Privé de subventions et de reconnaissance, marginalisé : Heurs et malheurs du Comité Olympique

22 September, 2016 - 10:53

Le Comité National Olympique et Sportif Mauritanien (CNOSM) fait l’objet, depuis plus de deux décennies, d’un ostracisme sans précédent. Cibles idéales, dans la ligne de mire des différents régimes qui se sont succédé à la tête du pays, le CNOSM et son président n’ont pourtant jamais cessé de s’employer à promouvoir l’image de la Mauritanie, dans le concert des nations sportives.

Force est de reconnaître le travail méritoire entrepris pour redorer le blason du pays via l’édition de trois pins obligataires (Beijing 2008, Londres 2012 et Rio 2016). Aujourd’hui, ces pins sont les plus recherchés sur le marché international des collectionneurs, accroissant de jour en jour leur valeur. « C’est la meilleure publicité qu’on puisse offrir et perpétuer pour la Mauritanie », reconnaissent les spécialistes. Un travail sous_estimé, voire ignoré.

 

La Mauritanie avait fière allure à Rio 2016

 La délégation mauritanienne avait fière allure, vendredi 5 Août, lors du traditionnel défilé d’ouverture des Jeux Olympiques Rio 2016. Rayonnant de joie, l’athlète Jiddou ould El Moctar, portait, en tête de délégation, l’étendard national.  Suivait sa collègue Houleye Ba et leurs accompagnateurs : Mohamed Abdellahi ould Nagi, chargé de mission, Daouda Kassougué, entraîneur, Boïbou ould Guig, officiel de l’équipe, Khadijetou Mint Yacoub, responsable féminine et deux australiens, amis et convives du CNOSM. Ils ont défilé dans une ambiance joyeuse.

Signalons que le président et le secrétaire général du CNOSM, le docteur Mohamed Mahmoud ould Mah et Abdoul Kader Dieng étaient dans les travées du mythique Maracana. Dans la tradition des JO, tous les pays ont la possibilité de convier des mécènes et de les faire accréditer au sein de leur délégation. Ces bonnes volontés qui profitent des vacances estivales facilitent souvent la tâche et établissent des liens avec leur pays d’adoption. En retour, ils reçoivent des présents (objets d’art, tenues traditionnelles...).

Les JO sont obligatoires pour tous les pays (Charte olympique) que ces pays aient ou non des athlètes qualifiés ; et ce, au nom de l'universalité des Jeux. En l'absence d'athlètes qualifiés, le CNO de ce pays en sélectionne deux de moindre niveau (un homme et une femme), en athlétisme et/ou natation. Depuis Atlanta 1996, la Mauritanie a pris l’option d’envoyer deux athlètes (un garçon et une fille). En football, les Mourabitounes olympiques ont disputé, pour la première fois de leur histoire, les éliminatoires mais ont été éliminés par le Mali (1-1 ; 1-3).

 

Sans sous ni drapeau

Composée de huit membres (deux athlètes et leurs entraîneurs), la délégation mauritanienne s’est rendue encore au Brésil sans drapeau ni argent. C’est devenu la norme dans le pays. Le CNOSM fut autorisé, par la Solidarité olympique, à prélever une somme sur un des projets qu’elle finance, pour permettre à notre pays de participer.  La délégation du Sénégal, constituée d’une trentaine de personnes, reçut, avant son départ, le drapeau national sénégalais, des mains de Macky Sall, et une subvention de plus de 800 millions de FCFA (plus de 400 millions d’ouguiyas). Mais, comme la Mauritanie, le Sénégal n’a pas ramené de médailles. Si cette moisson dépendait des moyens financiers, la délégation de l’Arabie Saoudite ne serait pas rentrée, elle aussi, bredouille, à l’instar de 127 pays sur 205.

Bien avant le retour de la délégation du CNOSM, une campagne médiatique sans précédent fut ourdie à son encontre, sur les ondes de la radio gouvernementale. L’intervenant insinuait que les athlètes mauritaniens étaient les derniers – une assertion fausse, au demeurant – et qu’il fallait suspendre, à défaut de dissoudre, le CNOSM. Le pourfendeur du CNOSM ignorait qu’aucun gouvernement ne peut suspendre un CNO. En outre, il faut nécessairement un gagnant et un perdant, dans une compétition. Et comme on vient de le dire, si l’investissement déterminait le résultat, l’Arabie saoudite allait glaner des médailles à la pelle.

