Faits divers

18 February, 2016 - 01:21

Vague après vague, la criminalité s’est installée à Nouakchott, y suscitant une véritable psychose. L’affaire du récidiviste Babe ould Msid, abattu par un commerçant – voir notre précédente édition – hante les esprits. Tout le monde  se croit ciblé et craint d’être, à tout moment, victime de malfaiteurs. Les trois affaires suivantes illustrent différemment ce climat morbide...

 

Un boutiquier tue un jeune homme

Voici, dans un quartier d’El Mina, une boutique, tenue par Saddam ould Ammar, 25 ans, fréquentée, quotidiennement, par nombre de jeunes du coin. Jemal ould Mohamed Yahya ould Abass, âgé de dix-neuf ans, habite juste à côté et passe beaucoup de sa journée avec Saddam, au point de devenir quasiment inséparables. Jemal souffre de troubles psychiques et ses parents sont assez contents de le voir ainsi familiarisé avec leur voisin qui n’est pas mécontent, non plus, car il a pu, grâce à son jeune ami, se lier avec plusieurs autres hommes de leur âge. Il y a peu, un nouveau venu au groupe vend un téléphone portable à  Saddam qui le lui paye, avant même d’avoir suffisamment testé l’appareil. Mais, à l’usage, celui-ci se révèle, le jour même, défectueux et le boutiquier appelle Jemal pour l’aider à retrouver l’escroc. En vain. Vers vingt-deux heures, Jemal revient, comme d’habitude, veiller à la boutique. Saddam est fou de colère. « Alors, tu l’as retrouvé ce bandit ? Ou est-il ? –  J’en sais rien, je ne le connais même pas. – Non, tu mens ! Tu le connais très bien ! Tu vas aller lui remettre ce fichu téléphone et lui dire de me rembourser ! », ordonne le boutiquier furieux en lui passant le portable. Jemal refuse de le prendre et c’est la bagarre, aussi stupide qu’incontrôlée. Saddam s’empare de son gourdin et assène plusieurs coups sur la tête de son compagnon qui s’écroule.  Evacué d’urgence à l’hôpital, le malheureux décède un peu plus tard. Des agents du commissariat de police El Mina 2 ont embarqué l’assassin. Déféré, il a été écroué à la prison de Dar Naïm.

 

Un militaire tire sur un mécanicien

Au quartier Mgeïzira de Teyaret se trouve un garage autogéré par un mécanicien sénégalais, natif de Thiès, appelé Ngaïdé dit Zall. Il y a quelques jours, il  reçoit la visite d’un certain Ould Aghrabat, sous-officier de l’armée, en service à l’intérieur du pays. Il vient récupérer un véhicule de type Golf que Ngaïdé a déplacé sans son aval. Il constate que le pare-brise arrière du véhicule est entièrement cassé. Il demande des explications au mécanicien : pourquoi a-t-il brisé le pare-brise et allumé le moteur par contact direct pour l’emmener ? « Pour recouvrer mes droits », répond Ngaïdé. Le véhicule était, dit-il, en réparation dans son garage, quand la police était venue l’embarquer suite à une plainte d’un autre client. Ould Aghrabat  en aurait alors profité, selon lui, pour reprendre son véhicule sans payer. La discussion dégénère. Ould Aghrabat veut reprendre, de force, sa voiture mais le sénégalais s’interpose, armé d’une barre de fer,  et menace de lui en fracasser le crâne. Ould Aghrabat dégaîne son pistolet et tire. Blessé au dos et à l’épaule, Ngaïdé est évacué, en urgence, à l’hôpital Cheikh Zayed. Au moment où nous rédigeons cet article, son état est jugé stationnaire, selon une source médicale. Sa femme mauritanienne, Fatimetou bintou Elimane reste à son chevet, après avoir confié leurs trois filles aux soins de voisins. L’épouse du sous-officier prend en charge tous les frais d’hospitalisation.  Quant à Ould Aghrabat, il est en garde à vue à la brigade de gendarmerie de Dar Naïm.

 

 

Un policier tire sur un groupe de citoyens

La zone de Dar Naïm est considérée comme une des plus dangereuses de Nouakchott. Criminalité et délinquance y ont pignon sur rue.  Notamment au Secteur  16, cible privilégiée des bandes armées qui y ont fait des dizaines de victimes. Les habitants ont porté plainte à plusieurs reprises auprès des autorités. En vain. Ce qui les a obligés à mettre en place des comités de vigilance  chargés de patrouiller la nuit.

Il  y a quelques  jours, un groupe de personnes  effectue une ronde, vers 2 heures du matin. L’une d’elles remarque un suspect : un homme se faufile dans les rues. On lui crie de s’arrêter. Pour toute réponse, il sort un pistolet, leur tire dessus, blessant Dah ould Yacoub, avant de se présenter. Il s’agit d’un policier en service à Dar Naïm. Il  s’appelle Ethmane ould Navé et prétend avoir pris le groupe pour des malfaiteurs. Evacué à l’hôpital Cheikh Zayed, le pauvre Dah souffre encore de sa blessure mais sa vie ne serait pas en danger. Le policier a été arrêté. Patrouillait-il  vraiment ou avait-il d’autres soucis ? Allahou alem...

Mosy