Dénomination sélective et provocatrice des rues de la capitale : Quelques souvenirs /Par le colonel (E/R) Oumar Ould Beibecar

21 April, 2016 - 03:05

J’avais été informé par un ami qu’une rue au ksar portait le nom d’Ould M’seika. Pour confirmer cette allégation, j’ai pu obtenir deux actes, le premier concerne 47 rues, objets de plusieurs délibérations des conseils communaux, de 1960 à 2008. Le second concerne 484 rues, objets de délibérations de la communauté urbaine de Nouakchott de 2008 à 2013. Dans ce dernier acte, la Communauté Urbaine de Nouakchott avait effectivement dénommé la rue 24 066 de la commune du Ksar au nom d’Ould Mseika.

La consultation du premier acte m’a permis de me souvenir de l’emplacement de certaines rues, qu’on connaissait très bien quand on était au collège, au début des années soixante-dix. La plus grande avenue était l’avenue de la dune, actuelle Nasser, puis les avenues de Gaulle qui passe à l’Est du marché de la capitale et Kennedy à l’Ouest du même marché.

L’avenue de l’émir Mohamed Lehbib passe à l’ouest de l’Etat-major de la garde nationale et traverse l’avenue de la dune, l’avenue de l’Emir Ahmed Ould Mhamed passe devant la SOCIM, traverse la dune et se termine devant l’ambassade de France, l’avenue Abdallahi ould Oubeid député, maire d’Atar, commence au carrefour de l’église, traverse  Kennedy et de Gaulle, passe devant l’ambassade des USA et la présidence de la république.

L’avenue du cadi Mohamed Lamine Sakho quitte la présidence, passe à l’Ouest des ministères de la défense, de l’intérieur, de la justice, et de la wilaya de Nouakchott et à l’est de l’ancienne maison des jeunes, pour se terminer à l’Iseri. La rue de l’émir Bakar ould Soueid’Ahmed passe devant l’école annexe, traverse Lamine Sakho, passe au sud de la  CUN, traverse l’avenue de l’indépendance, et l’avenue Mohamed Lehbib, passe au nord du CC des jeunes filles, traverse de Gaulle et le marché de la capitale et se termine à Kennedy.

L’avenue Ely ould Mhaimid, émir et chef des mechdhouf, quitte le carrefour Madrid vers l’ouest, passe devant l’état-major de la garde et se termine après le carrefour polyclinique. La rue Hennoun Ould Bousseif, émir et chef des Oulad Mbarek, quitte l’avenue Sakho devant le racing club, parallèlement à Bakar Ould Soueid’Ahmed, traverse l’indépendance, Mohamd Lehbib et de gaulle, passe au sud du CC des jeunes filles, au nord de la fanfare et se termine à Kennedy

L’avenue de l’indépendance quitte la présidence, passe entre la BCM et le sénat, traverse Nasser, passe entre l’assemblée nationale et la CUN, passe à l’ouest de la maison des jeunes, à l’est de l’état-major de la Garde nationale vers la Socogim PS. La rue Ely ould Assas, émir chef de fraction oulad Essiyid (Brakna) quitte l’avenue de l’indépendance en face de la maison des jeunes, passe au sud des fameux Ebbatig Lehrattine, traverse Charia Errezgh et se termine à Kennedy. L’avenue Lehbib Bourguiba traverse Nasser et passe devant la SOMAREM au ksar, la rue Gandhi quitte Noukta Sakhina et passe à l’est de la mosquée Saoudienne.

Au début des années quatre-vingt-dix, la mairie de Nouakchott avait enlevé les plaques nominatives de ces rues et avait opté pour des numérotations des voies publiques comme pour effacer notre mémoire historique.

Minimiser les compagnons du prophète

Mais le plus surprenant dans ce premier document, c’est la place réservée aux quatre Khalifes dans le plan urbain de Nouakchott. L’avenue Aboubekr Essedigh, 1er  khalife, passe entre la présidence et la BCM,  traverse de Gaulle et Kennedy, passe entre les ambassades de France et de Libye pour se terminer à Monotel.

