Mémoires de Boutilimit /Par Brahim Ould Ahmed Ould Memadi

14 April, 2016 - 03:30

Chapitre 8 : Mont auguste et glorieux panthéon

EL BAELATIYE, du chant, est un mont sablonneux qui abrite un merveilleux cimetière de transcendance potentielle avérée et ondoyante de dévotion, de piété, de pureté, d’humilité et de baraka effervescentes.

Sans doute, les supplications, sollicitations et autres prières, s’y exaucent rapidement, puisque bien entendues, soutenues et gagnées.

Sur cette monumentale colline, consacrée cimetière béni, reposent de grandes pléiades de saints et saintes, de héros-symboles-fondateurs, d’éminents érudites-bienfaiteurs-bâtisseurs et beaucoup d’hommes et de femmes très valeureux.

Elle se situe à la limite nord-est de la fabuleuse cité boutilimittoise, qu’elle protège éternellement…

Cette très vaste nécropole, à ciel  ouvert, est le site spirituel le plus sollicité et visité dans la sous-région…

Les visiteurs, ‘zouar’, y affluent massivement et perpétuellement de tous les azimuts, du monde, sans rituel, ni  protocole ou formalités préalables… Contrat, sans avenants et formellement irrévocable.

Ils s’y épanouissent et abondent dans la passion du recueillement ! Elle accueille aussi régulièrement, les dépouilles très nombreuses,  transportées de partout ailleurs, pour inhumation, conforme aux derniers vœux des défunts.

Elle est surtout notre glorieux panthéon ; le monument symbolique de notre profonde histoire patriotique, celle sans déformation.

Repère de dignité légendaire, où reposent, en paix éternelle, les beaux fleurons de notre héroïque gâble national…

Le premier habitant de l’auguste ‘baqui-e’, fut bien la sommité, l’érudit et saint, l’homme d’Etat, et monument religieux de tous les temps, feu Cheikh Sidia Babe. Ainsi, tel qu’il avait déjà fait, vivant, en faveur des vivants, il le réalisa, défunt, pour les défunts… « Un ensemble homogène dans son territoire, et en paix inviolable». Puisqu’il fut parfaitement l’homme idoine lors de la plus sanglante et terrifiante étape lugubre de notre sauveur de l’époque embryonnaire de notre entièreté, naguère, délabrée, chancelante, insignifiante, sans adresse ni symboles… Sinon, un FAR-WEST où empirait misère  doublée de génocides horribles et inhumains. Un immense espace nu, aride et exposé, entièrement sous l’emprise sanguinaire des bandes criminelles de brigands sans foi ni loi, qui y semèrent terreur et désolation. Certes, « ceux, là-bas », qui nous ressemblent… « étonnement-exactement !!! »

Et, qui perpétraient leurs cruels massacres, exterminations par ravages violents et atroces, persécutions tyranniques, viols dégueulasses, vols, braquages et tous genres de crimes immoraux.

Ce fut bien cet homme d’alors, illuminé, courageux et providentiel, qui  trouva la parade pragmatique de la délivrance de tout un peuple en déroute, meurtri et désemparé. Qui fut, surtout, sans structures, ni rôle extensif, ni défense, ni moyens ou simple espoir, face aux bandits des grands chemins. Les meutes féroces de lascars, sans vergogne, qui sévissaient dans tout le territoire endolori et désolé ; en toute impunité et, sans délicatesse morale, aucune.

Ce fut bien aussi, ce gigantesque héros rassembleur, au raisonnement pertinent, l’initiateur de l’émergence unitaire évolutive de notre entité nationale. A partir de sa brillante et grandiose initiative qui aboutira, jadis, pacifiquement et rationnellement, à l’ébauche solide de ce qui nous rassemble aujourd’hui, nous émeut et nous glorifie…

Œuvre, courageusement poursuivie et achevée, contre vents et marées, par son voisin de sépulture au panthéon, feu le président perpétuel Moktar Ould Daddah, père fondateur de notre Etat-nation.