 

Des raisons d’espérer

En lice dans la deuxième série du 800m, Houlèye Ba, au couloir7, n’a pas réussi à se qualifier pour les demi-finales du mercredi 17 Août. La mauritanienne a fini 8ème de sa série avec un temps de  2’43’’ et termine avant-dernière, après l’abandon de la marocaine Rababe Arafi. La sud-africaine Caster Semenya a terminée en tête de la course, avec un temps de 1'59"31, mais n'a pas été la plus rapide sur l’ensemble des séries, dominées par la canadienne Melissa Bishop (1'58"38).

« Houlèye en est à sa première participation internationale et dans un bon timing, par rapport aux résultats décrochés par ses aînées », fait remarquer son entraîneur, Daouda Kassougué. La meilleure performance féminine mauritanienne est de 2’28’’, réalisée à Londres, lors des JO en 2012, par Aïcha Fall. Chez les hommes, Chérif Baba Aïdara avait fait fort, lors du championnat du Monde à Athènes, en 2002, avec 1’57’’. Quant à Jiddou ould Moctar qui courait au premier couloir, il s’est fait éliminer lors de la troisième série du 100 m plat. Seul lot de consolation, Jiddou, arrivé avant-dernier, a néanmoins amélioré son temps par rapport aux 11ème Jeux Africains (tenus du 4 au 19 Septembre 2015), battant ainsi son record personnel. Notons également que le jeune mauritanien devance, sur les trois premières séries, six autres athlètes.

Depuis Brazza, Jiddou n’a pas pu participer à aucune compétition. Empêtrée dans des remous inextricables, la Fédération d’Athlétisme de la République Islamique de Mauritanie (FARIM) n’a dépêché, cette année, le moindre athlète à une compétition digne de ce nom ni initié aucun stage de préparation au profit de ses sportifs. Le seul entraînement pour les deux athlètes mauritaniens dépêchés à Rio aura été le programme concocté en leur faveur, depuis six mois, par le CNOSM et mis en œuvre par Daouda Kassougué.

 

Asphyxie financière

Comme on l’a dit tantôt, l’embargo dont est victime le CNOSM est ancien. En effet, depuis 1996, date de l’élection du docteur Mohamed Mahmoud ould Mah, notre comité olympique a cessé de recevoir une subvention de l’Etat. Il est quasiment le seul CNO au monde en cette situation, admettent plusieurs observateurs. Miracle, en 2012, à l’occasion des Jeux Olympiques de Londres ? Le CNOSM reçoit, en effet, un chèque de 7 millions d’ouguiyas, sans doute le plus faible budget accordé, par un gouvernement, à son CNO, à l’occasion des JO. Mais, comble d’ironie quand le CNOSM présente le chèque au Trésor : le compte du ministère est sans provisions !

Sans prise en charge financière, au moins partielle, la Mauritanie ne participe plus aux grands événements sportifs dont certains sont qualificatifs pour les JO. Le pays a brillé par son absence aux Jeux africains de la Jeunesse (Maroc 2010) « Pourtant c’est la porte à côté », déplorent les sportifs. Et quand la Mauritanie décide de participer, elle se signale par de bien étranges bizarreries. Aux Jeux de la Francophonie (Nice 2013), la délégation mauritanienne était réduite au chargé de mission de madame la ministre de la Culture, de la jeunesse et des sports, une artiste et un préparateur de thé... Il faudra bien se rendre à l’évidence : l’accréditation des sportifs aux différents jeux est de la compétence du CNO (règle 27, article 3 de la Charte olympique). Faute de sportifs, la ministre a voulu passer outre. Elle s’est non seulement lourdement trompée mais aussi, couverte de ridicule. Et la Mauritanie avec elle.

