Fronde des sénateurs : Le torchon continue à brûler

7 June, 2016 - 14:55

A la sortie d’une longue audience, jeudi 2 Juin, avec le président de la République, le patron de l’Union Pour la République (UPR), Sidi Mohamed ould Maham invite les sénateurs de son parti à une réunion, fixée au lundi 6 suivant, vers dix heures. Seuls neuf, sur les 23, répondent à l’appel. Maham décide donc de reporter l’entrevue au jeudi 9, en l’espoir de convaincre les grincheux.  Leur refus semble consécutif à la campagne de dénigrement que des membres du gouvernement ont entreprise à leur encontre, suite aux déclarations du Président, lors du très controversé discours de Néma (2 Mai), annonçant, notamment, la prochaine dissolution, par voie référendaire, du Sénat, jugé « inutile et peu opérationnel ». Depuis, les sénateurs n’acceptent ni de s’asseoir avec un membre du gouvernement ni de se réunir avec un quelconque responsable de leur parti. Les mécontents demanderaient, même, la destitution de Sidi Mohamed ould Maham. Toutes les tentatives de médiation se sont avérées infructueuses, les sénateurs exigeant le renvoi des ministres zélés qui les ont lynchés publiquement, en les affublant de toutes les indélicatesses verbales. Ils en appellent à l’arbitrage du chef de l’Etat, pour la résolution de cette crise qui commence à fissurer les rangs apparemment si souvent soudés de la majorité. Mais, à ce jour, le Président, dont les propos ont allumé le feu, reste complètement de marbre. La rencontre, au premier jour du Ramadan, des protagonistes, autour des banquets de coupure de jeûne, à la Présidence n’a pas fait avancer les choses puisqu’aucun sujet politique n’a été abordé. Le Président n’aurait même pas adressé la parole à certains sénateurs. Or, selon des sources proches des « frondeurs », c’est précisément de lui et de nul autre qu’ils sollicitent l’intervention, pour les faire revenir à de meilleurs sentiments. Dans ces conditions, la réunion prévue jeudi ne devrait pas apporter grand-chose de nouveau, dans cette crise inédite qui ne ressemble en rien à celle de 2008, a contrario de ce qu’essaient de faire croire certains. Rien à voir entre un peloton de députés manipulés, par deux généraux aux desseins (in)avoués et des sénateurs copieusement pris à parti par un Président qui se croit tout permis. Sinon que ledit Président est un des deux généraux manipulateurs… Normalement, c’est contre lui que les sénateurs devraient rager et non contre de mesquins ministres qui n’ont fait qu’expliquer (peut-être maladroitement) les imprécisions de Président-fondateur. C’est ce qu’on appelle, chez nous, « chercher le tir et laisser le tireur ». Il n’est cependant pas difficile d’imaginer l’issue de la crise : finalement, Président-fondateur recevra les sénateurs et tout rentrera dans l’ordre. Ni plus. Ni moins.