Dialogue : Arc-en-ciel livre une explication de texte pour lever toute équivoque

20 October, 2016 - 00:33

Dans un appel lancé aux dialoguistes, à la commission de supervision et au président de la République,  publié le 17 Octobre, le président du parti Arc-en-ciel, M. Ba Alassane Hamady, dit Balas, écrit :« Notre loi fondamentale, notre Constitution, doit être, non seulement, dépoussiérée ou, disons, faire l’objet d’un toilettage, comme le préconisent certains, mais, aussi, revue de A à Z, pour qu’elle soit adaptée à nos aspirations et à nos exigences ; celles des nouvelles générations ».

Cette sortie intervient au lendemain du retrait du parti APP du dialogue et, surtout, au moment où la question du troisième mandat cristallise l’attention du Palais des congrès et de tout le peuple mauritanien. A la lecture de ce texte, certains estiment qu’Arc-en-ciel serait favorable à la révision de la Constitution et, donc, à un troisième mandat pour l’actuel président, prôné, précisément, par la majorité présidentielle et divers de ses proches. Pour aider les uns et les autres à comprendre la portée de cette invite, Le Calame a demandé une explication de texte au chargé de communication et porte-parole du parti Arc en Ciel, Bakary Guèye. Voilà ce que l’intéressé nous a dit, en substance, au téléphone.

« Dans cet appel, le président Balas n’a fait que réitérer  les thèmes chers à notre parti qu’il avait justement abordés dans son discours inaugural du dialogue,  le 29 Septembre, au Palais des Congrès, ce qui d’ailleurs lui a valu la désapprobation d’une partie du public. Comme vous le savez, le président Balas ne passe pas par quatre chemins pour dire ce qu’il pense. Ici, il a répété, à ceux qui veulent bien l’entendre, qu’il n’est pas allé au dialogue pour prêcher la démagogie ou plaire à quelqu’un. Notre parti demeure convaincu que la Mauritanie ne peut consolider son unité nationale et sa cohésion qu’on rabâche à longueur de journée, sans aborder les questions qui fâchent. La Mauritanie a besoin de solder ces questions pour avancer. Elle doit se regarder dans un miroir et s’interroger son avenir. Le président Balas estime que le dialogue en cours est une occasion de débattre, sans détours, de l’ensemble des questions qui peuvent handicaper le développement du pays, de rapprocher les positions des uns et des autres, vaincre les réticences et les appréhensions. Oui », insiste Bakary Guèye, « le PMC Arc-en-ciel se bat pour que l’unité nationale fortement ébranlée depuis ces dernières années ne reste pas un vain mot ».

Venant à la question que les uns et les autres se posent, à la lecture de l’appel du président Balas, Bakary Guèye précise: « Si Arc-en-Ciel dit qu’il ne suffit pas de toiletter la Constitution ou la dépoussiérer mais qu’il faut la reprendre de A à Z, c’est parce qu’elle comporte beaucoup d’insuffisances, qu’elle a montré ses limites.  C’est pour qu’elle réponde aux aspirations du peuple mauritanien, préserve les générations futures de ce pays. S’il dit qu’il faut refondre la Constitution, en la révisant de A à Z, c’est pour qu’on y inscrive l’enseignement, à l’école, des langues nationales pulaar, soninké, wolof et bambara, au même titre que l’arabe. Ces langues nationales doivent être clairement citées et obtenir le statut de langues officielles.

S’il dit qu’il faut revoir la Constitution, la reprendre de A à Z , c’est pour permettre, aux mauritaniens d’origine négro-africaine, de pouvoir porter plainte, contre les abus des forces de l’ordre (gendarmes, policiers) qui les font descendre d’un véhicule de transport pour leur exiger une carte d’identité, parce qu’on doute de leur  mauritanité, contrairement à leurs concitoyens arabes, assis, à leurs côtés, dans le même véhicule,  alors que la Constitution reconnaît  leur mauritanité ; le délit de faciès doit être banni voire criminalisé, par la Constitution.

S’il dit qu’il faut refondre la Constitution, la reprendre de A à Z, c’est pour y inscrire le droit, à ces mauritaniens d’origine négro-africaine d’obtenir des papiers d’état civil, en quelques minutes, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui.  En effet, c’est un véritable parcours du combattant que de prétendre à une pièce d’identité dans les centres d’enrôlement. S’il dit qu’il faut revoir la Constitution de A à Z, c’est pour y inscrire le respect du droit coutumier ; c’est pour assurer, aux ressortissants de la vallée du fleuve Sénégal, ainsi qu’à tous les autres propriétaires terriens, que leurs terres ne seront plus arrachées ou confisquées par leurs propres concitoyens ou par l’Etat, sans aucune forme de procès, comme s’ils étaient des citoyens de seconde zone.

Voilà des questions fondamentales auxquelles notre parti tient beaucoup. Il s’agit là, pour le PMC Arc-en-ciel, de revendications qui, si elles étaient retenues, nous autoriseraient à fermer les yeux sur tout le reste ».