La situation ira de mal en pis. Aux jeux Islamiques Indonésie 2013, malgré cinq billets, l’hébergement et la restauration totalement pris en charge par la Solidarité islamique, la Mauritanie était le seul pays absent. Aux Jeux africains de la jeunesse (Gaborone 2014, au Bostwana), la Mauritanie l’est encore et ce, au moment même où le chef de l’Etat mauritanien présidait l’Union Africaine. Aux seconds Jeux olympiques de la jeunesse (Nanjing-Chine 2014), malgré la prise en charge des billets, de la restauration et de l’hébergement par la Solidarité olympique et en dépit de « l’obligation pour tout CNO de participer aux JO, en y envoyant des athlètes » (règle 27, article 3 de la Charte olympique), la Mauritanie était sur le point de faire faux bond. Heureusement, la Solidarité olympique a autorisé le CNOSM à prélever une somme sur le projet « Journées olympiques, édition 2014 » pour couvrir les tenues traditionnelles pour le défilé, les équipements sportifs, les perdiem des membres de la délégation, les provisions pour médicaments, téléphones, cadeaux d’usage pour le maire du village olympique.

Le CNOSM fait preuve de résistance, en dépit de la guerre en sourdine qui lui est déclarée, et reste jaloux de ses prérogatives. D’autant que « les CNO doivent préserver leur autonomie et résister à toutes les pressions, y compris, mais sans s’y restreindre, les pressions politiques, juridiques, religieuses ou économiques qui pourraient les empêcher de se conformer à la charte olympique » (règle 27 paragraphe 6). S’ajoute, aux restrictions financières, le boycott des manifestations sportives et des rencontres internationales.

 

Beaucoup d’argent encaissé au nom du sport

En 2009, le président et le secrétaire général du CNOSM participaient au 13ème congrès du CIO (à Copenhague, Danemark). Les billets et l’hébergement étaient pris en charge par le CIO. Y participaient, également, les présidents des USA et du Brésil, le roi et la reine d’Espagne, ainsi que le Premier ministre du Japon. Le président du CNO et son secrétaire général ont dû payer de leur poche la restauration et les autres frais. A leur retour et à la suite d’une lettre officielle, adressée au Premier ministre, par le président du CNOSM avant leur départ, ils ont tout de même pu récupérer des frais de mission.

Pourtant, le ministère chargé des sports encaisse beaucoup d’argent au nom du sport. Le département dispose d’un budget de plus d’un milliard d’ouguiyas. La vente d’une bande du Stade olympique (700x50m), à 100 000 UM le mètre carré, à « certains » mécènes, en guise d’aide au sport a permis de drainer un peu moins de deux milliards d’ouguiyas. Certains ne se sont pas encore acquittés de leurs redevances. L’argent collecté fut placé dans un compte hors budget, géré par madame la ministre. La décision prise, par le chef de l’Etat, d’affecter 1% des recettes douanières, a en outre permis d’engranger, depuis 2011, plus d’un milliard d’ouguiya chaque année.

 

Une succession d’entourloupes

C’est une guerre qui ne dit pas son nom qui semble menée contre le CNOSM et son président. Pourtant, le docteur Mohamed Mahmoud ould Mah n’est pas un parachuté dans le domaine du sport (voir encadré). Il est vrai qu’en 2009, le président de l’UPSD ne soutint pas le candidat Mohamed ould Abdel Aziz. Bien au contraire. Son parti avait même publié un communiqué : « Pourquoi nous ne soutenons pas le candidat Ould Abdel Aziz » (Nouakchott-Info N°1729 du 10 Mai 2009) et soutint, en 2014, le candidat Boïdiel Ould Houmeïd.

« A chaque élection, divers ministres n’épargnent aucun effort pour tenter de convaincre les fédérations de voter contre le docteur Mohamed Mahmoud ould Mah. En vain. Des écrits anonymes ont été envoyés au CIO, pour atterrir finalement sur le bureau du docteur. Certains, du temps de Mehle, ont transité par le fax du Stade olympique », révélait Mohamed ould Hacen dans un mea culpa tardif.

Aux deniers renouvellements du bureau du CNOSM, en 2011 et 2015, le gouvernement a présenté, contre Ould Mah, respectivement le responsable de la jeunesse de l’UPR, « sans trop de conviction », et le deuxième vice-président de la fédération de boules, « un activiste du même parti », soutenu, ouvertement, par le département chargé des sports et par l’influent président de la fédération des jeux de boules. Pour permettre au candidat du régime de faire main basse sur le CNOSM, le ministère chargé des sports introduisit un projet de révision de la loi 97/021 du 16 Juillet 1997 prévoyant, notamment, que le mandat du président du CNOSM « est de quatre ans, renouvelable une seule fois, avec effet rétroactif », une façon d’empêcher le docteur Ould Mah d’être éligible à l’Assemblée générale du 30 mai 2015. Le directeur de la Législation, Thiam Zakaria, magistrat chevronné rejeta ledit projet, pour son « effet rétroactif » (1).