L’avenue Omar  Ibn Elkhattab, 2ème Khalife, quitte Nasser, passe entre Mauripost et le bloc UMA, passe devant le ministère de l’éducation nationale, à l’ouest de la GBM, de la direction du domaine et de la BCM, passe entre la présidence et les ambassades USA, Allemagne, Algérie, Russie et se termine à l’angle nord-est de l’ambassade russe, symbole de l’athéisme, au carrefour Hôtel Elkhater. Les avenues Aboubekr et  Omar se croisent à la BCM, centre des plus grandes opérations d’intérêts prohibés, le plus grand péché, comme pour témoigner des déviations de la République islamique.

L’Avenue Ethmane Ibnou Affane, 3ème Khalife, quitte la mosquée saoudienne traverse de Gaulle, passe au nord de l’école Khayar, traverse Kennedy et se termine à l’ambassade de France. L’avenue Ali Ibn Eby Taleb, 4ème Khalife, passe au nord de la nouvelle primature, au sud de la faculté des sciences, traverse Lamine Sakho et l’indépendance, passe au cœur de Noukta Sakhine, lieu de tous les interdits, traverse de Gaulle et Kennedy et se termine à l’hôpital national. Les rues 27 037-43 003 et 27 037-43 001,  que je n’ai pas encore localisées portent les noms des deux petits- fils  du prophète Mohamed PSL respectivement Hassen et Houssein.

Le fait de donner aux plus grandes avenues de Nouakchott, des noms de mécréants ou de tyrans comme Jemal Abdelnasser, le pionnier du nationalisme arabe, idée portée par des chrétiens arabes du Cham depuis à la fin du 19ème siècle, qui bénéficie de la plus belle et la plus longue avenue (près de 5 km), l’un des plus grands ennemis de l’islam et des musulmans, responsable de la mort de plusieurs milliers de musulmans dont plusieurs centaines d’oulémas parmi la confrérie des frères musulmans, et qui n’a jamais gagné une bataille contre Israël, alors que les noms des quatre éminents khalifes sont réservés à des routes secondaires, constitue une véritable insulte pour les mauritaniens.

Il est indécent de donner dans une République islamique, les noms de personnalités religieuses de la dimension des compagnons du prophète Mohamed PSL, à des espaces publiques exposés à toutes les dérives et à tous les péchés. Il serait plus convenable de donner leurs noms à des mosquées comme la mosquée saoudienne, la mosquée marocaine, la mosquée qatarie, la mosquée des chorfas, la nouvelle mosquée de Diaguili entres autres. Ou bien de donner leurs noms à des  instituts islamiques comme l’Iseri, l’Université d’Aioun El Atrouss ou à des mahadras.

Immortaliser les bandits

Le dossier 43 des archives de Dakar, résume ainsi l’identité  et le parcours du récipiendaire classé par la CUN comme héros national : « Son identité au 28 juillet 1949 : Mohamed Ould Mseika est un Hartani des Barikalla d’Akjoujt fraction Ehl Etfagha Elkhattat,Taille 1m70, large de poitrine, teint assez clair, deux incisives en moins, traces de fer aux pieds, loupe (ou grosses verrues) à la tempe, chevelure longue, environ la quarantaine. Très alerte, se déplace constamment voilé, très astucieux, malin, sait se rendre agréable en société, chanteur, danseur, poète, chante les louanges du prophète. Se fait passer pour chérif et se déplace alors sous le nom de Abdallahi Ould Ahmedou.

Il est armé d’une carabine à 9 coups volée à Beina ould Naim, garde à Aioun, un fusil de chasse calibre 16 volé avec ses cartouches à Ahmed ould LEAWEID des Oulad Ahmed, et d’un revolver. Monte actuellement un azouzal akhdhar portant la marque des Hedjaj du Brakna. 

Moyens de substance : A des troupeaux, le brigadier de la Garde, Mohamed  Ahmed Ould Habib MLE 97 des Oulad Ahmed en service à Mbout lui avait enlevé 510 moutons, 2 pièces de percal et 500 francs qui ont été remis au résident de Mbout. Pour se venger Ould Mseika avait commis les méfaits suivants chez les oulad Ahmed du Brakna : 4 vaches et 12 chamelles tuées. Un fusil calibre16, 4 pièces de guinée, 4 boubous, 20 kg de thé et 300 000 francs volés. Il réussit plus tard, le 20 avril 1950, à blesser gravement ce brave brigadier dans son sommeil, sous une tente aux environs de Mbout.

