier ministre qui semble avoir le vent en poupe met et démet qui il veut. Avec le débarquement de l’ancien Premier ministre, Moulaye ould Mohamed Lagdhaf, de son poste de ministre secrétaire général de la Présidence et du puissant désormais  ex-patron de l’Agence des documents sécurisés, M’rabih ould El Welli, le terrain est maintenant dégagé, au PM et à ses amis, pour procéder aux dosages ethnico-tribalo-régionaux susceptibles, croient-ils,  de réaliser leur éphéméride de maintien au pouvoir de Mohamed ould Abdel Aziz, au-delà de 2019. Un des premiers obstacles étant de faire passer les amendements constitutionnels, passage obligé vers les autres composantes de ce programme. Jamais, de 2008 à maintenant, la scène politique nationale n’aura été si confuse et incertaine. Où va le pays ? L’entêtement, la boulimie du pouvoir et le mauvais entourage n’ont jamais été que de mauvais conseillers.

El Kory Sneïba