Entretien-express avec Moctar Sidi Maouloud, second vice-président du parti El Moustaqbel: ‘’Nous n’avons jamais voulu étaler les divergences internes du parti sur la place publique’’

16 July, 2014 - 04:52

A la fin de la conférence de presse qu’El Moustaqbel a organisée, jeudi dernier, le second vice-président du parti  a bien voulu répondre aux questions du Calame…

 

Le Calame : Un congrès extraordinaire a prononcé, dimanche dernier, l’exclusion de votre président. Une première en Mauritanie. Comment en êtes-vous arrivé là ?

Moctar Sidi Maouloud : Après un long processus de discussions et tentatives de conciliation. Je présidais, moi-même, une commission de cinq personnes, chargée de convaincre le président de revenir à la raison. En vain. Nous n’avons jamais voulu étaler les divergences internes du parti sur la place publique mais, plutôt, trouver une solution en interne. C’est le président qui nous a contraints à agir, en médiatisant et personnalisant ses divergences avec le parti, ce qui nous a, d’ailleurs, surpris. Face à la surenchère, les instances d’El Moustaqbel ont assumé leurs responsabilités, au cours d’un congrès extraordinaire, tenu dimanche dernier. 87% des congressistes ont décidé, après une profonde analyse, d’exclure le président Borbosse du parti. C’est une décision souveraine. C’est regrettable mais je pense qu’il devenait urgent de mettre fin à la crise qui commençait à s’installer.

 

- Que reprochez-vous au président Borbosse et de quelles preuves disposez-vous ?

- Plusieurs choses à la fois. Mauvais management du parti, prises de décisions unilatérales, tentative de dévier le parti de sa voie, connivences avec des hommes d’affaires proches du pouvoir, appel à négocier  avec le président Ould Abdel Aziz, sans l’aval des instances du parti… Comment comprenez-vous qu’un président de parti puisse geler, sans aucune justification, ses activités, pendant plus de quatre mois, et, membre déclaré de l’opposition, refuser d’apparaître aux manifestations du FNDU ? Il y avait là anguille sous roche que nous n’avons pas tardé à découvrir.

 

- Le président Borbosse rejette vos accusations et vous reproche de vouloir l’abattre politiquement. Que lui répondez-vous ?

Ould Borbosse avait été porté, à la tête d’El Moustaqbel, par les instances qui viennent de le débarquer aujourd’hui, après avoir tenté de le convaincre qu’il se trompait, en voulant engager le parti dans une voie périlleuse. Il n’a pas voulu nous écouter. Au cours de nos discussions avec lui, nous avons compris qu’il ne pouvait plus reculer et nous avons pris la décision qui s’imposait. Il n’a qu’à assumer. Si vous avez assisté à nos conférences de presse, vous aurez constaté que la position du parti est soutenue par la base.

 

- Le président Borbosse continue à se réclamer garant d’El Moustaqbel et a engagé des actions en justice pour suspendre les activités du parti, celles de certains de ses leaders, et annuler les résolutions du congrès extraordinaire. Ne craignez-vous pas de vous embarquer dans une longue bataille juridique ?

- Nous avons suivi les tentatives qu’il mène pour empêcher El Moustaqbel de mener ses activités. Pour votre information, la justice l’a débouté. Ensuite, le congrès s’est tenu normalement et a pris ses résolutions : Ould Borbosse est exclu du parti. Il a interjeté appel – c’est son droit le plus strict et nous le respectons – nous y allons avec la ferme conviction de faire triompher la vérité. Nous avons confiance en la justice qui l’a déjà débouté. Nous nous fondons, aussi, sur un dossier consistant mais, aussi et surtout, il faut le souligner, sur la confiance des militants et les sympathisants d’El Moustaqbel qui sont restés fermes et unanimes, derrière notre action.

Propos recueillis par DLM