Forfaits : Bénéficiant d’une grande complicité parmi les populations autochtones, Il avait réussi à tuer deux gardes cercles pendant leur sommeil, il s’agit de : Galanka GAYE à Azlat dans le campement des Zmarig le 4 mai 1950 et Said Ould SEREYNA à Mouit le 13 mai. Un troisième garde cercle, Hamady CIRE, le 26 avril 1950 à Mal, et un quatrième, Amadou DRAMANE en service à Aleg,  en mai 1950, dans le campement du marabout Mohamed Mahmoud ould Nagi, ont été tués par ce bandit. Il avait exécuté de sang- froid deux civils, Samba Dado de Malel Aéré et Ndiaye de Owrourbes Daka, et  cassé des jambes à plusieurs peulhs et tué leurs animaux.

Rayon d’action : Aleg-Mal, Tighidiwen (Assaba) et jusqu’à Khayes. Il se rendait fréquemment à Kiffa pour se ravitailler sans être inquiété.

Complices : Complices passifs : (le connaissant mais ne disant rien) très nombreux parce que ould Mseika se montre très généreux et qu’il est craint. Complices actifs : Une famille à Mal, une famille à Lebwera à l’Est de Mal, une famille à Letfetar (chez les harratines ehl Barikalla), Mohamed Ahmed ould Eleya des Laghlal Ehl Taleb Jiddou de Kiffa qui est son grand ami et avec qui il a volé le mousqueton d’Aioun. C’est lui qui le ravitaille en cartouches.

Objectifs et différentes cibles : Ould Mseika tue essentiellement des noirs et de ce fait ne s’attire pas les représailles qui auraient lieu s’il s’agissait des beidanes. Par crainte et par intérêt quelques fois, les beidanes de l’Aftout et d’Aleg le protègent en refusant de le dénoncer.

Mort de Ould Mseika :Le 20 mai 1950, il avait été capturé et tué par trois jeunes Oulad Ebyeri: Mohamed ould Mohameden, son frère Abdatt ould Mohameden et leur parent Mohamed Salem. Partis  à la recherche de chamelles volées, les intéressés ont rencontré Mohamed ould Mseika et son cousin Sidi Ould Mseika en train de faire la chasse dans la zone de Guimi. N’étant pas armés, ils s’étaient concertés en aparté et avaient décidé d’un commun accord d’arrêter le bandit. Celui-ci était armé de mousqueton et d’un poignard marocain dissimulé sous sa gandoura.

Au cours de leur déplacement à pieds, dans l’après-midi, après le départ de son cousin Sidi, Mohamed Salem avait brusquement saisi les cheveux de Ould Mseika et l’avait tiré en arrière, son mousqueton était tombé. Mohamed ould Mohameden sauta pour ramasser l’arme, Ould Mseika sortit rapidement son sabre et le menaça, Mohamed lui tira trois balles de son propre mousqueton, dont l’une l’atteint à la poitrine, une autre à l’épaule gauche et la troisième à la hanche gauche. Ould Mseika succomba à ses blessures. Il avait 32 ans».

Les assaillants étaient  sans doute motivés par la prime, très alléchante, de cent mille francs proposée par l’administration à tout celui qui mettait hors d’état de nuire ce criminel. Toutes ses agressions étaient à but lucratif, ou pour se venger. Plusieurs fois emprisonné pour vol à main armée, il réussissait toujours à s’évader après une courte période de détention. Il avait une haine viscérale pour les gardes cercles noirs qui le maltraitaient pendant ces séjours dans la prison d’Aleg, et à travers eux pour tous les noirs de la vallée.

Ainsi, les mobiles de ses crimes étaient surtout racistes, ses six victimes sont des noirs musulmans. L’œuvre  « héroïque » d’Ould Mseika,  c’est d’avoir tué quatre gardes cercles noirs, deux civils, blessé un brigadier et plusieurs peuls, et volé le bétail de paisibles citoyens majoritairement négro-mauritaniens.

Le fait de classer ce bandit des grands chemins dans la liste des héros nationaux constitue une autre insulte au corps de la Garde nationale, aux populations négro-mauritaniennes de la vallée, à la tribu guerrière des Oulad Ahmed, au Fouta, à l’émirat du Brakna et à toute la Mauritanie. Cette mesure honteuse discrédite, encore une fois, cette association pour la résistance des tribus, qui veut travestir notre histoire et nous imposer l’histoire partisane et subjective des tribus hors-la-loi, avec la bénédiction du pouvoir militaire.

