Coup d’Etat au Faso : La France accepterait le retour de Compaoré ?

17 September, 2015 - 18:12

Après quelques coups de semonce  et d’essais,  le RGP, garde prétorienne de Blaise Compaoré a décidé de franchir le Rubicon, ce mercredi 16 septembre en  renversant  les autorités de la transition. Presque sans coup férir, ruinant ainsi les espoirs du peuple Burkinabé qui a su se débarrasser de l’un des potentats africains qui n’acceptent pas de quitter le pouvoir au terme des mandants constitutionnels. 

Le départ de Compaoré, qui  manœuvrait  pour un 3e mandat, avait surpris plus d’un en Afrique  dans la mesure ou il était l’homme de la France et  des américains   qui ont longtemps fermé les yeux sur  les manœuvres de déstabilisation de certains de ses compères.  On se rappelle, que ne pouvant pas voler à son secours contre la volonté du peuple Burkinabé,  la France  l’extirpe  pour le confier à Alassane Ouatara, son voisin  qui, comme lui, doit beaucoup à cette France  toujours  Faucardienne.

L’histoire a  commencé depuis  longtemps. Compaoré a débarrassé la France de  Thomas Sankara, ce 15 octobre 1987, avec la complicité de dinosaures comme Houphouët Boigny.

Depuis qu’il a été installé dans la République du Golfe d'Ebrie (aux frais de qui?),  tous les patriotes africains se sont mis à douter de cette « extirpation ». Blaise ne pouvait  demeurer neutre face à ce qui se trame dans son pays. Fin manœuvrier, l’homme  attendait le moment propice pour faire agir ses hommes. Djibril Bassolé et autres, qui devraient aller en prison, étaient tapis et attendaient le moment opportun. Le rejet des candidatures  à la présidentielle  d’octobre des proches de Compaoré leur donnait l’occasion de sortir, ce 16 septembre  afin de fouler au pied les aspirations du peuple Burkinabe.

L’environnement politique sous régional  et régional s’y prête. La Guinée, la Côte d’Ivoire sont engagées dans des élections  à haut risque  et qui commencent à préoccuper la communauté internationale.

De leur côté, la France  est  occupée par  ces vagues de migrants qui envahissent l’Europe  et mettent en mal Schengen.

Les américains préparent, quant à eux, des primaires pour les présidentielles de novembre 2016.

Et  comme l’union africaine (UA) ne pèse presque rien  sur les membres de ce syndicat, Blaise Compaoré peut agir, conscient  qu’il peut compter sur le soutien  tacite de la France  qui cherche à sortir du bourbier  nord malien. Blaise a eu le temps d’y compter des  relations solides  au temps où il servait de « facilitateur » entre les différentes parties. Il était en fait, juge et partie.

La condamnation du coup de force au Mali par une voie du Quai d’Orsay  démontre  la mollesse de la position de la France. La voie de Fabius  n’était-elle la mieux indiquée ? Les  réactions de la communauté internationale, particulièrement celle de la France et de l’UA restent  assez peu insignifiantes  pour faire infléchir les putschistes de Compaoré qui, comme tout le monde le sait n’est ni  le guinéen Dadis Camara,  ni  le malien,  Amadou  Aya Sanogo.

La Guigne du 3e mandat

Toute l’Afrique est aujourd’hui suspendue  à des élections pleines de menaces et d’incertitudes. En Afrique de l’Ouest, on cite le cas de la Guinée où les parties prenantes peinent  à matérialiser leur accord politique, en Côte d’Ivoire, on  ressort la non légitimité de l’élection du président Ouatara, une histoire qui avait plongé le pays dans une guerre civile, il y a quelques années.

En Afrique centrale, Kabila fils fait le ménage autour de lui pour briguer un 3e mandat et Kagamé n’exclut pas de déverrouiller la constitution pour le même objectif.

Face à ces risques  et périls, l’Union Africaine (UA) traîne les pieds, en condamnant des bouts des lèvres,  en s’enlisant dans des réunions à n’en pas finir. Pendant  ce temps-là, les peuples africains paient  un lourd tribut. 

 

Le peuple Burkinabé, en s’opposant à 3e mandat de son président, en le chassant même du pays,  avait  administré une belle leçon de détermination, de courage,  de démocratie. Ce pays des hommes intègres  avait surtout suscité un immense espoir pour les pays croupissant sous  des  « dictatures  démocratisées », sous des  « guides éclairés ». La communauté internationale  ne doit pas laisser passer cette occasion, elle doit chasser ces « brigands »  de Kosyam et faire parachever  la transition.

Espérons que l'Afrique n'acceptera pas de traîner cette guigne du 3e mandat.