Portrait: Maata Ould M’Barek, un self-made-man

2 November, 2016 - 23:24

Maata ould M’Barek paraît encore jeune. Malgré ses cinquante-et-un ans révolus. Cet homme d’affaires, un des plus jeunes de Mauritanie, est parti de rien. Ses seules écoles de formation furent l’ambition, la persévérance et la volonté, inébranlable, de braver les aléas impitoyables de la vie. Comme beaucoup de Harratines, Maata est issu d’une famille particulièrement pauvre. Lorsqu’il raconte ses débuts, il ne peut s’empêcher de sourire. Dans son impeccable costume, confortablement assis dans son bureau, il revoit encore sa première charrette sur laquelle il transportait les ordures des quartiers chics de Nouakchott. Son histoire avec les poubelles coomece au milieu des années 80. A Nouadhibou, d’abord, puis à Nouakchott. Le jeune Maata allait et venait, entre ces deux villes, au gré des opportunités que ses nombreuses relations lui offraient. Des cinquante mille ouguiyas mensuelles que sa charrette lui rapportait, au début des années 90, aux centaines de millions que lui permettent d’engranger ses nombreux contrats, aujourd’hui, sa situation a prodigieusement changé. Du garage loué, difficilement, à une famille de l’îlot K, pour garder son modeste matériel, aux somptueux bureaux de sa prestigieuse société Malicod où travaillent ses principaux collaborateurs administratifs, il est clair que la détermination a pris le dessus sur la résignation. Entre deux verres de thé (qualifié de « spécial »), Maata raconte anecdote sur anecdote. Il revoit encore les fûts que lui et son frère, aujourd’hui directeur administratif et financier de Malicod, plaçaient devant les maisons de leurs clients, contre deux mille ouguiyas par mois. Il se souvient des deux 404 Peugeot qu’un fonctionnaire de l’Agence Française de Développement lui offrit, pour encourager son sérieux et son engagement. Que certains lui collent le sobriquet de « Maata M’balitt » littéralement « Maata ordures » ne le fait que sourire. Car sa société génère, aujourd’hui, entre Nouakchott et Nouadhibou, plus de quatre cents emplois fixes et engrange des contrats avec quelques-unes des plus importantes institutions de la République, notamment la Banque centrale de Mauritanie, en plus de nombre d’ambassades et hôtels de la capitale. C’est avec une nostalgie très perceptible sur son visage qu’il aime rappeler ses prestations de service, au profit de diverses filières de la SNIM, comme la SAFA ou la SAMMA, et ses contrats avec la mairie de Nouadhibou, au temps d’El GHassem ould Bellali. Et d’évoquer, en éclatant parfois de rire, ses moments difficiles, depuis 1989. Comme la méfiance de ce vieil homme qui lui loua un garage, doutant de ce que le charretier qu’il était puisse honorer ses engagements. Ou lorsqu’il fut obligé, au début des années 2000, de céder tous ses contrats, pour six cents mille ouguiyas, à cause de la pression qu’il subissait à cette époque. Mais tout cela n’est plus qu’un lointain souvenir, rassure Maata, s’estimant, aujourd’hui, dans tous ses droits. Sa société a ainsi gagné le contrat de collecter et de transporter les ordures de trois moughataas de Nouakchott (El Mina, Arafat et Riyad) vers un dépotoir situé à vingt-cinq kilomètres de la ville. Malgré sa petite taille, sa courtoisie et sa sympathie, Maata est un bagarreur hors pair. Ce fut l’un des plus grands détracteurs de la société française Pizzorno chargée, quelques années durant, de l’assainissement de Nouakchott. Pour lui, des missions de ce genre ne doivent être confiées qu’à des expertises nationales. En moins de trente ans, Maata ould M’Barek est passé du statut de pauvre charretier à celui d’incontournable homme d’affaires national qui fait travailler plusieurs centaines de ses compatriotes. Un homme d’affaires au parcours atypique qui devrait servir d’exemple à tous ceux qui croient en la persévérance, la volonté et la patience. 

Sneiba