Un adressage complaisant.

Sur les 484 rues du deuxième document, plus de 200 sont destinés aux émirs, aux chefs de tribus, aux cheikhs et aux notables dont plusieurs anonymes. Nasser Eddine émir des Sanhadja, les émirs pacificateurs, Ahmed ould Deid et Abderrahmane ould Soueid’Ahmed, les chefs de tribus Sid Elmahjoub, chef général des Tajakanet, Mohamed Moktar O. Hamed, Kounta du Tagant, Othmane ould Bakar, Oulad Nasser, Cheikh ould Elghoth Ehl Taleb Jiddou, Moktar ould Ahmed Othmane (Echratit, fraction des Idowish), Abdelkader O. Elkhou, Kounta du Hodh, Mhamed O. Abdallah O. Ely, chef des Ladem et sa fille Mrayem mint Abdallah O. Ely qui a commandé sa collectivité d’une main de fer, après la mort de son père, pendant dix ans, pour ne citer que ceux- là, ne figurent pas sur cette liste des notables.

On remarque aussi l’absence de Cheikh Mohamed Laghdaf ould Ehmala, de Cheikh Sidelmoktar Elkounty, de Cheikh Sid Elkheir ould Cheikh Mohamed Vadel, le pacificateur du Hodh et du Soudan, de Moumina ould Moulay Smael, chef du Ksar de Néma, de Tijany Sylla dit ould Youba Sille, chef du village de Kiffa, premier activiste anti-esclavagiste de Mauritanie, de Sramagha Keita, chef du village de Tamchekett, de Mohamed ould Vatte, chef du village d’Aleg,et de Kane Mame NDiack, Almamy Foutanké, parmi tant d’ autres.

Plus de 120 rues portent les noms d’anciens chefs d’Etat, ministres, fonctionnaires, diplomates, administrateurs, juges, professeurs,  artistes ou poètes. Houari Boumedienne, ancien président de l’Algérie, ennemi de la Mauritanie et des mauritaniens, celui qui nous a imposé une guerre de trois ans, pendant laquelle nous avons perdu plus de 2000 hommes, avec 600 prisonniers dont plusieurs ont succombé sous la torture dans les geôles algériennes et dont les survivants portent toujours les séquelles de ce séjour pénitencier, en plus des centaines de blessés de guerre, a été immortalisé avec l’avenue  25 128 dans la commune du Ksar, ce qui est inadmissible. Une autre insulte pour les forces armées et pour le peuple mauritanien. Un peuple sans identité et sans mémoire. La CUN avait poussé sa complaisance jusqu’à donner parfois à certains récipiendaires les noms des rues qui passent devant leur domicile.

D’autres absents

Des ministres bâtisseurs comme Maaloum ould Braham, Ahmed Ould Mohamed Saleh, Diop Amadou Mamadou, Baham O. Mohamed Laghdaf, Ely O. Allaf, Mohamedhen O. Babah, Sid’Ahmed O. Dey, Fall Papa Daouda, Ahmed ould Sidi Baba, Ahmed ould Daddah, père de l’ouguiya, Ba Mamadou Alassane (M.Dialogue), Sidi Mohamed Deyine, Hasni O. Didi. Des diplomates comme Mohamed Abdarrahmane O. Moine, Yahya O. Menkous, Mohamed Mahmoud O. Weddadi, Ahmedou O. Hanana,  Mohamed Said O. Hommody, Touré Mamadou Racine et Mohamed Abdallahi O. Kharchi ont été omis de la liste.

Des administrateurs bâtisseurs comme Lemrabott Ould Bebbeha, Sidi Mohamed O. Abderrahmane, Mohamed Sidiya O. Bah, l’exemple de probité morale, Bamba O. Yezid, Ngam Lirwane, Abdallahi O. Sidiya O. Ebnou, Isselmou O. Dahane, Mohamed O. Bah, Khattri O. Dahoud , Ahmed O.Mohamed Vall dit Hmeidit, Bouna ould Abeidallah, Essass O. Guig, Sidi Mohamed Abderrahim, Cheikh Ahmeddou ould Sidi, Mohamed Ghaly O. Elbou,Samory O. Biye, Fall Baba, Mohamed Abdallahi O. Alem et Ba Oumar, administrateur, écrivain et professeur, premier président de l’institut des langues nationales parmi tant d’autres, ont été oubliés.

