Autour d'un thé

4 February, 2016 - 02:05

Entre le gouvernement et les peshmergas, il existe des relations fortement tissées, au fil des temps. A priori, il n’y a rien, pourtant, qui lie un ministre et un pesh. Mais, au fond, un ministre qui raconte des histoires et un pesh qui fait des suppositions, c’est kif-kif. Bonnet blanc et blanc bonnet. Sauf que, pour les pesh, leurs suppositions peuvent les emmener loin. Très loin même. Jusqu’au fond du pays, pour aller savoir si ce qu’ils ont écrit ou raconté est formel ou informel. Si les informations données sont justes ou injustes. Attention aux « Il paraît », « Selon des sources proches »… de quoi ? De la prison. Ou du Procureur. Aux  « sources concordantes »... sur quoi ? Sur le mensonge. Pour les ministres, c’est différent. On peut mentir impunément. Mentir sans risque. Mentir pour la promotion. Exemples. Déclarer que l’année 2015 est l’année de l’Education. Que ça a marché mieux que les autres années, en termes de prestations scolaires. Les infrastructures. Les conditions pédagogiques. Les résultats des examens nationaux. Tout ça, c’est un gros mensonge porté par tous les gens du ministère de l’Education nationale. Depuis le portier d’une école de Tarhil jusqu’au ministre lui-même. Vous savez pourquoi c’est un gros mensonge ? Pour la simple raison que tout ce monde sait que c’est pas vrai ce qu’il raconte. Ils vous diront en aparté, loin des regards : « C’est la pire année. Mais c’est l’année de l’Education ! » Augmentation ou diminution du prix du carburant. Le ministre de la Communication a déclaré deux à trois choses intéressantes. Rien à envier à un peshmerga inspiré, seul, face au directeur administratif et financier d’un établissement public. Les idées et les théories volent dans tous les sens. Surtout quand le DAF commence à ouvrir le coffre pour on ne sait quel dessein… Le ministre a été au moins d’un courage à saluer. Impossible de diminuer le carburant. Au Golfe, ça a augmenté. D’où sort ce ministre ? Trois diminutions au Mali. Deux au Sénégal. Augmentation à Koweït City. Statu quo à Nouakchott. Bonne stratégie : aller entre les deux. Faire l’équilibriste entre fausses informations et arguments fallacieux. Génial. Et puis, les pauvres, hein, z’ont pas de voitures ! Donc pas besoin de carburant. Cher ou pas. C’est pas grave. Les pauvres, c’est nous. C’est simple. Les riches achètent le carburant. Les pauvres n’en ont pas besoin. Sacré ministre de la Communication ! Heureusement que tu es là ! Autrement, ton gouvernement t’aurait inventé. C’est le porte-parole. C'est-à-dire que c’est à lui qu’incombe la mission de porter, au public, les réflexions de ses pairs et de leur Boss sur les affaires nationales. Les boutiques Emel, c’est quoi ? C’est justement pour ne pas diminuer le prix du carburant. Si tant est, comme disent les gens de l’opposition, qu’il y ait un rapport entre les denrées alimentaires et les hydrocarbures. Ministère des Finances. Là aussi, bon, on ne va pas aller jusqu’à dire que le ministre dit des choses inexactes. Un ministre des Finances, c’est beaucoup. C’est pas comme l’Education ou la Communication. Le ministre des finances peut te faire fermer boutique, d’un seul redressement fiscal ! Si tu es fonctionnaire, il peut te zigouiller, via ton salaire ou tes heures supplémentaires, ou, même, te trainer infiniment. Il ne ment pas, donc, il se trompe volontairement. Par exemple, il y a des gens qui attendent une régularisation de primes depuis deux ans. Il y a l’argent, déclare le ministre. Mais ça vient. Il est là. Presque. Deux ans. C’est rien. C’est quoi, recruter un contractuel, cinq mois après les ouvertures scolaires, à quatre mois des fermetures ? C’est parce qu’il n’y a pas d’argent pour les payer. Pourtant, l’argent y en a plein les caisses et les armoires, disait, l’autre soir, son Excellence Monsieur le ministre, invité dans la Balance du peuple. Comment ça, y a pas d’argent ? Bonne nouvelle. Les deux milliards que les journalistes vont verser à la SNIM, pour dommages et intérêts, lui permettront, certainement, de régler certains de ses problèmes. Comme quoi, quand on est impuissant, face à ce bas-monde, autant dire que la fin du Monde est imminente. Salut.

 

Sneïba El Kory