De telles manœuvres contreviennent à la règle 28, paragraphe 4, qui bannit toute ingérence et fait prévaloir l’indépendance des élections et la non-ingérence des Etats dans les élections, aussi bien celles des CNO que celles des fédérations nationales sportives : « les gouvernements et autres autorités publiques ne désigneront aucun membre d’un CNO. Toutefois, un CNO peut décider, à sa discrétion, d’élire, comme membres, des représentants de ces autorités ».

Il est à noter que la Charte olympique, qui a primauté sur les textes nationaux, ne limite pas le mandat des présidents des CNO, ni non plus celui des présidents des fédérations nationales sportives (2). Pour avoir enfreint à cette disposition, le gouvernement du Soudan, qui avait pris des mesures limitant à deux le mandat au sein de la présidence de la fédération soudanaise de football, fut rappelé à l’ordre par le CNO, après saisine du président sortant. De nouvelles élections furent tenues et permirent, à celui-ci, de décrocher un troisième mandat.

Les observateurs avertis de la scène sportive constatent, depuis des décennies, un désaveu des autorités, une sorte de maladie contagieuse, et, surtout, celui de la ministre chargée des sports, pour toutes les manifestations internationales sportives : absence de la ministre chargée des sports aux deux conventions mondiales du Sport olympique, à Acapulco (Mexique, le 23 Octobre 2010) et à Moscou (Russie, le 13 Avril 2012). A chaque fois, la ministre reçut une lettre d’invitation du président de l’Association des Comités Nationaux Olympiques (ACNO), avec prise en charge en première classe, pour la ministre et l’un de ses collaborateurs. A la première convention, il y avait 177 ministres des sports et à la seconde, 182 ministres sur 205 possibles. Là encore, la Mauritanie brilla par son absence.

 

Morcellement et réaffectations d’enceintes de jeunesse

Le pays évolue encore à la marge du monde. Le 23 Août 2013, l’Assemblée générale des Nations Unies adopte « une résolution proclamant le 6 Avril Journée internationale du sport, au service du développement et de la paix, et invite les Etats, le Système des Nations Unies […] à observer et faire connaître la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix ». Le gouvernement mauritanien, qui n’a jamais observé, ni fait connaitre cette journée, a décidé, à son tour, en 2014, de faire, du 5 Avril, la Journée nationale du sport. « Une kermesse du parti au pouvoir et de ses affidés, loin d’une manifestation sportive », ironise-t-on. Par contre, toutes les autres journées internationales, à commencer par celle relative au SIDA, sont observées et célébrées chaque année.

Dans un pays où l’édification d’infrastructures sportives fait cruellement défaut, les rares enceintes réservées à la jeunesse et aux sports sont soit morcelées soit réaffectées à d’autres domaines, alors que le besoin se fait grandement ressentir, jour après jour. L’exemple le plus éloquent est la transformation de la nouvelle Maison des jeunes (fruit de la coopération maroco-mauritanienne), à quelques mètres d’une enceinte religieuse (autre symbole de la coopération entre les deux pays), en un Institut de musique. Force est de reconnaître qu’il s’agissait de la seule Maison des jeunes construite aux normes internationales. Produit d’une coopération exemplaire, elle fait partie de tout un complexe dont la pierre angulaire est un lieu de prière et de recueillement qui ne fait pas bon ménage avec la musique. Elle abritait des associations sportives nationales : les fédérations nationales de judo, karaté, kung-fu, handball, basketball toutes catégories et futsal. Toutes ces associations ne bénéficient quasiment d’aucune subvention du ministère. Elles n’ont pas les moyens de se payer des sièges, sinon à loyer modéré comme à la nouvelle Maison des jeunes. Celle-ci ne bénéficiait pas de subventions du département chargé des sports et de la culture dont elle est désormais séparée. Par contre, l’Institut de musique bénéficie d’une subvention de 20 millions d’ouguiyas et d’autres financements.

