La FARIM en pleine tourmente

19 May, 2016 - 01:33

Ça s’agite fort ! La Fédération d'Athlétisme de la République Islamique Mauritanienne (FARIM) est secouée depuis un certain temps par des remous. Le premier vice-président, Bocoum Dia Mahmoud, désormais en charge de l’intérim, et le secrétaire général, Beybou ould Guig, sont à couteaux tirés. En ligne de mire, la succession plus qu’ouverte à  la tête de la fédé car Mohamed ould Ghaly, son président en exercice, est fort malade. Chaque camp fourbit ses armes et entend prendre les commandes de la FARIM, en étalant sa puissance de feu.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase aura été la décision prise, par le  président intérimaire,  de procéder, après concertation avec le Ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), au renouvellement des ligues régionales. La décision a suscité des grincements de dents, du côté des partisans du secrétaire général, candidat  déclaré. Estimant qu’elle est dirigée à leur encontre, ils dénoncent des « violations de procédures » et protestent « contre le mauvais timing » adopté par l’équipe dirigeante actuelle. Selon eux, il fallait renouveler le comité directeur de la FARIM avant de procéder au renouvellement des ligues. « Procéder à l’inverse relève d’un complot ourdi contre notre candidat. Car le camp du premier vice-président sait pertinemment qu’aucune des ligues régionales ne lui est favorable. C’est pour cela qu’ils ont décidé de faire élire des  ligues issues de leur camp, pour passer en force, lors de la prochaine Assemblée générale élective. Ils sont en train de baliser la route à Bocoum », indiquent les proches d’Ould Guig. « Ce n’est pas à un mois et demi de l’AG qu’on décide de renouveler les ligues. Ce n’est pas réglementaire ! », pestent-ils. « Ni le bureau exécutif ni le comité directeur ne se sont réunis, pour prendre une telle décision », renchérit Beybou. « Aucune note de service n’a été prise à cet effet. En tant que secrétaire général, j’ai été privé de mes prérogatives, par des gens connus pour leur absentéisme », fulmine-t-il.  Ne baissant pas les bras, lui et ses amis entendent riposter à la mesure des attaques. « Nous nous opposons à ces mesures iniques et nous allons tout faire pour faire prévaloir nos droits. J’ai déjà rencontré le directeur général des sports. Nous comptons faire part de la situation au secrétaire général. […] Nous n’avons jamais voulu faire de bruit. Nous nous sommes même effacés, pour éviter, au pays, une suspension internationale et des contentieux judiciaires qui seraient préjudiciable à notre fédération. Mais nous n’en pouvons plus et ferons désormais tout pour recouvrer nos droits », argue le chef de file des protestataires.

Pas d’incompatibilités ni violations des textes ?

Son de cloche fort différent, on s’en doute, du côté de la partie adverse. Bocoum Dia Mahmoud botte en touche les accusations portées à son encontre et accuse le camp du secrétaire général d’être « instrumentalisé et agir en marionnettes ». Se voulant explicite, Bocoum nie tout intérêt personnel : « Je n’ai jamais fait part d’une quelconque candidature à quiconque. Libre à n’importe qui d’être candidat. Si l’on veut être candidat à une élection inexistante, ça ne nous engage nullement mais qu’on ne se mette pas à  faire du bruit pour rien ». Ironie du sort, la procédure pour le renouvellement du comité directeur de la FARIM  n’est, en effet, pas encore lancée. « C’est donc  une candidature verbale. Et comme le président Mohamed ould Ghaly est présentement malade, on commence à revendiquer son héritage […] Je tiens, tout de même, à faire remarquer que ce sont mes vingt ans de présence dans les instances de la FARIM qui m’octroient le plein droit d’assurer, aujourd’hui, l’intérim ».

Poursuivant, Bocoum estime que « la fédération est souveraine. Elle détermine le moment opportun pour renouveler ses structures. IL n’y a aucune incompatibilité ni violation de textes, en procédant au renouvellement des ligues avant celui des instances de la fédération. Il n’existe, de fait, aucun club d’athlétisme. Les ligues évoluent dans l’illégalité. Elles n’ont fait l’objet d’aucun renouvellement, depuis huit ans. Elles sont donc caduques, alors que le comité directeur de la FARIM est en place depuis quatre ans. Nous sommes soucieux de l’éthique dans une discipline où il n’y a pas de place pour le racisme », tranche-t-il.

Et de charger ses détracteurs : « Il [Beybou] n’a jamais rien fait pour l’athlétisme. Il se signale par son absentéisme, en cumulant les postes de secrétaire général à la FARIM et d’adjoint au Comité National Olympique et Sportif Mauritanien (CNOSM). Avec le renouvellement des ligues, nous allons mettre fin aux cumuls des postes, à l’absentéisme  et au vide constaté dans ces structures. Oui, nous comptons bien faire élire des personnes capables de diriger et de servir la discipline », soutient-il. Si sereine et apaisée, pour ne pas dire assoupie, par le passé, la FARIM est, aujourd’hui, en pleine effervescence. Jusqu’où mènera ce combat si fratricide ? Les semaines à venir nous édifieront. Espérons que ce soit à voir des athlètes mauritaniens se distinguer dans les stades du monde entier…

 

Thiam Mamadou