Vers la reprise des activités de Mooto Koota

7 June, 2016 - 17:14

On s’achemine vers la reprise, sous peu, des activités de l’Association des déportés de retour volontaires, dénommé Mooyto Koota. Suspendues, suite à l’arrestation des membres de son bureau et du secrétaire général du COllectif des VIctimes de la REpression militaire des années 90/91 (COVIRE), mis sept jours aux arrêts, les activités de l’association pourraient reprendre, après l’arrêt des poursuites engagées, à son encontre,  par le ministère public. Celui-ci a demandé, aux responsables, de venir récupérer le dossier et les documents confisqués.  L’information a été divulguée, dimanche après-midi, au cours d’une réunion d’information tenue au siège de COVIRE.

Après avoir décliné l’objet de la réunion – échanger, avec les membres de l’association, après la libération des membres du bureau – la présidente de Mooyto Koota, Aminata Alassane Sarr, a rappelé les conditions de l’arrestation, qualifiée de rocambolesque et incompréhensible, des membres du bureau, cueillis au siège de COVIRE. Aminata et le secrétaire général de COVIRE, Sidibé Abou, ont indiqué que cette arrestation fut provoquée par une dénonciation des détracteurs de l’organisation, évoluant en son sein mais pilotés de l’extérieur.  Madame Sarr a remercié le président de COVIRE de n’avoir ménagé aucun effort, pour la libération des personnes arrêtées, et informer les autorités sur la réalité des faits.

Sy Abou Bocar avait même saisi, par courrier, le président de la République. Dans sa missive, il déplorait que son organisation ait été traînée devant les tribunaux, par les autorités policières, au motif qu’elle aurait abrité des organisations non reconnues et confectionné des cartes pour étrangers. Il a mis en garde contre des ennemis du régime de Mohamed ould Abdel Aziz, « rempart contre les exactions et abus », camouflés en habillements militaires et paramilitaires, pour susciter des frustrations. « Face à des déportés de retour volontaires, désemparés et oubliés du règlement du passif humanitaire », plaide Sidibé Abou, « COVIRE a entrepris de les accompagner.  Il a organisé un plaidoyer, auprès des pouvoirs publics, notamment la Présidence. Après la mise en place d’un bureau, une opération d’identification fut engagée, et c’est dans ce cadre que des cartes ont été distribuées à leurs membres. COVIRE a même saisi l’ambassade US qui s’est engagée à accompagner les victimes, après identification ».

Destinées exclusivement aux déportés mauritaniens, ces cartes devraient leur permettre de circuler librement dans leur pays où ils sont apatrides, parce non recensés par les différentes organisations des rapatriés, et d’échapper, surtout, aux rafles des étrangers dépourvus de carte de séjour. « Les bénéficiaires avaient été avertis, indique Sidibé, « que ce sésame ne tiendrait pas lieu de carte nationale d’identité et qu’ils ne pourraient, par conséquent, sortir des frontières nationales. Ce qui n’a pas empêché certains de tenter l’aventure et de se retrouver dans des problèmes que COVIRE a toujours réussi à régler avec les autorités des forces de sécurité ».

Face au succès de l’opération – deux mille cinq cents personnes touchées, en huit mois de travail, « les détracteurs de l’organisation ont entrepris une opération de sape, via une vaste fraude sur les cartes », dénonce le secrétaire général de COVIRE. Quelques étrangers ont pu profiter de ces failles pour s’y introduire. Leur arrestation conduisit à une surveillance policière du siège de COVIRE, avant descente et arrestation des membres du bureau de Mooto Koota et du secrétaire général de COVIRE. Après avoir reçu l’autorisation de reprendre leurs activités, COVIRE et  Mooyto Koota ont décidé de  changer d’approche. Ils viennent d’achever une tournée dans la Vallée, dans le but de discuter et d’associer les chefs des villages et responsables des sites, à l’opération d’identification.

Autre innovation, « toutes les cartes en circulation seront récupérées et remplacées par d’autres plus fiables », a annoncé Sidibé Abou, réaffirmant l’engagement de COVIRE à accompagner les membres de Mooto Koota  jusqu’à ce qu’ils recouvrent leur droit, leur mauritanité, et celui de leurs enfants nés au Sénégal, il y a 27 ans. Notons, enfin, que plusieurs orateurs ont pris la parole, pour dénoncer l’opération de sape et la volonté des détracteurs à politiser le dossier, avant de proclamer leur détermination à recouvrer leur droit de Mauritaniens.