 

Obligation de déléguer la gestion du sport à des structures élues

La Charte impose, aux gouvernements membres du CIO, l’obligation de déléguer la gestion du sport à des structures élues : les fédérations nationales olympiques et le CNO, élu par celles-ci. Tout comme la primauté de la Charte olympique sur les textes nationaux relatifs aux sports, l’indépendance et l’autonomie du CNO… « Le rôle des CNO est d’assurer le respect de la Charte olympique dans leur pays » (règle 27, paragraphe 2). C’est dans cette optique que le CNOSM intervient, souvent, pour rappeler, au ministère chargé des sports, les « manquements au respect de la Charte olympique qui a primauté sur les textes nationaux relatifs au sport. Les textes des Etats doivent être conformes à la Charte olympique et ne pas entrer en contradiction avec elle ». En outre, « les CNO ont compétence exclusive, pour représenter leurs pays respectifs aux JO et aux compétitions multisportives régionales, continentales ou mondiales, patronnées par le CIO. Chaque CNO a l’obligation de participer aux JO, en y envoyant des athlètes » (règle 27 parag3).

Pour torpiller ces règles et domestiquer davantage le domaine, une ancienne ministre avait enjoint, par circulaire à toutes les fédérations sportives, que « toute délégation doit être présidée par un fonctionnaire du ministère de la jeunesse, lors des déplacements à l’extérieur ». Une décision contraire à la Charte olympique. Certains pays, comme la Mauritanie, ne respectent pas ce sacrosaint principe. D’ailleurs, ces manquements constituent la source principale du conflit entre le ministère en charge des sports et le CNOSM. Celui-ci s’est abstenu de porter le contentieux auprès du CIO, en adressant, par contre, moult correspondances restées lettres mortes, au chef de l’Etat et à son Premier ministre.

Le CIO n’y va du dos de la cuillère : « En dehors des mesures et sanctions prévues, en cas de transgression de la Charte olympique, la commission exécutive du CIO peut prendre toutes décisions appropriées, pour la protection du mouvement olympique dans le pays d’un CNO, notamment la suspension ou le retrait de la reconnaissance d’un tel CNO, si la constitution, la législation ou d’autres réglementations en vigueur dans ce pays, ou tout acte d’un organisme gouvernemental ou de toute autre entité, ont pour effet d’entraver l’activité du CNO ou la formation ou l’expression de sa volonté. Avant de prendre une telle décision, la commission exécutive du CIO offrira, au CNO concerné, la possibilité d’être entendu » (règle 27, paragraphe 9 d). Suspendu par le CIO, le Koweït n’a pas pris part aux derniers JO. Le président du Conseil asiatique olympique d’origine koweïtie n’a pu rien faire, pour lever la suspension de son pays. La médaille d’or au tir double trappe, glanée par un koweïti, a été comptabilisée sous les couleurs du CIO.

Le docteur Ould Mah a été combattu par tout le monde mais a gagné, à tous les coups, contre les combines à la petite semaine : « A l’approche du renouvellement du bureau du CNO, j’étais, à chaque fois, l’objet de propositions de la part d’une personne tendant à entreprendre des manœuvres à effet de ternir l’image du docteur Mohamed Mahmoud ould Mah », avoue Mohamed ould Hacen qui n’a cessé, des années durant, de tirer, à bout portant, sur le président du CNOSM. « Cette personne pensait que je n’avais pas changé de position malveillante à l’encontre du docteur. Elle a été déçue de ma réponse, l’informant que j’avais complètement changé de position à l’égard de cette personnalité envers laquelle la famille sportive voue respect et considération, pour les services qu’il a rendus au sport mauritanien », ajoute-t-il. Et certes : Ould Mah n’est pas un parachuté. Il ne lui manque qu’un seul titre : celui de ne pas appartenir au parti d’Ould Abdel Aziz.

THIAM Mamadou

Encadré 1

Textes de lois

Loi 97.021 du 16 Juillet 1997

Cette loi réduit à deux articles : 21 et 22 ; le chapitre réservé au CNO, alors que tous les autres chapitres en comportent, chacun, plusieurs. Le problème a d’ailleurs été soulevé aux états généraux sur le sport, tenus, à Nouadhibou, en Mars 2010. A ce jour, aucun décret d’application ne réglemente le fonctionnement et les compétences du CNO, conformément à la Charte olympique. Plusieurs articles de la loi ne sont pas conformes à cette Charte tout en en évoquant le respect, dans son préambule.