Des oulémas comme Abbe ould Khtour, Mahfoudh O. Boyé, Saleh O. Abdelwehab, Fah ould Cheikh Elmehdi, Thierno Alassane Mamadou BA et Amadou Alpha Sow dont la mahadra avait été déportée d’Aleg au Sénégal depuis 1989 et y est toujours. Des cadis comme Mohamed Lemine O. Ahmed dit Alloum, Aberrahmane Cheikh, Housseinou Kane juge de paix, Mohamed Mahmoud ould Ghaly l’incorruptible. Des fonctionnaires bâtisseurs comme Camara Saidi Boubou, le père de la fonction publique, Boubacar O. Messoud, Deyna Sow, Michel Verges, Limam O. Mah, Traoré Ladji,Sidi O. Ahmed Deya, Mohamed O. Mahmoud dit MD Tripano, Mahmoud Bah, Naha mint Seyidi,  Racky sy, sont aussi absents de ces listes.

Des professeurs et enseignants comme Sèye Cheikh Oumar Tijane, Ahmed Ould Khoubah, l’un des premiers professeurs mauritaniens de Mathématiques, Memed ould Ahmed, Mohamed Cissé, Mohamd el Moustapha Ould Bedredine, Chérif O. Ahmed Chérif, Bayla Ba, Oumar ould Yali, Elhaj Chabarnoux, Mohamed Mahmoud O. Mohamed Radhi, Ahmedou O. Hamma Khattar, le mathématicien Ba Mamadou Bocar, Yahya Mané, Samba Fall, Mohamed yahya ould Ahmed Elhadi, Réné Verges, François Sidi Ali, Samba Fall, Bechir Demba, Mohamed O. Messoud, Keita Boubacar, Koréra Issagha, Dewahi, David, Thioub, Jedehlou, Mehlou et tant d’autres sont omis.

Des artistes comme Sidatty O. Abba, compositeur et père de la musique de l’hymne national, Ely Enbeit O. Haiballah, Badi O. Hembara, Cheikh ould Ebbacha, Lalla mint Eli Khadja, Vatma mint Awa, Elbane O. Nana, Ahmedou O. Elmeidah, Sidi O/ Gleib, Ahmed Boba jiddou , Mohamed Boba Jiddou, Mohamed Lneifara, Khalifa O Eidda, Sid’Ahmed O. Ahmed Zeidane, Sidi O. Dendenni, Mohamed Val o. Heddar, Mohamed Abderrahmane O. Ngtheiy, Lekhdheira mint Ahmed Zeidane, Mohamed ould Eli Warakane, Mahjouba mint Elmeidah, les fondateurs de l’orchestre national dont Othmane O. Eleylouwatt et Hadrami O .Elmeidah, entre autres manquent à l’appel.

Des poètes comme Ly Djibril Hamet, Jemal ould Elhassen, Mohamed O. Adouba, Mouhamdy ould Ahmed Val, Ahmedou ould Abdelkader, Mohamed O. Bowba, Ely O. Lebiadh et Ahmed Salem O. Boubout et tant d’autres. Des bijoutiers comme Mohamed O. Ahmed Taleb, Bouba Macina, des armuriers comme Sidi Mohamed O. Amar Belloul et Maarouf O. Bousbeia ont été oubliés

D’illustres militaires

Une trentaine d’officiers ont été immortalisés, dont le premier président militaire, le Colonel Moustapha O. Mohamed Salek, rue 24 057 ksar, le premier officier maure de l’armée nationale et premier chef d’état-major national mauritanien, le colonel Mbarek Bouna Moktar, rue 43008, le colonel Cheikh o. Boida 1er inspecteur mauritanien de la Garde nationale rue 41 030, le commandant Soueidatt O. Weddad, officier de la Garde nationale, doyen de nos martyrs du Sahara, 2ème inspecteur de la Garde, rue 41 024, le colonel Dia Amadou Mamadou, 3ème inspecteur de la Garde, rue 45 001, le colonel Yall Abdoulaye, 4ème inspecteur de la Garde rue 43 019, le colonel Diallo Mohamed, 7ème commandant de la Garde, rue 42 054 (tous à Tevragh Zeina), colonel Mohamed Lemine ould Ndiayane 9ème commandant de la Garde, rue 21 088 Ksar, qui quitte l’ancienne primature, passe entre l’état-major national et le lycée technique, traverse Ely O. Mheimid vers la socogim PS.

