Zahra Maarifi, Directrice générale de Maroc Export : ‘’La stratégie subsaharienne du Maroc émane d’abord de la volonté du Roi’’

6 December, 2016 - 18:07

A l’issue de la 11ème Conférence mondiale du Réseau des Organismes de Promotion du Commerce, qui s’est réunie à Marrakech les 24 et 25 novembre, afin de débattre de la meilleure façon de relier les exportateurs à l'économie mondiale, Zahra Maarifi, Directrice générale de Maroc Export (organisateur de la rencontre en partenariat avec ITC) a bien voulu répondre aux questions des journalistes

Vous parlez beaucoup de digitalisation et de respect de l’environnement. Quel intérêt pour les entreprises ?
Aujourd’hui, le business qui n’intègre pas toutes les questions de développement durable, à savoir l’environnement et le numérique ne survivra pas ou ne sera pas profitable. Nous pensons que c’est un grand challenge, qui doit être accompagné par la facilitation globale de l’environnement des affaires. Parce qu’ils ont un impact sur le monde des affaires, sur toutes les procédures et réglementations administratives et sur la façon de faire des entreprises. En tant qu’organisme de promotion du commerce, nous avons le devoir aujourd’hui, de sensibiliser, d’informer, de former et de renforcer les capacités des entreprises et particulièrement les PME, pour intégrer d’ores et déjà ces questions dans leur management, dans la restructuration de leur entreprises pour dresser leur plan d’internalisation et d’exportation afin d’interagir avec le marché international.

Au regard de l’environnement africain, qu’est-ce qui est fait pour mettre les PME locales aux normes ?
Tout d’abord, c’est le marché qui apprend à l’entreprise que son produit passe ou pas. Quand une entreprise cherche des commandes, elle fait déjà face aux clients qui exigent des normes nationales et
régionales. Il y a aussi des grandes surfaces de distribution qui de plus en plus, exigent une certaine norme pour que le produit puisse être commercialisé dans leurs espaces. Donc, c’est le marché qui
éduque d’abord l’entreprise. Mais, les organismes de promotion du commerce doivent avoir les mécanismes, les outils, l’offre de valeur pour pouvoir répondre à ce renforcement de capacités d’une PME quand
elle se rend compte que son produit ne passe plus au niveau du marché international, pour cause de normes. Il faut donc qu’il y ait des ateliers de formation, un accompagnement collectif ou individualisé,
pour pouvoir donner une nouvelle chance à cette PME de survivre au marché et bien sûr, de survivre dans son environnement immédiat, de créer de l’emploi, de la richesse et d’être une entreprise saine.

 

Est-ce utopique de penser que l’Afrique est le prochain territoire de prédilection du commerce alors qu’elle représente moins de 2% des échanges mondiaux ?
Ça, c’est le résultat des 30 dernières années. A nous de voir ce qu’on veut être dans les 10  prochaines années. Et on est tous aujourd’hui conscients que nous avons du potentiel. Tout le monde nous le dit,
avant qu’on ne se le dise à nous-mêmes. Alors, si les autres nous le disent, c’est dire qu’ils cherchent du business chez nous. Donc, il faut y croire, il faut travailler dessus sérieusement,
professionnellement, être dans une stratégie nationale de développement, sachant que plusieurs pays africains jouissent aujourd’hui d’une stabilité politique, de bonne démarche de gouvernance nécessaires pour tracer des pistes de développement. Donc, il faut retrousser les manches, travailler et se dire que dans 10 ans,
nous allons être 15 voire 20% du marché mondial et ça va se faire.

 

Maintenant que Maroc Export va fusionner avec l’agence des investissements, quelle sera la nouvelle stratégie vers l’Afrique subsaharienne ?
La stratégie subsaharienne émane d’abord de la volonté du Roi. Ce sont de hautes instructions du pays. Après, le gouvernement s’adapte et trouve le moyen de concrétiser cette haute orientation, via ses
agences et ses ministères. Notre ministère veut donner plus de synergies, plus de moyens à l’action de la promotion. Il veut regrouper pour mieux agir, pour mieux se doter des moyens de promotion, étend entendu que la promotion coûte très cher. Elle répond à une vision qui doit être claire, concrète et bien défini en termes d’étapes et objectifs à réaliser, mais aussi par ce dont elle doit disposer. Aujourd’hui, nous sommes sur une voie de regrouper nos moyens autour d’une vision royale, avec plus de valeur ajoutée sur notre propre continent, en préservant ailleurs bien sûr.

Qu’est-ce qui va concrètement changer ?
C’est une vision beaucoup plus intégrée, des moyens beaucoup plus forts et une présence de meilleure qualité.
Au terme de cette 11e conférence des TPO, que doivent retenir les PME africaines ?
Elles doivent retenir qu’elles étaient mises en exergue devant le monde entier, dont 70 pays, qu’il y avait une session spéciale sur l’Afrique et qu’il y aura une feuille de route de ce forum qui va être mise en œuvre par le réseau des OPC africains et par le centre de commerce international. On va notamment travailler sur le renforcement de leurs capacités dans les domaines qui sont aujourd’hui challengeant
comme la digitalisation et le développement durable. Toutes ces questions sont déjà traitées ailleurs, il nous faut rattraper tout cela et être au bon moment dans le bon marché avec le bon service