Décret 99/068 du 27 Août 1999 relatif aux statuts-types des fédérations

Ce décret a pour objet d’imposer, aux fédérations nationales, des statuts-types conçus par le ministère, mais pas votés en Assemblée générale, comme le stipulent la Charte olympique, les textes régissant les fédérations nationales sportives auxquelles les fédérations sont affiliées et la loi 64.098 du 9 Juin 1964.Ce sont des cadres qui ne sont plus à la tête du CNOSM qui ont conçu ces statuts-types.

Au lendemain du décret, la FIFA a réagi. Dans le plus grand secret, Fall Youssouf invita la fédération mauritanienne de football à voter, elle-même, ses propres statuts qui ne sont pas conformes aux statuts-types prévus par le décret. Pourquoi permettre à une fédération ce qui n’est pas permis aux autres ?

Après le projet de révision de la loi 97.021 du 16 Juillet 1997, madame Coumba Ba et Fall Youssouf avaient planché, également, sur un projet de révision du décret relatif aux statuts-types des fédérations, pour prévoir un article retirant, aux membres du comité directeur du CNO et à celui des fédérations nationales sportives, la qualité d’électeurs. Au moment du renouvellement de l’organe directeur, ils n’auraient donc pas le droit de voter, si cette révision venait à être adoptée.

Arrêté 840/MFPTJS du 24 Octobre 1999, fixant les conditions d’attribution et de retrait de l’agrément aux fédérations sportives nationales et aux associations sportives. L’article 1 de cet arrêté définit l’agrément : « […] un acte administratif par lequel le ministre chargé des sports autorise une fédération ou une association sportive à exercer ses activités sportives […] ». Or la fédération sportive nationale est une association régie par la loi 64.098 du 09 juin 1964. En sa qualité d’association, il lui suffit de remplir les conditions de cette loi, pour obtenir un récépissé du ministère de l’intérieur. Seul le visa du ministère chargé des Sports, si cette association à une vocation sportive, est requis préalablement au récépissé du ministère de l’Intérieur. L’arrêté n’a donc pas de sens mais la ministre n’a voulu rien entendre, bien qu’un arrêté ne saurait être opposé aux dispositions d’une loi. C’est ce que les juristes appellent le parallélisme des formes. Le seul but de cet arrêté est de porter atteinte à l’autonomie des fédérations, en les maintenant suspendues à la bonne volonté et aux caprices des conseillers du ministre, dés lors que ces conseillers et ces directeurs ne sont plus à la tête du CNOSM et de certaines fédérations. Le ministère de la Jeunesse et des Sports ne peut pas faire cesser les activités d’une fédération. Une fédération une fois fondée, par un récépissé du ministère de l’Intérieur, sa cessation d’activités est prévue par ses propres statuts ou par des décisions des tribunaux. L’agrément devient alors un second récépissé.

Arrêté 841/MFPTJS du 24octobre 1999, fixant les conditions d’attribution et de retrait de la délégation de pouvoir aux fédérations sportives nationales

Cette délégation, qui ne diffère en rien de l’agrément, est déjà contenue dans la souscription de la Mauritanie à la Charte olympique. Comme tous les autres pays, le nôtre est tenu de déléguer la gestion du sport à des structures élues. Si donc on retire cette délégation, qui est générale et globale et non cas par cas, cela signifie le retrait du pays du CIO. Sous prétexte que la CONFEJESS a participé au financement des états généraux sur le sport à Nouadhibou, en Mars 2010, Fall Youssouf, secrétaire général de cette institution, a amené avec lui du Sénégal, comme il le fait souvent, un consultant, le président de la commission juridique du CNO sénégalais, que madame la ministre Cissé mint Boïdé a retenu à Nouakchott, pendant quelques jours, avant de lui envoyer son conseiller juridique à Dakar, afin de finaliser les travaux de nos états généraux, les projets de loi et de décrets appelés à être débattus en Conseil des ministres (mais préparés à Dakar) et à règlementer le sport, comme si, en Mauritanie, il n’y avait pas de juristes capables de préparer des projets de loi et de décrets. Est-il utile de signaler que le président de la commission juridique du CNOSM est conseiller actuel du ministre de la Justice et le président de la Chambre arbitrale du CNOS est un éminent juriste, ancien vice président de l’ordre des Avocats ? Monsieur Fall Youssouf a obtenu de madame Cissé mint Boïdé de lui élever, au rang de décrets, les deux arrêtés 840 et 841 précédemment cités. Les ficelles étaient si grosses que les responsables n’ont pas eu à y tomber, comme pour la loi 97.021 du 16 juillet 1997, le conseil des ministres a rejeté les projets de décrets en question.

