Passif humanitaire : blocage de dossiers au ministère des Finances ?

8 October, 2015 - 01:14

Ils sont plus de deux cents fonctionnaires et agents de la Fonction publique à courir, depuis 2012, derrière le règlement de leur situation. Il s’agit d’une seconde vague des mauritaniens  ayant été  vidés de leur poste, au cours des évènements 1989/1991. Une première vague obtint sa « régularisation », auprès de l’agence ANAIR, dissoute depuis. Les autres  continuent à courir,  entre le ministère de la Fonction publique et celui des Finances. C’est d’ailleurs suite à de nombreuses réclamations que le gouvernement  « ordonna », lors du Conseil des ministres du 20 Septembre 2012,  de régler le problème.  Mais, quinze mois plus tard, une lettre circulaire N° 00019/13, en date du 3 Décembre 2013, devait être encore adressée, aux différents établissements, leur rappelant de se conformer à la décision de l’Etat de promouvoir « des mesures  en faveur des employés victimes des  évènements de 1989 ». il s’agit, « concrètement », pouvait-on lire dans ce document, d’« indemnisations, de réintégrations, régulation de situations statutaires, droits à la retraite, selon les cas ».  Le ministère de la Fonction publique prépare  et envoie un courrier au ministère des Finances, concernant 219 personnes. Un nombre qui va, d’ailleurs, connaître une sensible augmentation, suite à diverses réclamations. Selon l’un des délégués des victimes, il aurait atteint, d’après le dernier courrier du ministère de la Fonction publique, du 15 Juillet 2015, le chiffre de 463, les limogés du  secteur privé inclus. Voici nos pauvres victimes à courir ou à continuer la course. Mais toujours pas au bout de leur peine. Car, au ministère des Finances, on leur signifie n’avoir reçu aucun courrier de la Fonction publique à leur sujet. Retour donc à ce département où le secrétaire particulier déclare, catégorique, avoir bel et bien envoyé ledit courrier ! Soulignons, ici,  que le secrétariat central du ministère de la Fonction publique qui avait géré tout ce dossier  a été dissous, laissant un seul fonctionnaire le suivre avec les délégués des victimes.

Au ministère des Finances où il s’est rendu plusieurs fois, Mamadou Hamidou Sarr, un de ces délégués, s’est lui-même entendu dire que le secrétariat central n’avait pas reçu le courrier de son collègue de la Fonction publique, mais, à en croire diverses sources, la missive serait bien parvenu au département des Finances, sans y être officiellement enregistrée, et se  trouverait, actuellement au bureau du ministre… qui bloquerait la liquidation du dossier. Difficultés financières ou excès de zèle ?

En tout cas, les victimes concernées se demandent ce que vaut, réellement, une décision du gouvernement de la République, puisqu’elle peut être, si facilement, remise en cause. Et Mamadou Hamidou Sarr d’interroger : le président de la République qui a ordonné, en 2012, le règlement de cette affaire, est-il bien informé de son évolution ? Et de lancer, au nom de ses compagnons d’infortunes - Dieu sait qu’elles  sont nombreuses ! – un appel au président de la République, pour que soit mis fin  au calvaire de ces centaines de mauritaniens, à la merci encore de l’arbitraire.