Le premier gendarme et premier officier de la gendarmerie, le Capitaine Sid’Ahmed ould Lab, Matricule 001 de la gendarmerie et matricule 316 du corps des gardes cercles maures, admis à la gendarmerie française le 15-04-1955 puis à la gendarmerie nationale en 1961, la rue 41 132 Tevragh Zeina, ainsi que le colonel Viyah ould Maayouf considéré comme le 1er officier de la gendarmerie nationale, alors qu’il est issu de l’armée, rue 42 048 Tevragh Zeina, ont été immortalisés.

Cependant, l’adjudant-chef Hamma ould Moustapha  issu des gardes cercles noirs, matricule 001 du corps des gardes cercles maures fondé le 1er avril 1942, admis le 10 juillet 1958  dans les rangs de gendarmerie française puis le 6-11-1961 à la gendarmerie nationale avant de prendre sa retraite le 1er-11-1966 et le capitaine Mamoye DIARRA issu des gardes cercles noirs, premier officier de la garde nationale ainsi que le foutanké matricule 001 du corps des gardes cercles noirs fondé le 30 mai 1912, n’ont pas été immortalisés.

Le premier officier mauritanien était noir et peulh, il s’agit du commandant DIALLO, officier issu du rang, né à Kiffa d’une mère mauritanienne et d’un père malien. Il fut le premier aide de camps du père de la nation. Le centre d’instruction de l’armée nationale de Rosso (CIAN) portait son nom depuis avril 1964, avant que le pouvoir militaire raciste et tribaliste ne lui donne un autre nom.

Les maures ne voulaient pas de lui à cause de l’importance du contingent négro-mauritanien dans les forces armées  au moment de l’indépendance, et les noirs non plus ne l’ont pas adopté puisqu’il n’avait pas de racines dans les tribus du Walo, du Fouta et du Guidimagha mauritaniens. Victime de l’indifférence, il n’en demeure pas moins le premier officier de l’armée nationale issu de l’armée française comme tant d’autres, et doit être nécessairement immortalisé.

Tous les officiers français, qui avaient dirigé l’armée et la Garde nationale comme le commandant François BESLAY, 1er chef d’état-major (1960-61), le lieutenant -colonel Paul Mourier, 2ème Chef d’état-major (1961-65) et le capitaine Signe, 1er inspecteur de la Garde nationale  (1960-67) ainsi que Jean Gallouedec, ancien officier supérieur de l’armée de l’air française, chef du cabinet militaire du président de la République (1961-67) peuvent prétendre à être immortalisés pour avoir contribué à la construction des institutions nationales.

Identification de certaines rues

On découvre dans ce plan urbain que l’avenue 26 002-42 158-43002-44 056 Tevragh Zeina, qui quitte le carrefour O. Mah vers l’ouest, passe au nord du siège de la SNDE et de Bana blanc, traverse de Gaulle, passe au sud du chantier de l’ambassade du Maroc et du stade olympique, traverse Mandela et se termine au carrefour de Nouadhibou, porte le nom du roi Hassan II, l’un des meilleurs amis de la Mauritanie. Que l’avenue 44 001-46 121-46 107 TZ, qui suit l’avenue Aboubekr Essedigh, qui quitte Monotel vers le stade olympique, passe devant la TVM, traverse Moktar O. Daddah, et dépasse le ministère des affaires étrangères porte le nom de Nelson Mandela.

On y découvre aussi que l’avenue 42 001 qui quitte Nasser passe entre Air Mauritanie et la direction des impôts, traverse Ali Ibn Eby Taleb, passe à l’Est des ministères de la pèche de la défense et de la présidence porte le nom du Colonel Ahmed O. Bousseif, que l’avenue 42 087-43 027 qui quitte Daddah vers le sud, passe à l’ouest du siège de Chinguitel, et Chinguetti Panda et se termine à Monotel porte le nom de Yasser Arafat.