Celui, qu’un jour, en plein apogée de son action glorieuse, s’était vu ‘’arracher’’, par une main omnipotente, gauche et traitresse, ce que l’autre lui octroyait gracieusement…

En effet, ce cimetière est à la fois, méga-panthéon où les cœurs repentants s’amènent d’emblée à résipiscence que le clément et miséricordieux ne repousse jamais !

Mont et âmes, parmi lesquels, on se détache facilement et entièrement, de toutes préoccupations temporelles… Où, on vaque aux supplications et médiations émotives, en la componction affective totale…

C’est bien en ce moment, en cette « demeure de la vérité », et rien que celle véritable, qu’émerge, aussitôt, en surface du sentiment, l’envergure du grand ‘dégât’. Quant à l’ampleur de notre ‘’ingratitude’’ à l’égard du créateur Auquel et seul, appartiennent toutes les marques sublimes de bienveillance.

Ce très digne repère de nos valeurs historiques, se distingue incontestablement par son humilité frappante… Du fait des sépultures, réprimant tous caractères d’orgueil.

Une modestie très apparente et, plus nette, lors des déplacements parmi les cavées étroites et tortueuses qui séparent les humbles tombes, sans faste ni éclat.

En ce morne terreau du désert, la vie si chère, perd complètement tous les sens de son essence puisqu’anachronique, en ce lieu, où elle s’étouffe à jamais.

 Cette sobriété  rigoureuse du rite sunnite, lui consacre la propriété constante qui suscite instinctivement la méditation extensive intense…

S’agissant essentiellement, de l’unicité du créateur, Allah et de son éternité qui n’appartiennent, strictement jamais, à aucune mesure sensible. Donc, il y a lieu aussi de s’étaler et renouer avec  l’angoissante logique eschatologique confuse et épouvantable. De même que l’immensité indicible de ce néant réputé origine de toute l’existence universelle… Lequel ‘rien’, mène vertigineusement, à un autre, plus immémorial, opaque, profond et confus… Où, tout se meurt et se dissipe banalement et définitivement. En un tourbillon plus impétueux qu’irréversible, qui égrène goulûment et sans cesse, la grappe de cette même existence, tant éphémère qui s’amenuise, sûrement à dessein puisque notre évolution, à rebours, vers cet absolument rien, qui engendra cette dernière indomptable, semble impassible, imparable et bien décisive.

Ce qui correspond évidemment, au bout du ‘décompte perpétuel’, au ‘retour programmé’, à notre fameux néant initial.

Donc, ce phénomène inévitable, nous guette et harcèle par l’angoisse permanente, par l’incertitude du sort hermétiquement occulte et mystérieux. Sur fond de doute rétrospectif sempiternel, de remords, de désespoir, de repentir et du goût amer de l’inachevé… Aussi et surtout là où ce ‘rien’ est véritablement terrifiant, c’est bien cette crainte rétrospective indéfiniment présente. Du fait accablant de la peur excessivement troublante que suggère le spectre du ‘châtiment terrifiant et absolu’, qui nous hante.

Toutefois, et très heureusement, le vœu et l’espérance sont actes de soumission notoire et formellement recommandés. Pour obtenir ‘le salut’, contre toute attente, quant à la clémence et la miséricorde divines.

Cette faveur que le très bon Dieu accorde à ses sujets désespérés, par consécration ou rémission triomphantes, en la vénération soignée et patiente qui mène au bonheur éternel, en l’au-delà.

En tout cas et sans détour, on s’en réfère absolument à nos préceptes courants et comptons sur lui seul, et l’interpellons humblement. Lui auquel ‘nous appartenons, et reviendrons’ !! Puisque nous avons tous, sans exception, un pied dans la tombe. Quant à ‘l’examen final’, que faire, alors ??? Sauf, ‘oh !!?? Allah ?????, par ta bienveillance, plutôt que, par mon travail ???’

Enfin, notre mont béni, repère glorifiant de nos saints et héros, ‘pole position’, est une véritable mine de baraka et de bénédictions intarissables, permanentes et pérennantes.

Tous les chantres des bonnes causes et toutes les autres composantes de cette population du grand silence, en leur honorable congrégation, méritent bien, toutes formes d’immortalisation !!

Du fait de l’accomplissement exemplaire et rigoureux de tous leurs devoirs religieux, patriotiques et humains !!!