L’ancien président mauritanien Ely Ould Mohamed Vall était l’invité mercredi 26 octobre 2016 de RFI. Réagissant par rapport aux conclusions du dernier dialogue organisé du 29 septembre au 20 octobre entre la majorité et certains partis de l’opposition, Ely Ould Mohamed Vall a déclaré que les propos de qui vous savez (NDLR : Mohamed Ould Abdel Aziz dont il ne prononce jamais le nom) tenus à l’occasion de la clôture des assises ne le rassurent pas. Ould Mohamed Vall va même plus loin en confirmant qu’il n’y croit même pas puisque ‘’ce dont vous parlez’’ a sabordé les accords de Dakar et a refusé catégoriquement de les respecter. Répondant à une question relative à la volonté d’Aziz de ne pas toucher à la constitution, Ould Mohamed Vall déclare : «Quand le ministre de la justice, le premier ministre d’un gouvernement et son ministre de l’information disent depuis deux mois à longueur de journée que la Constitution n’est pas du Coran. Que tous ses articles y compris ceux qui sont verrouillés peuvent faire l’objet de discussion. Pouvez vous croire un seul instant qu’ils peuvent le faire et le dire d’eux-mêmes ? C’est une manière de sonder l’opinion et voir dans quel degré la possibilité de tripatouiller la constitution est faisable ». Sur la dissolution de certaines institutions républicaines, Ely Ould Mohamed Vall rappelle que le Sénat est aujourd’hui l’institution la plus opposée à toute tentative de toucher à la constitution. C’est pourquoi, selon lui, elle est dans le collimateur du pouvoir qui fait de la domestication de toutes les institutions l’une de ses principales stratégies. Par rapport au choix d’un probable dauphin, l’ancien patron du Comité Militaire pour la Justice et la Démocratie a déclaré que ce sera un homme sans envergure, sans ambition au pouvoir limité sans aucune emprise sur le dispositif sécuritaire qui restera entre les mains des maîtres du moment. Pour Ould Mohamed Vall, ce ne sera pas véritablement un système à la Poutine/Medvedev puisque ce sera beaucoup moins respectable. Relativement à l’impossibilité pour Ahmed Ould Daddah et Messoud Ould Boulkhair de se présenter à l’élection présidentielle de 2019 puisqu’ils auraient dépassé la limite d’âge constitutionnellement permise (75 ans), Ely Ould Mohamed répond que c’est sans intérêt puisque le jeu est biaisé. Sur sa probable candidature à cette élection, Ely déclare que son ambition avec tous les Mauritaniens conscients de la dangerosité de la situation actuelle est de trouver une solution politique à la crise qui prévaut. Pour cela, Ould Mohamed Vall préconise de revenir autour de la table avec tout le monde pour se mettre d’accord sur un projet de société clair et net pour la mise en place d’instruments qui garantissent l’organisation de consultations électorales transparentes qui ‘’produiront’’ des instances dotées de la légitimité nécessaire pour gouverner. Aujourd’hui, conclut Ely Ould Mohamed Vall : « il est impossible d’aller dans un processus unilatéral ».