Kemi Seba lance un appel au boycott du poisson mauritanien en solidarité avec les prisonniers anti-esclavagistes

18 September, 2016 - 11:47

Le turbulent activiste panafricaniste et chroniqueur géopolitique Kemi Seba, très engagé dans la lutte contre l'esclavage des haratines , lance, accompagné de l'ONG Urgences Panafricanistes et l'IRA, un appel au boycott du poisson mauritanien.

Dans une interview accordée au quotidien béninois « La Nouvelle Tribune »: Kemi Seba a expliqué les raisons de cette démarche qui « s'inscrit dans une double perspective au sujet de l'esclavage des haratines . Nous voulons continuer à sensibiliser l'opinion internationale sur ces questions. Et d'autre part, nous voulons frapper les autorités mauritaniennes là où ça leur fait mal suite à l'incarcération injuste et inique de nos frères de l'Ira, militants anti-esclavagistes qui ont été emprisonnés il y a quelques semaines maintenant. Incarcérés pour rien. On veut pousser le gouvernement à revenir sur sa décision de museler des hommes et des femmes qui se battent pour une société plus juste. Et la meilleure façon de bousculer le gouvernement, c'est de s'attaquer à son porte-monnaie en organisant le boycott des produits qui leur rapportent le plus, comme cela à été fait à l'époque contre les produits exportés par l'Afrique du Sud pro-apartheid ou plus récemment encore avec les produits israéliens. Nous avons grâce aux efforts de recherches combinés d'Urgences Panafricanistes et de l'IRA, trouvé quels étaient les produits exportés qui rapportaient le plus à l'ETAT Mauritanien.

Et dans cette liste, le produit qui nous a le plus intéressé, car le plus accessible, c'est le poisson.

La Mauritanie est une des régions les plus poissonneuses du monde grâce à un écosystème littoral exceptionnel : l'existence de hauts-fonds engendre la prolifération d'herbiers qui alliée à la confluence de courants par remontées d'eau des profondeurs (« upwellings ») favorise la reproduction des espèces marines.

De ses espèces marines, le poisson, commercialisé dans le cadre de la SMCP (Société Mauritanienne de Commercialisation du Poisson) est probablement l'un des produits qui rapporte le plus à l'Etat Mauritanien. Leur poisson est vendu en Asie, en Europe, puis en Afrique. Si les diasporas africaines là où elles sont, suivent le boycott, et si sur le continent chacun s'applique à demander mécaniquement la provenance du poisson qu'ils achètent, on peut faire rapidement bouger les lignes », espère-t-il.

Selon l’activiste sulfureux en Europe, polémiste populaire en Afrique" « si l'esclavage des haratines est certes l'une des formes de servitude les plus barbares qui existent aujourd'hui en Afrique, le système de caste, et d'esclavage moderne des plus pauvres dans des pays déjà très pauvres est quelque chose qui existe partout sur notre continent, à différents degrés. Et je pense que cela, inconsciemment, rend encore plus lâches les gouvernements africains vis-à-vis de la situation des esclaves maures noirs en Mauritanie ».

Poursuivant, il fera remarquer que « Quand Urgences Panafricanistes insiste chaque jour pour dire que le panafricanisme doit prendre à bras le corps la problématique des inégalités sociales effroyables sur nos terres, les gens font mine de ne pas entendre car on aime pas se remettre en question. On aime juste parler des impérialistes exogènes. Mais il faudra tôt ou tard que chaque africain, regarde potentiellement, l'impérialiste qui se cache en nous quand on se regarde dans le miroir. Il faudra le faire tôt ou tard » , termine-t-il