Gorgol : «Aziz honore la vallée», selon Ba Amadou Abou et Thiombé

18 June, 2014 - 13:12

Canicule comme une chape de feu, sur les têtes des populations qui sont, pourtant, venues nombreuses et sans hésitation, accueillir le candidat-président tout près de rempiler à un second mandat. De l’aéroport à la wilaya, des deux côtés du bitume, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, tous pris dans une sorte d’ivresse, brandissent les portraits géants de leur champion qui a bien voulu entamer, à Kaédi, le premier et très probablement dernier round de ce qu’il convient d’appeler la farce électorale de 2014. En se frottant à cet environnement du Fouta, histoire de prendre la température de sa popularité, Mohamed Ould Adel Aziz a rompu la tradition de ses prédécesseurs qui lorgnaient, en pareille occasion, du côté de l’Est. L’homme a l’air détendu. Ses pas, alertes, bien rythmés, s’accordent aux «  youyous », presque hystériques, de ses fans. Sa garde rapprochée a dû éprouver quelques sueurs froides, tant le bain de foule fut chaleureux. Il l’était, en tout cas, bien davantage que la compétition entre l’ex ministre et actuel député, Ba Yaya, et Cheikh Tahara Baradji, candidat malheureux aux municipales passées – ce qui n’a en rien entamé sa popularité, toujours grandissante – à accaparer le terrain, exhiber leur capacité de mobilisation, prouver leur engagement à soutenir le Boss. Cette concurrence, plus personnelle que politique, au demeurant, avait tout d’une confrontation fratricide, par personnes interposées, très « physiquement concrètes », pour le premier, et plus « défilés motorisés », pour le second.

Apres l’accueil, fort animé, comme savent le faire les Gorgolois, il fallut attendre le soir, pour assister au lancement officiel de la campagne, sur les pentes de la colline. Accompagné de tous les représentants des partis se réclamant de la mouvance présidentielle, le candidat Aziz, qui n’a point lésiné sur les moyens pour solenniser ce moment légitimant sa reconduction, s’est lancé, après les salutations et remerciements d’usage, dans la défense de son bilan. Largement positif, tient-il à dire, résumant, ainsi, toute sa capacité de chef à orienter ses troupes vers le développement, en l’espace d’un temps dix fois inversement proportionnel à l’indépendance du pays .Un record, une prouesse inégalable, semble-t-il vouloir démontrer, preuve de son intelligence à rendre heureuses les populations, en relevant le double défi du temps et des réalisations. « Regardez comme je suis beau, fort et efficace », en somme, « aimez-moi, je le veux ! »

 

Sons et couleurs

Dans son discours qui fait toujours référence aux cinquante ans d’indépendance de la Mauritanie, le candidat-président tente d’ameuter ses partisans et sympathisants autour de son programme « gagnant », marqué par la construction de routes, hôpitaux, infrastructures éducatives, la bonne santé financière et économique du pays qui permet », martèlera-t-il devant son  auditoire assommé, « de relever le niveau de vie des Mauritaniens ; et par les nombreux projets d’investissement qui contribuent au renforcement de la cohésion sociale et économique ». Comme pour illustrer et mieux convaincre les plus sceptiques qu’il est bien l’artisan du changement, le tribun s’est offert les services et les opportunités des nouvelles technologies, en projetant un film qui retrace tous ses voyages, inaugurations et autres « poses de première pierre », tout ça sur fond martial exhibant l’armée dans son rôle républicain.

Après la traduction, en pulaar et en soninké, des propos aziziens, ce sont les interventions successives du fédéral, Ba Amadou Abou, et du maire Thiombé qui ont, tous deux, loué « l’honneur fait aux populations de la vallée », avant de s’engager à relever le défi de la victoire. Puis la parole revient à l’attelage présidentiel au premier rang duquel se tient l’UDP, avec Sangott Mamadou qui s’est appesanti, dans une intervention musclée semblant faire pied-de-nez aux autres partis de la majorité, sur le soutien constant de son parti à Ould Abdel Aziz, depuis le coup de force de 2008. Les observateurs noteront combien l’intervention de Sangott en dit long sur les petites guéguerres politiciennes qui empoisonnent la cour du chef, alors que l’instant eût, plutôt, demandé l’accommodation des discours à la personnalité du candidat et à son programme.

Alors que les étoiles disparaissaient, comme la foule, sur la pointe des pieds, les pétards pétillants prenaient le relais, histoire d’ajouter en sons et couleurs à  cette cérémonie de lancement qui sonne comme un défi aux militants républicains, encore groggy par l’euphorie de l’accueil, appelés, pourtant, à se rendre à l’évidence que rien n’est jamais gagné d’avance. Pour la petite histoire, on notera, enfin, que seuls les partisans du candidat Biram Dah Ould Abeïd ont tenu à marquer la présence de leur opposition, à Kaédi, en organisant, le même soir, un meeting non loin du cinéma. Silence radio pour les autres, notamment ceux de Boïdiel et Ibrahima Sarr, aux abonnés absents.

Biry Diagana 

CP Gorgol