Présidentielle à Ghoudiya: Les sénatoriales en ligne de mire

18 June, 2014 - 13:09

Les manœuvres de positionnement, en vue des prochaines élections sénétoriales, ont, semble-t-il, commencé avec… la présidentielle du 21 juin. En effet, le maire de Boubacar Ben Amer (Ghoudiya, Tagant), maître Saleck Ould Abdel Jelil, élu sous les couleurs du parti El Wiam, a décidé de soutenir le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz, pour le scrutin du 21 juin. Il est ainsi revenu dans ce que les observateurs ont appelé son « milieu naturel », à la demande de sa jamaa de Ghoudiya. En fait, cette jamaa n’a jamais évolué dans l’opposition. Et, même si elle y fut cataloguée, après le putsch du 6 août, elle sut garder une « position modérée ». C’est d‘ailleurs pour cette raison que le maire de Ghoudiya, resté très discret, choisit de se faire investir par le parti El Wiam, lors des dernières municipales. Il sera réélu, haut la main, au premier tour, face au candidat UPR. « C’était une formalité administrative », justifie un membre de la jamaa, pour ne pas « trahir la responsabilité historique ». « Il a résisté à toutes sortes d’assauts », disait, à l’époque, un de ses proches. Cette victoire du maire sortant aura permis de garder la « suprématie » de sa jamaa sur le chef-lieu d’’arrondissement que leurs adversaires de longue date cherchaient à ravir.

Avec la présidentielle, le maire et sa jamaa ont donc décidé de retourner dans le giron du pouvoir. Non sans raisons et dont la principale est le renouvellement du tiers du Sénat, qui pourrait concerner la circonscription de Tidjikja. Car Ghoudiya est un des trois pôles politiques de la moughataa, avec Rachid et Tidjikja. Et, depuis l’instauration de la démocratie, en 1992-93, les postes électifs au Parlement sont répartis entre Tidjikja (un député), Rachid (un député) et Ghoudiya (le sénateur). Un poste qu’occupait, d’ailleurs, l’actuel maire de Ghoudiya, jusqu’en 2007. Il fut, pendant longtemps, premier vice-président de la chambre haute du Parlement.

Cette répartition est le fruit des solides alliances entre les trois pôles, animés, à l’époque, par feus les députés Mohamed Ahmed Ould Hamoud, Ahmed Ould Dié et Dah Ould Abdel Jelil. Ces alliances connurent quelques frémissements, après  le coup d’Etat de 2008. Certains choisissant d’adouber le changement réputé constructif, d’autre de faire profil bas. Et comme, aujourd’hui, les dernières législatives ont fini de (re)consacrer presque la même répartition, avec l’élection de Sid’Ahmed Ould Dié et Sidi Ould Didi, députés à l’Assemblée nationale, le poste de sénateur devrait, « naturellement », revenir à Ghoudiya.

Le positionnement de la jamaa de Ghoudiya participe, donc, à une manœuvre stratégique. Car il n’est un secret pour personne que l’actuel maire de Boubacar Ben Amer aimerait bien, et c’est de bonne guerre, retrouver le siège de Ghoudiya au Sénat. La configuration politique actuelle dans l’arrondissement ne plaide-t-elle pas en sa faveur ?