Formalité de l’étude et de la notice d’impact environnemental : La conscience, clé du développement durable

31 May, 2016 - 15:06

La vie n’existe que de relations. En particulier, entre chaque être vivant et son environnement. Dans la Nature, des équilibres s’organisent ainsi, modulant les comportements et les effectifs des espèces, en fonction des impacts, positifs et négatifs, des unes sur les autres et sur la communauté de vie (biotope) dont elles dépendent, toutes, plus ou moins étroitement. Une hiérarchie de dépendance qui fonde, tout particulièrement, la responsabilité de l’espèce humaine que Dieu a placé en pouvoir sur toutes les autres.

Je vis, j’agis. En quoi mes actes modifient-ils mes conditions de vie ? Celles de mes semblables ? Des autres espèces, animales ou végétales, colocataires de mon biotope, local ou global ? Les  diverses communautés humaines dont je fais partie – tribale, villageoise, citadine, nationale, mondiale – vivent, agissent et modifient de même leur biotope respectif, dans toute une complexité d’interactions et inter-réactions indéfinies, peut-être indéfinissables.

Mais cette éventualité, qui situe, humblement, les limites de nos espérances de science, ne nous empêchent pas de tenter, au moins, d’évaluer, à chaque stade de cette complexité, les effets de nos actes. Un effort désormais impératif, dans l’état de dégradation accélérée des conditions de vie de planète Terre, soumise aux diktats des artifices de l’Humanité. On ne peut plus nier l’évidence : en nous extirpant des contraintes de la Nature, en lui imposant des impératifs outranciers de productivité, nous menaçons la vie. Cette problématique nous touche et questionne tous, individuellement et collectivement, à chaque niveau de notre organisation sociale.

Pouvons-nous y répondre ? Cette interrogation suppose, tout d’abord, une prise de conscience qui nous pousse à étudier, en amont et en aval de toute action, son impact environnemental. Evidemment, il y a tout un monde, entre ce qu’implique l’achat d’une chèvre susceptible de dévorer un nombre indéterminé d’arbrisseaux, voire le jardin du voisin, et la construction d’un barrage sur le fleuve Sénégal, voire l’envoi d’un satellite de communications dans l’espace. Les études d’impact sont évidemment fort différentes et mobilisent une grande diversité d’acteurs et de paramètres, selon la complexité et l’ampleur des phénomènes objectivement en jeu.

Mais toutes se rejoignent dans la conscience de nos responsabilités. Responsabilités non pas synonymes de culpabilité, comme on les y enferme trop souvent et si facilement, mais, bien plutôt, de dynamisme et de développement durable. C'est-à-dire, ajusté à de viables conditions d’existence. On voit ainsi quel esprit est appelé à se déployer, de l’éducation des enfants aux symposiums internationaux, en passant par l’établissement de solides liens, entre les organisations civiles, gestionnaires de la proximité, les structures administratives, productrices de règles et d’arbitrages, et, enfin, les entreprises privées, surtout soucieuses de rentabilité à plus court terme possible.

Nous parlons esprit. Il est fondamental. Mais la démarche exige, en aval, méthode et techniques. Il s’agir de définir, prévoir, interpréter, communiquer des informations, autour de tout projet économico-social en prise sur le biotope, en tenant compte des pertes et profits pour toutes les populations concernées, humaines et non-humaines. C’est à partir de ces constats, réflexions et échanges que peuvent se préciser les limites règlementaires et juridiques  susceptibles de positiver les impacts des entreprises humaines sur l’environnement et la biodiversité.

Les conclusions de telles études – ou notices, lorsqu’il s’agit de programmes localisés de moindre ampleur –  seront d’autant mieux acceptées que celles-ci auront été menées au plus près des gens, avec leur collaboration active, en concertation étroite avec les décideurs politiques et économiques. On aura alors enfin compris, tous ensemble, que ce n’est pas l’homme qui est fait pour la loi mais bien la loi qui est, tout au contraire, au service de l’homme. Et cette conscience, banalisée, nous rendra à notre pleine responsabilité, dynamique et généreuse, de khalifes de Dieu sur terre.

 

Ian Mansour de Grange