Filigrane

11 July, 2016 - 02:42

La seconde session parlementaire ordinaire, pour l'année 2015/2016, a été clôturée, le jeudi 7 Juin à Nouakchott. Au Sénat, Mohamed El Hacen ould El Hadj, son président, s’est fendu, pour la circonstance, d’un très sobre discours. Il y a, notamment, insisté sur ce que l’Etat, en tant qu’institution d'institutions différenciées en interaction permanente, permet « de rompre définitivement avec les pratiques de concentrer les pouvoirs entre les mains d’individus ». Un « modèle idéal pour construire une démocratie pérenne » ? Et de citer, à l’appui de son envolée, la récente participation du Sénat au troisième sommet des présents et à la douzième session de l'Assemblée parlementaire de l'Union pour la Méditerranée, les 28 et 29 Mai 2016, à Tanger, sous le thème : « Ensemble pour un avenir commun de l'espace méditerranéen ». En l’état actuel des relations mauritano-marocaines officielles, un tel rappel souligne, évidemment, tout l’intérêt de disposer de cultures et de logiques institutionnelles,  disons, variées…

Mohsen, nouvel apôtre de l’approche institutionnaliste pour qui les comportements des individus sont fondamentalement modelés par les institutions ? Certes, on l’entend bien murmurer, en filigrane, que l’État n’est ni une arène ni un instrument et ne devrait jamais fonctionner dans l’intérêt d’une seule classe. Mais l’ex-très dévoué commis d’Ould Abdel Aziz irait-il jusqu’à plaider pour la nécessité d’interposer la Société civile entre l’État et l’économie ? Mort au Sénat, donc, et vive la Société civile ? Si celle-ci, a contrario de celui-là, trouvait sa pitance ailleurs qu’auprès de l’Etat, ou, à tout le moins, à distance assez respectueuse pour être préservée des abus de pouvoir, on pourrait, en effet, voter pour une telle métamorphose. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres et notre pauvre Société civile en est encore, hélas, à seulement chercher pitance, à tous les râteliers… La disparition du Sénat paraît donc, bel et bien, une perte institutionnelle sèche dont il reste à prouver que la fondation de conseils régionaux compensera plus les effets politiques que leurs homologues politiciens. Est-ce de cela que voulait, si sobrement, nous entretenir Mohsen ?

feylili