Le projet de révision de la loi 97.021 du 16 juillet 1997

Se réduit à un article : « Le président du Comité National Olympique et les présidents des Fédérations Nationales Sportives sont élus pour un mandat de 4 ans, renouvelable une seule fois, avec effet rétroactif ». En d’autres termes, si cette loi était adoptée avant le renouvellement du CNO, dont la ministre avait tenté de reporter la date, le président du comité et la plupart des présidents des fédérations qui l’ont élu, ne pourraient pas se présenter, pour la simple raison qu’ils ont déjà tous accompli deux mandats, au moins, et que la loi est rétroactive. Cette révision fut rédigée dans le secret le plus absolu sans associer ni le CNO, ni les fédérations nationales, ni même le conseiller juridique du ministère, alors que, généralement, la préparation des projets de lois et de décrets qui ont une portée générale et sensés perdurer font l’objet de plusieurs réunions, présidées par le ministre lui-même.

 

Encadré 2

Ould Mah, un parcours sportif hors du commun

Président du Comité National Olympique et Sportif Mauritanien (CNOSM), le docteur Mohamed Mahmoud Ould Mah « a surtout triomphé d’avoir résisté, ces vingt dernières années, à l’ensemble des ministres chargés des sports qui lui ont, tous, sans exception, fait la guerre, à un moment ou un autre », soulignait Cheïkh Aïdara de « L’Authentique ». L’homme sut dès sa jeunesse, concilier sport (de haut niveau) et (brillantes) études. Au lycée Faidherbe de Saint-Louis, alors que d’autres justifiaient leur échec scolaire par la pratique du sport, il sut concilier, grâce à Dieu, trois disciplines sportives – athlétisme, natation, football – et collectionner les références scolaires. A chaque distribution solennelle des prix, du temps où cette ville était à la fois la capitale du Sénégal et de la Mauritanie, on le voyait ainsi obtenir de hautes distinctions.

Dans la pratique du sport de haut niveau, il fut vice-champion d’Afrique Occidentale Française (AOF) du 1000 m cadets (Dakar 1957) ; champion du Sénégal du 1500 m juniors (Thiès 1958) ; finaliste d’un 50 m nage libre scolaire en France (Saint Nazaire 1958) et classé par la Fédération Française de Natation (FFN). Atarois de naissance, Ould Mah surprit bon nombre d’encadreurs et de nageurs, par son étonnante progression, à chacune de ses sorties, qui suscitait de vives admirations. Capitaine de l’équipe de football du lycée de Faidherbe, il devient, plus tard, président de la Fédération nationale de football et amende une proposition du Bureau exécutif de la FIFA, à son congrès de 1986, à Mexico, pour que la représentation de l’Afrique, à la Coupe du Monde, passe de trois à cinq équipes. « J’ai dégagé une majorité en faveur de cet amendement », note-t-il alors (« Amendement Ould Mah », PV du congrès FIFA 1986 à Mexico). Notre compatriote, feu Bâ Mahmoud, alors ambassadeur de Mauritanie à Abidjan, lui rapporta un numéro du journal « Fraternité Matin », avec, en manchettes : «L’honneur du football africain défendu par le président de la Fédération mauritanienne de football à Mexico ».

La CAF aurait pu l’honorer, en 2010, lors du passage du trophée de la CM dans le Continent ou, encore, de l’une ou l’autre CAN où des distinctions sont accordées à de soi-disant personnalités sportives africaines, pour services (imaginaires dans bien de cas) rendus au football continental. La CAF s’en est malheureusement abstenu. Mais, grâce à Dieu, Ould Mah ne s’est-il pas lui-même grandement honoré, en vivant si bien l’heureuse maxime de Juvénal : « Mens sana in corpore sano » (un esprit sain dans un corps sain) ?

 

 

 

 

NOTES

(1) : La loi n’est rétroactive que quand elle est favorable au justiciable.

(2) : La limitation de mandat, un concept qui a plutôt tendance, par les temps qui courent, à déserter les réunions des conseils des ministres africains, surtout que l’assemblée générale élective du CNO, objet de la révision, a déjà eu lieu.