Nouvelles d’ailleurs : Du genre et du sexe....

19 January, 2017 - 02:06

« Et pourtant elle tourne », aurait dit Galilée quand il a accepté, de guerre lasse, de renier ses affirmations sur le fait que la terre tournait bel et bien.

« Et pourtant elle tourne »....

Chez nous elle semble tourner à l'envers. Comme si nous étions en dehors du monde, déconnectés des priorités, des urgences, confits en dévotions hypocrites, incapables de créer, incapables de courages, incapables de compassion, juste arc-boutés sur ce que nous croyons, pas sur ce que nous devrions savoir et comprendre de notre religion, persuadés que nous possédons la Vérité, que nous sommes seuls détenteurs de ce qui est bien et de ce qui est mal.

Nous tournons à l'envers. Et nous, femmes, en faisons les frais. Comme d'habitude. Quand une société va mal, elle caricature ses femmes, en fait les exutoires à toutes les frustrations et à toutes les ignorances. La femme et l'étranger, voilà les deux victimes des sociétés qui ne proposent plus rien, qui ne pensent plus, qui ne se pensent plus. La femme et l'étranger... Le complot intérieur et/ou extérieur. Ce qu'il faut mater, pourchasser, enfermer, nier.

La femme et l'étranger.

Observez comment une société traite ses femmes et vous aurez une idée de son niveau d'acceptation du monde, de sa façon de se percevoir, de ses peurs et de ses scléroses.

Quand je vois tout le boucan fait autour du concept « genre » je ne peux que me désoler et me dire «  tout ça pour ça ».... Toutes ces années pour en arriver à ceci : la haine, le déni, le refus de regarder en face les violences dont les femmes sont victimes.

Pourtant cela fait des années que ce mot, «  genre», est utilisé chez nous, sans que nos islamistes n'y voient à redire.

Alors je tenais à faire un petit rappel à ceux qui confondent Angleterre et pomme de terre, qui sont en train de fantasmer sur ce concept, y voyant du mal là où il n'est pas, incriminant l'Occident, ce même Occident qu'ils ne connaissent pas, qu'ils se contentent d'imaginer, sorte d'orientalisme à l'envers...

Définition du genre : c'est un concept sociologique qui fait référence à une construction politique et sociale de la différence des sexes....Il permet d'analyser les choses en mettant en évidence que les rapports entre hommes et femmes sont des rapports sociaux...
Définition du sexe : ensemble de toutes les caractéristiques biologiques, héréditaires et génétiques qui organisent les individus en deux catégories , mâle et femelle....

Et, nonobstant les hochements de barbes indignés, non Mesdames et Messieurs les adversaires du projet de loi, non «  On ne naît pas femme, on le devient ; comme on ne naît pas homme, on le devient » ( Simone de Beauvoir). J'ai voyagé dans des pays et des cultures différentes pour comprendre la signification de ceci. J'ai vu, chez les tahitiens par exemple, des garçons élevés comme des filles et qui sont des femmes dans leur vie, les Rae Rae... Ce sont bien les codes sociétaux, les éducations qui sexualisent, pas le sexe de naissance... Et je ne parle même pas du grand tabou chez nous, l'homosexualité...

Mais passons. J'imagine que ceci est difficile à comprendre pour des gens qui pensent le monde de façon binaire. Qui décident pour chacun d'entre nous qui nous devons être, qui nous sommes. Qui savent mieux que les femmes ce qui est bon pour elles et ce qui ne l'est pas.

Mais qu'attendre de la part de gens qui pensent que l'on peut taper « un peu » sa femme ? Qui pensent qu'une femme ne peut porter plainte contre son mari ? Qu'une femme n'a pas le droit de se refuser sexuellement à son conjoint ? Qui pensent que le viol conjugal est légal ? Qui pensent que marier une petite fille est normal ? Qui pensent qu'exciser une toute petite fille est permis ? Qui pensent que montrer ses cheveux est un crime ? Qui pensent que l'amour entre jeunes filles et jeunes garçons c'est haram ? Qui pensent que la musique pervertit les mœurs ? Qui pensent qu'une femme libre est une femme légère ? Qui pensent que les petits arrangements financiers entre la famille d'un violeur et la famille d'une victime de viol sont la solution ? Qui pensent qu'une fille-mère doit aller en prison, accusée de zina ? Qui pensent que nous femmes sommes inférieures, que nous devons soumission aux hommes de nos familles, que nous devons avoir l'autorisation d'un mari ou d'un frère pour pouvoir voyager ou pour nous marier ?

Alors oui nous tournons à l'envers. Ailleurs, dans ce monde que vous détestez tant, vous les adversaires du projet de loi, que vous ne regardez qu'au travers de lunettes déformées, tout perclus de racismes que vous êtes, il y a des peuples qui envoient les leurs dans l'espace, il y a des femmes et des hommes qui reçoivent des Prix Nobel, qui écrivent des livres fabuleux, qui inventent les médicaments de demain (médicaments dont vous profiterez), qui cherchent des solutions pour sauver notre terre, qui apprennent, qui apprennent, qui apprennent, qui interrogent le monde....

Vous, pendant ce temps, vous ergotez jusqu'à plus soif sur la « hallalité » ou pas d'un projet de loi qui doit défendre vos femmes, vos sœurs, vos filles. Vos filles.

J'ai honte pour vous. Pendant que vous coupez les cheveux en quatre, histoire de montrer que vous connaissez mieux que personne ce qui est bon ou pas, des femmes sont victimes de violences, des femmes meurent en couche, des petites filles sont violées, des petites filles sont excisées, des femmes sont battues, des femmes sont abandonnées.

Et vous venez nous parler de «  faut-il lapider ou passer par les armes l'adultère » ??????

Honte à vous...

 

Mariem mint DERWICH