Tagant : Tidjikja se dote d’une stratégie et d’un plan d’action pour régler ses problèmes d’eau

18 August, 2016 - 02:20

L’oued de Tidjikdja connait un sérieux problème : l’eau manque. Tant potable, pour les populations, que d’irrigation, pour les palmeraies. Et cela dure des années. L’espoir des paysans, fondé sur le défunt projet « Oasis », devenu Programme de Développement Durable des Oasis (PDDO), se sont vite envolées. Ateliers, études et autres conclaves n’y ont rien fait, pas plus que les milliards injectés : l’oued poursuit sa chute dans l’abîme.

Les ressortissants de la ville ont décidé de retrousser leurs manches pour agir, et vite. A chaque festival des dattes, l’obsédante question s’est étalée sur le tapis. Un atelier lui fut consacré, l’an dernier. Mohamed Abdallahi ould Zeïne, qui le présidait, exhorta la population de Tidjikja à compter d’abord sur elle-même et un premier pas fut posé, avec la mise en place d’un comité de réflexion, bientôt transformé en Groupe Solution Eau Tidjikja (GSET). Son travail, consigné dans un document intitulé « Réflexion pour une stratégie sur la problématique de l’eau » a fait l’objet d’un atelier de restitution, lors des récentes Journées pour la sauvegarde de la Ghadima, le vieux Ksar de Tidjikja.

Le document soumis aux participants (administration, services techniques, paysans et exploitants, cadres et notabilités de la ville), s’articule autour de quatre axes principaux : diagnostic, analyse des enjeux et défis, vision stratégique et plan d’actions. Le diagnostic épingle la rareté et/ou la faiblesse des pluies, l’ensablement du bassin versant, connu sous le nom de Izif, l’aménagement anarchique en amont de l’oued, la prolifération des sondages sur l’unique nappe superficielle de l’oued et l’accroissement des besoins en eau potable de la ville, le tout aggravé par la faible organisation des acteurs. Aujourd’hui, seuls ceux qui disposent de gros moyens peuvent atteindre la nappe profonde, à plus de 70 m.

Sur le plan stratégique, le document propose, entre autres, la rationalisation et le partage équitable de la maigre ressource existante ; une étude du potentiel hydrique de l’oasis et de ses environs ; la promotion des techniques d’économie et de gestion durable de la ressource ; la mise en place d’un cadre de concertation et de coordination, entre toutes les parties intervenant dans l’oued, et la mise en place d’un mécanisme de financement durable. Le plan d’actions relève, lui, deux portefeuilles d’initiatives à entreprendre. D’abord, des actions à court terme, directement accessibles exploitants eux-mêmes, quand les autres, à plus long terme, impliquent une intervention de l’Etat et nécessitent, en amont, un appui des PTF.

Il s’agit, concrètement, de réaliser une étude hydraulique et géophysique de l’oued et de ses environs ; une étude sur la maîtrise des eaux de ruissellement et des zones de stagnations temporaires (étangs, barrages, etc.) ; une étude sur l’exploitation durable, tenant compte des besoins en eau et des capacités de renouvellement de la ressource ; une étude pour déterminer l’état actuel du bassin versant, ainsi que de son niveau d’aménagement et d’exploitation ; un nouveau plan d’aménagement durable et, enfin, un programme de reconstitution du couvert végétal et de lutte contre l’ensablement.

On s’étonne, tout de même, de ce que Tidkijja ait encore à réclamer des actions de telle envergure, après tant de projets et programmes dont les objectifs affichés étaient, pourtant, de revitaliser l’oued. Où sont passés les milliards de l’Etude Tagant et des projet Oasis, PARP, le PGRNP et autre PDDO ? L’ancien maire et actuel sénateur de Tidjikja, Moustapha ould Sidat, en sait peut-être quelque chose, lui qui avait attiré, au cours de son mandat (94-98), l’attention des pouvoir publics sur la dégradation accélérée de l’oued. Les correspondants du Calame et de Nouachott-info avaient alors réalisé un reportage. Mais personne ne leva le petit doigt, tant les querelles politiciennes occupaient, à l’époque, l’essentiel des préoccupations des acteurs politiques. Dommage la ville ! Saluons, cependant l’initiative citoyenne aujourd’hui développée pour résoudre le problème de l’eau à Tidjikja. Comme l’on dit si bien, mieux vaut tard que jamais !

DL