Autour d'un thé

23 July, 2014 - 09:39

Vous savez quoi ? La gabegie ce n’est pas bon, ce n’est pas bon. Comme la guerre, la gabegie tue. Quand il y a gabegie, tout le monde cadavré. Quand il y a gabegie, tout le monde mort, oh ! Et c’est quoi, continuer à payer infiniment des gens qu’ils n’ont aucunement aucun droit et priver d’autres qui n’ont que des droits ? Les députés se sont auto-légalisés. C’est bon ! Et les sénateurs ? C’est pour quand ? Le fameux tiers, là ? Maintenant je crois que les trois tiers doivent être revisités. En attendant, que d’ouguiyas ont été englouties indûment ! Des milliards et des milliards. Et ça continue ! Jusqu’à quand ? On ne sait pas. D’ici là, le club des notables, chefs de tribus et autres très  proches du pouvoir peuvent continuer à manger, injustement, l’argent du peuple, pendant que les pauvres populations de Mbout attendent, les fesses et les bagages dans l’eau, des aides qui tardent à venir. Il semble qu’il y aura des transferts. Comme au temps d’une certaine époque où, lorsque tu es mauvais élève et que tu n’es pas sûr que ça marche, dans une école où l’instituteur n’est pas clément, il faut vite transférer dans une autre plus gérable, en termes de relations entre tes parents et sa direction. C’est exactement ce que compte faire le pouvoir, pour des sénateurs qui risquent de redoubler, farouchement, dans leurs anciennes circonscriptions électorales. Alors, cassation d’âge, changement de recensement et hop ! Au lieu de « né à Rosso et candidat aux sénatoriales à partir de la moughataa de Rosso », nous voilà « né à Chami ou environs et candidat aux sénatoriales pour la moughataa de Chami ». « Bobou mo’guen sur, koi » (ceci est plus sûr, quoi). Mord ou ne mord pas, le plus sûr est de ne pas mettre le doigt. Termessa, Nbeïket Lahwach et Chami, quelle idée ! S’il n’y avait pas Chami, comment ferions-nous pour placer nos pions ? Gouverner, c’est prévoir. Mais comment ? La couper et la raccommoder, c’est bon. Mais, la surveiller, avant de l’atteindre, c’est mieux. Il faut bien savoir se mettre à l’abri. Nous sommes des nomades. Alors, quand une « maison » ne vaut plus rien, il faut plier tentes et bagages et quitter vers une autre encore plus verdoyante et plus ruisselante. Et puis Rosso et Chami, c’est la même chose. Ce qui est mauvais, c’est de se présenter à partir de Louga ou de Kébemer, déposer son dossier à Bejdour ou à Gleimime. Tant que c’est  la terre de la Nation. Puisqu’on parle gabegie. Pendant qu’on y est, juste à quelques mètres de l’emblématique école Khayar, il y a un imposant bâtiment où c’est écrit « Direction des projets de l’Education nationale ». Ou quelque chose comme ça. La certitude est difficile. Mais, c’est quand même ça ou ça ! Ou très proche de ça. En tout cas, projet quand même est là-bas. J’ai la curiosité de savoir de quels projets parle cette affiche (au sens cinématographique du terme). Projet éducation, projet formation, projet construction. Education de quoi ? Formation de qui ? Construction de comment ? Le fiasco du bac, dans toutes les filières, est éloquent. De quelle éducation parle t-on ? Des centaines de milliers de petits enfants, abandonnés dans des grottes sombres, entassés, par centaines, devant un vieil instit. En haillons, désabusé et chroniquement absent, à cause des conditions misérables de son existence. Pompeuse éducation dont les produits atteignent l’université toujours incapables de lire ou d’écrire correctement. De quelle formation s’agit-il ? De celle de milliers d’enseignants de tous les ordres, venus au métier sans vocation ni conviction. Juste une occasion, pour eux, de s’arrimer au Makhzen et de s’envoler ailleurs. Le salaire garanti n’est qu’un bénéfice. La panacée est ailleurs. Dans les taxis. Dans les boutiques de friperie. Dans les « envoyé crédi », dans les ventes de boubous. Dans les environs immédiats des banques, dans la vente du lait caillé, des fruits sur les étals de la Polyclinique ou du Centre hospitalier national… Construction de comment ? Construction de comme cela. Gabegie, gabegie…La gabegie c’est comme la guerre, quand ça commence, tout le monde cadavré.