Autour d'un thé

3 March, 2016 - 00:33

En Mauritanie, les voyages ont aussi leur tradition. La célèbre Rav’gua. La caravane de mil. De sel. De tissu. De thé. De sucre. Bon et puis,  allons-y quand même, des esclaves. Oui, il y en avait. Au moins en ces temps. Des gens vous diront que non, il n’y en avait pas. Mais il y avait, tout de même, des caravanes célèbres. Des convois, même. Comme « Keweyett Nevrou ». Un voyage sisyphien. Qui ne finissait que pour reprendre de nouveau. Je sais que reprendre de nouveau, ça sent le pléonasme. Mais je persiste et signe. C’est l’entêtement qui risque de couler le pays. Les choses fausses déclamées en vérités. Des gens cons présentés comme des sages. Et ainsi de suite. Ici, il faut « affoler » sa « tête », comme disent les junks, sinon ça ne va pas. Tu es qui toi ? Go ! Mais il y a un adage de chez nous qui dit que le voyageur ou l’homme, en général, puisqu’à l’époque, les femmes ne voyageaient pas – C’était encore la belle époque où les femmes, c’était de leur maison à leur tombe. Pas comme maintenant où certaines femmes peuvent mourir sans avoir, au moins une fois, posé patte chez elle. Les concepts de genre et de parité, connais pas ! – Enfin, bref, revenons à nos moutons. Plus exactement à l’adage dont mon aparté a bouffé la fin. L’adage, donc, disait qu’au voyageur, ne demande pas combien de temps il a duré, mais, plutôt, ce qu’il a rapporté. Les voyages, « il y en a et il y en a ». Un quelqu’un d’ordinaire met le pied dans le premier camion qui passe et va là où il veut. Mais un Président… ça coûte cher. Je ne parle même pas de la Mauritanie. Pour avoir la paix. Et pour qu’on ne dise pas que je suis un opposant. Les voyages de François Hollande coûtent 20.000 euros/heure à la France. François Hollande ne s’assoit pas. Il ne se stabilise pas. On a écrit sur son pied : vas-y, marche. En avant. Mais de Chine. De Corée. D’Iran. C’est comme du loto, il a rapporté gros. Chez nous, les voyages des présidents ont leurs petites histoires. Feu Moktar ne voyageait pas beaucoup. Mais il rapportait ce qu’on lui donnait. Haïdalla : Bujumbura : Maouiya. Vous connaissez la suite. En vingt-et-un an de pouvoir, Maouiya ould Sid’ Ahmed Taya ne voyagea guère. Beaucoup regrettent, même, aujourd’hui, qu’il soit parti présenter ses condoléances en Arabie Saoudite. Un autre adage nous enseigne que si tant est que c’est un crieur qui remplace un crieur, autant conserver le nôtre. C’est juste comme l’histoire de cet homme qui divorça sa femme, parce qu’elle ne lui donnait que des filles. Il en avait déjà quatre, au bout de quatre grossesses. Alors, tout mécontent, notre homme divorce et se remarie, espérant que la nouvelle dulcinée lui donne satisfaction, en lui pondant, enfin, un digne héritier. Première grossesse : bingo ! Deux jumelles. Complètement désarçonné. Il se résout à reprendre sa première femme, en déclarant : Au moins, toi, tu les amènes une à une ! En dix-neuf mois. Le CMJD n’a pas voyagé. Le CMJD est président. En quinze ou dix-sept mois, Sidi ould Cheikh Abdallahi a voyagé quelques fois. Ses généraux lui reprochent quatre mots. Deux noms propres : Khatou et Yahya ; et deux noms communs : Fondation et voyage. Un troisième adage, toujours de chez nous, nous apprend que le « critiqueur » n’attend pas la fin du monde. Que peut-on bien rapporter du Burundi ?  De la Nouvelle-Guinée, de l’Indonésie, de la Turquie ou des Iles Caïman ? On ne demande pas à un homme, président de surcroît, où il va ni  Pourquoi il va. On ne lui demande même pas ce qu’il a rapporté. Surtout quand c’est visible. Surtout quand ça saute aux yeux. Y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Ni plus sourd que celui qui ne veut pas entendre. Y a quoi ? C’est parce que le président voyage que le soleil continue à se lever. Que les jours se suivent. Que les nuits tombent. Si le président va en Chine, c’est qu’il doit aller en Chine. Y a pas plus sot, pour un président, que ne pas voyager. Aussi loin qu’il le pourra. Avec Madame, bras dessus, bras dessous. L’opportunité ne se répète pas. Et puis, il ne faut pas que dans cinq ou six ans, tu nous dises : j’ai pas été dans ce pays-là où j’ai pas été dans ce pays-ci. T’as pas été président ? Alors, Va là-bas, couillon ! Salut.