 Que la rue 42 078 TZ, qui quitte Omar ibn Elkhattab au niveau de la BCM-direction des domaines vers l’ouest et passe au nord de la mosquée saoudienne porte le nom du commandant Jiddou O. Salek, que l’avenue 42 093-42 128 TZ, qui quitte Hassan II, passe à l’ouest de l’ambassade du Koweit et traverse Yasser Arafat porte le nom de Bouna Moktar ancien député, et chef général des Oulad Demane.

Heureuses surprises et perspectives

En parcourant ces délibérations, j’ai eu l’agréable surprise de découvrir que les combattants de la liberté comme Tene Youssouf Guèye, écrivain poète martyr, rue 43 094 TZ, Habib O. Mahfoudh, professeur journaliste fondateur du Calame rue 44 023 TZ, Kane Saidou, professeur, historien anthropologue rue 41 015 TZ ont été immortalisés. Que le brigadier Mohamed Lemine O. Saoud dit Mini de l’AS Garde, l’excellent footballeur rue 21 102 Ksar, que l’interprète colonial  Mohamedou Bou Elmogdad, compagnon du pacificateur fondateur de la Mauritanie Xavier Coppolani, rue 44 059 TZ et que Ndjeumbeut Mbodj reine du Walo rue 44 087- 44 089- 44 091 TZ sont parmi les récipiendaires.

Que les femmes bâtisseuses comme Mariéme Daddah, la mère de la nation rue 42 122 Tz, Turkia Daddah la mère de l’école nationale de l’administration rue 42 081Tz, Simone Fatimata Ba, la mère de l’école normale supérieure rue 21 191 Ksar, Vivi mint Feiji 24 053 Ksar, Marième mint Sd Elmoktar rue 42 085 Tz, Ndeye Tabara Fall 41 164 Tz, Aissata Kane première femme ministre 42 091, Khaddaja mint Emir, première femme députée rue 42 149 Tz et Tokssel Sy pionnière de l’action humanitaire en Mauritanie rue 42 143 Tz n’ont pas été oubliées.

 

J’espère qu’un jour les autres martyrs de la République comme les dizaines de victimes de l’injuste politique de l’arabisation à outrance de février-mars 1966, la dizaine de travailleurs de la Miferma morts ce 29 mai 1968, Soumeyda, le doyen des combattants pour la liberté, les 2000  officiers, sous-officiers et hommes du rang, martyrs de la guerre du Sahara, entre décembre 1975 et juillet 1979 dont les premiers tombés sur le champ d’honneur à Inal ce 9 décembre, sont l’adjudant Abdallahi Sy de la gendarmerie et le brigadier Mohamed O. Mahmoudi O. Moussa Matricule 2147 de la Garde nationale.

Sans oublierl’ingénieur et le collégien martyrs du nassérisme en 1984,  ainsi que les martyrs du génocide et de la déportation, Lamine Mangane, le martyr de l’enrôlement discriminatoire le 27-09-2011, et Moktar O. Sidi O. Hweimana, le dernier martyr des dockers tombé sur le champ de bataille pour une cause juste le 05 avril dernier  auront, tous leurs places dans la mémoire nationale. Car nous devons assumer notre histoire. Toute notre histoire. Et valoriser nos martyrs, tous nos martyrs sans exception aucune, sans discrimination aucune, pour bâtir une Mauritanie plurielle unie, pour un avenir meilleur.

La dénomination des espaces publics doit nécessairement avoir un impact psychologique positif sur les citoyens d’un pays et particulièrement les habitants de la commune concernée et doit avoir une signification patriotique. Lorsque les citoyens d’une commune ne sont pas satisfaits de la délibération du conseil municipal à propos de la dénomination d’une rue, ils peuvent  adresser au maire une pétition pour dénoncer cette mesure ou la contester devant le tribunal administratif.

Toutefois l’attribution d'un nom à un espace public  ne doit pas porter préjudice aux personnes ni susciter l’indignation d’une communauté ou d’un groupe de citoyens dont la réaction peut parfois porter atteinte à l'ordre public. Elle doit aussi respecter les valeurs morales du peuple, l'image du pays, de la ville ou du quartier concerné.