Les réticences auront-elles raison du dialogue politique ?

25 June, 2015 - 01:53

Le dialogue politique semble de plus en plus grippé. Si les visites du Président y sont pour quelque chose, des divergences au sein du FNDU pourraient également expliquer, en partie, le retard à l’allumage du moteur. Le « monsieur Dialogue » du pouvoir, le docteur Moulaye ould Mohamed Lagdhaf, a accompagné le président de la République dans ses tournées à l’intérieur du pays et n’aurait plus donné de ses nouvelles à la  délégation du FNDU qui attend, depuis la dernière rencontre entre les deux parties. Il aurait pris quelques jours de repos, dit-on, pour récupérer des visites  à pas de charge du Raïs.

Il n’en reste pas moins que, de part et d’autre, on s’est manifestement contenté, pour ce dialogue tant attendu et espéré par les Mauritaniens, d’échanger de bons procédés. Les délégations se sont communiqué les documents indiquant ce que chacune voulait voir figurer sur l’agenda de travail. Mais le pouvoir, qui se prévaut d’avoir appelé l’opposition au dialogue, n’est plus pressé de  concrétiser sa prétendue volonté politique. Que s’est-il donc passé ? Les visites à l’intérieur du pays auraient-elles tiédi le Rais ? Aurait-il changé son fusil d’épaule ? Ceux qui lui ont rappelé que la Constitution n’est pas du Saint Coran l’auraient-ils convaincu d’opter pour le forcing, comme au Burundi ?

Pendant que le Raïs et sa majorité cogitent et méditent sur les conférences des cadres et les nombreuses doléances du peuple mauritanien, le FNDU cherche à aplanir certaines divergences relatives à la désignation du représentant du pôle syndical. Depuis que maître Diabira Maaroufa, du pôle des indépendants, a été désigné président du Front, le pôle des syndicats attend de connaître son représentant. Samory ould Bèye qui occupait ce poste sous le magistère d’Ahmed ould Daddah  subirait des pressions pour céder son fauteuil  à un autre syndicaliste. Le pôle des syndicats est constitué de quatre organisations dont trois soutiendraient la reconduction d’Ould Bèye. Mais à en croire diverses sources proches du FNDU, certains voudraient se débarrasser du secrétaire général de la CLTM, jugé trop « inflexible et intransigeant », dans les tractations et les préliminaires du dialogue avec le pouvoir. Face ce qu’il a qualifié de « cabale » contre son président, le mouvement El Hor a publié un brûlot contre ceux qui cherchent à « abattre Samory ould Bèye », combattu, non seulement, par certains syndicalistes mais, aussi par certains partis politiques au sein du FNDU. Pour ces adversaires, Samory serait un « obstacle », pour aller au dialogue avec le pouvoir. Pour trouver une solution, le président du FNDU a rencontré, à plusieurs reprises, le secrétaire général de la CLTM et une commission ad hoc a été mise sur pied pour écouter le syndicaliste.

Mais pourquoi ne voudrait-on pas d’Ould Bèye au sein de l’instance dirigeante de cette opposition réputée « radicale », est-on tenté de demander ? Dans la galaxie du FNDU, certains partis politiques  joueraient double-jeu, insinue le document d’El Hor. On se rappelle que le FNDU a mis beaucoup (trop ?) de temps pour aplanir, justement, les divergences au sein de son pôle politique. Certains voudraient aller au dialogue pour se replacer sur l’échiquier politique dont le boycott des élections les a privés, d’autres craignent de perdre la position qu’ils ont acquise, à cause ou grâce à ce même boycott. La querelle autour d’une représentation au sein de l’instance dirigeante du FNDU participerait de ces manœuvres, dans la perspective d’un désormais hypothétique dialogue avec le pouvoir.

Athié