Les femmes rurales mauritaniennes confrontées à d’énormes difficultés

9 March, 2017 - 01:12

C’est sous le thème « Accès et contrôle de la terre par les femmes » qu’Oxfam, le Réseau des femmes parlementaires mauritaniennes, le FONADH (Forum NAtional des Droits Humains), l’Alliance Citoyenne, le Réseau des organisations sur la sécurité Alimentaire (ROSA) et le club des Jeunes Journalistes ont célébré, le 8 Mars, la Journée internationale de la femme. « L’égalité doit être promue, en Mauritanie, en termes d’accès et de  contrôle de la terre par les femmes », a plaidé madame Mariam Baba Sy, députée et présidente du Réseau des femmes parlementaires mauritaniennes, lors du lancement des festivités, à Nouakchott. « Les femmes rurales doivent se mobiliser », a-t-elle scandé, « s’impliquer, en faisant preuve de militantisme et profiter des opportunités dans la gouvernance foncière comme en divers autres domaines. Leur situation n’est pas reluisante. Elles sont confrontées », énumérait la députée, « à d’énormes difficultés: moyens rudimentaires d’exploitation, problème d’accès à l’eau, non-détentrices de la propriété foncière, avec toutes les difficultés d’accès au financement que cela implique. Elles louent les terres, n‘ont pas les moyens de payer, ont difficilement accès à l’eau, pour les cultures, et utilisent des matériaux archaïques, comme les houes et les dabas traditionnels ». Et Mariem Baba Syde de lancer : « Qu’on aide la femme rurale à acquérir des terres, qu’elles puissent bénéficier des ressources nationales et participer à l’autonomisation et à l’autosuffisance agricole ! »

Le directeur-pays d’Oxfam en Mauritanie, Dedeou Yahya,  n’en a pas dit moins. « Le droit des femmes à l’accès et au contrôle de la terre doit intégrer, de façon irréversible, nos agendas, pour influencer les détenteurs d’obligations du niveau familial, communautaire, local et national, afin de garantir l’équité dans l’accès à la terre, la sécurité de l’exploitation et des investissements par les femmes, la protection et la préservation de leurs droits fonciers ».  Revenant sur le contexte de la célébration, Dedeou a souligné que  le mouvement international croissant en faveur des femmes, renforcé par quatre conférences mondiales des Nations Unies, a contribué à faire, de cette commémoration, un point de ralliement, pour mobiliser le soutien en faveur des droits des femmes et à la participation de ces dernières à la vie politique, économique et sociale de leur pays respectif. Des efforts restent encore à fournir pour leur autonomisation. La campagne « Cultivons ! » d’OXFAM veut sensibiliser les détenteurs d’obligations sur la situation que vivent les femmes, surtout les femmes rurales, car trop d’entre elles n’accèdent que difficilement à la terre, à cause des limites des législations et des pesanteurs culturelles et sociales.

Le directeur pays d’Oxfam s’est alors appliqué à rappeler le combat des femmes ouvrières en Amérique du Nord et en l’Europe, à l’origine du 8 Mars. « Depuis, la Journée a pris une dimension mondiale pour les femmes des pays développés, comme pour celles des pays en développement. […] Elle donne l’occasion, non seulement, de dresser un bilan des progrès réalisés, mais, aussi, de célébrer les actes de courage et de détermination accomplie par « l’autre moitié » de notre société. Beaucoup de choses restent à faire, notamment dans le domaine de l’autonomisation économique des femmes qui constituent, selon les experts, plus de 60% de la main d’œuvre agricole en Afrique subsaharienne. Malgré cet apport capital, seules 15% des femmes agricultrices sont propriétaires de leurs exploitations ». Parlant des femmes éleveuses, il a également souligné l’absence de protection et de sécurité, durant les heures de pâturage.

Un forum sur l’accès et le contrôle de la terre par les femmes – « processus et contenus des revendications des femmes sur leurs droits fonciers » – a été animé, conjointement, par Aïssata Touré Diallo (députée Mali), Mame Mbayame Guèye Dione (députée Sénégal), Mariam Sow et Charlotté Sama, femmes-leaders au sein du mouvement associatif du Sénégal et du Mali. Amadou Djigo, de la représentation nouakchottoise d’Oxfam, a fait part, à l’assistance, de la Charte Kilimandjaro. « Cette initiative hautement symbolique est l’aboutissement d’un cycle de mobilisations lancé, en 2012, à Dar-Es-Salam (Tanzanie), pour faire converger les luttes pour les droits des femmes à la terre et aux ressources naturelles ».

 
Compte rendu Thiam